Et toujours en été, de Maïté Bernard

Ce n’est pas une simple balade à  bicyclette, entre le père et ses deux filles. Ces dernières l’escortent jusque Toulouse pour l’aider à  rencontrer un passeur et le permettre de fuir jusqu’en Espagne. Pourquoi ?
Thomas est aujourd’hui recherché par la police car l’Argentine le réclame, accusé d’un crime commis presque trente ans auparavant. Mais l’homme n’a pas l’intention d’y retourner, il a déjà  fui ce pays, chose exceptionnelle, après une arrestation et une série de tortures. Son épouse était alors à  ses côtés, mais n’a pas survécu.

L’histoire est racontée de deux façons. D’abord par le périple en vélo à  travers le Sud et le long du canal du Midi, aux trousses de Thomas, Ilona et Malena, le récit est une suite joyeuse de durs efforts, de rires, de confidences. Puis il y a le journal de l’aînée, commencée en 1987. Il trace l’histoire plus personnelle d’une fille qui avait dix ans quand elle a assisté à  l’enlèvement de sa mère, à  Buenos Aires. Elevée par sa grand-mère avant de partir en France, Ilona a réussi à  vivre une vie »ordinaire » ponctuée par ses histoires d’amour avec Paco, dont le père avait été arrêté en même temps que le sien. Il y a des liens inextricables, inexplicables aussi.

Bref, d’apparence légère, pétillante et fraîche, l’histoire finalement n’est pas si anodine. Le journal d’Ilona, par exemple, va vite dévoiler le chagrin refoulé de cette jeune femme, sa quête de la vérité, souvent difficile et douloureuse. La fuite en vélo, ensuite, est une échappée belle pour sauver la peau d’un père chéri, mais une preuve aussi, pour lui témoigner ce que ses filles sont capables de réaliser pour lui. Enfin, c’est plus travaillé, plus fouillé et plus réfléchi qu’en apparence. Si l’on se contente de la surface, c’est une lecture facile, très agréable, bien écrite, etc. Mais sous la couche artificielle, se trouvent vraiment une exemplaire histoire d’amour, d’abnégation et une leçon sur l’Histoire plus émouvante encore.
A découvrir !

Stéphanie Verlingue

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Et toujours en été
de Maîté Bernard
Editeur : Le Passage
256 pages – 16 euros
Publication :1/8/2007