7h58 ce samedi-là 

aff_film.jpgDe beaucoup au titre français – sous-entendant d’emblée un événement qui à  lui seul justifie l’existence du film – on préférera la version originale Avant que le diable ne sache que vous êtes mort. Car cette référence au Malin et à  la disparition témoigne davantage de la dimension tragique du dernier film de Sidney Lumet qui est bien autre chose que l’histoire d’un cambriolage se déroulant un samedi matin à  …7h58.

Le plus vieux cinéaste américain en exercice, auteur de plus de quarante films, nous revient très en forme. Il adapte ici le premier scénario d’une jeune auteure Kelly Masterson, une petite mécanique parfaitement huilée qui, à  partir d’un larcin foireux concocté par deux frères Andy et Hank, se métamorphose en véritable drame familial. Comme souvent chez le réalisateur de Douze hommes en colère, l’action se déroule à  New-York, une ville dont il a toujours fait un élément clef de son oeuvre, comme c’était déjà  le cas dans Un après-midi de chien ou encore Serpico.

7h58 ce samedi-là  est donc construit comme un tableau cubiste qui multiplie d’autant les fragments et les superpositions temporelles en épousant à  chaque fois un point de vue différent. On commence d’abord par sourire à  voir les deux frangins dépareillés organiser leur coup qui doit permettre à  chacun de se sortir de sa galère : Andy rêve de s’expatrier à  Rio avec sa (très) jeune femme et Hank n’a pas de quoi payer la pension alimentaire de sa fille et lui offrir un week-end Roi Lion à  130 dollars. Les deux hommes qui travaillent dans la même compagnie immobilière ne sont pas à  priori des loosers mais ils n’ont pas leur pareil pour choisir les mauvaises options et se retrouver empêtrés dans les ennuis.
C’est donc à  une véritable descente aux enfers à  laquelle nous assistons et dont nous découvrons au fur et à  mesure les répercussions en cascade. A travers cette famille middle-class américaine – qui au final se révèle un clan de monstres – Sidney Lumet malaxe une fois encore – et avec quel brio – ses thèmes favoris qui donnèrent naissance à  ses meilleurs films : la position de l’homme face à  la justice et sa place face à  la loi. Tous les personnages de Lumet ont toujours eu à  se battre avec le système insitutionnel : lutte contre la corruption, manipulation au sein des services policiers ou juridiques. Andy et Hank, apprentis voleurs pour améliorer leur quotidien, sont aussi amateurs que Sonny Wortzik dans Un après-midi de chien, mais leur persévérance à  toujours choisir la mauvaise voie – mais y en a t-il une autre possible ? – les conduira bien plus loin encore que les gangsters débutants des films des années 70.

Le temps passant, le cinéaste il est vrai inégal de Network n’a certes pas gagné en optimisme. N’ayant plus rien à  prouver, il livre un film haletant et passionnant, sans aucun temps mort. Efficace et maîtrisé, 7h58 ce samedi-là  nous happe et nous séduit.

Patrick Braganti

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Thriller américain de Sidney Lumet – 1h56 – Sortie le 27 Septembre 2007
Avec Philip Seymour Hoffman, Ethan Hawke, Albert Finney

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