Juno

juno.jpgRéalisateur du fameux »Thank you for smoking » délice de cynisme et d’intelligence, Jason Reitman rempile avec un film un peu plus mineur, moins accompli et moins profond, mais qui pourtant, se fait l’un des meilleurs reflets d’une sorte de ‘confort de cinéma’, comprendre par-là  ‘feel good movie’, ou pour les nuls, ‘film qui fait du bien’ (s’il vous plaît, évitons les sous-entendus). Grâce à  une mise en scène fine et passe-partout, mais qui pourtant ne manque pas d’idées, »Juno » se dirige aisément sur un sujet difficile (la grossesse non-désirée chez une adolescente, entraînant les questionnements sur l’avortement, l’adoption ou encore le besoin maternel). Le scénario est malin, inventif et tout en finesse, la bande-originale jouissive, et les acteurs épatants (Ellen Page et Michael Cera en tête), sous les averses de mélodies rugueuses, les cordes vibrantes des guitares doucement furieuses. Là  où le film peine le plus, c’est justement à  approfondir tous les thèmes qui, par logique, naissent (deuxième jeu de mots) du sujet principal, qui reste, rappelons-le, la grossesse. C’est fort dommage car pourtant, tout semble réuni pour signer-là  un film dense et émouvant (et émouvant, il l’est déjà ), sur la douceur de l’amour adolescent, les ‘bêtises’ (ou plutôt les actes irréfléchis sur le moment) aux conséquences incalculées et les dérapages des sentiments.

Si le film a le tact d’éviter le gros discours sur l’irresponsabilité des parents, et de préférer se centrer sur le couple d’adoptants qui, sous des allures de bourgeois, se découvrent petit à  petit (et celui qui en apparence semble le plus intelligent n’est pas forcément le plus responsable), il tombe malheureusement dans quelques clichés du genre, non pas scénaristiquement, mais plutôt du niveau de la mise en scène : simples échanges de dialogues en gros plans, couleurs automnales, minimalisme de la prise d’émotion… pour autant, »Juno » reste un film extrêmement agréable, touchant et plein de bonnes surprises (les dialogues sont très bien écrits), frais et léger. Et en accouchant de ce beau long-métrage (troisième jeu de mots), Reitman peut s’assurer de notre confiance envers lui pour l’avenir. L’amour qu’il filme y est juste, sincère, magique »Juno » quand il montre l’étreinte poétique de deux jeunes êtres amoureux débarrassés d’un poids, donne envie d’embrasser, de faire l’amour, d’aimer un être avec simplicité, sans faire semblant mais sans exagération non plus. Et c’est tellement important…

Jean-Baptiste Doulcet

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Juno
Film canadien, hongrois, américain de Jason Reitman
Genre : Comédie, Drame
Durée : 1h 31min.
Date de sortie : 06 Février 2008
Avec Ellen Page, Michael Cera, Jennifer Garner…

La bande annonce :