Stephen Malkmus & the Jicks – Real emotional trash

stephenmalkmus.jpgQue dire de Stephen Malkmus qui n’a pas déjà  été dit cent fois? Comment aborder sa discographie solo autrement qu’à  l’aune de Pavement, le groupe qui a enthousiasmé notre post adolescence, avant de splitter dans une quasi indifférence effrayante?

Comment arriver à  analyser un disque dont on n’arrête pas de se dire au fil des écoutes, que c’est uniquement parce qu’on est inconditionnel du bonhomme, qu’on y décèle le petit supplément d’âme que d’autres ne lui trouveront pas forcément? Comment se dé-pavementiser à  l’écoute des Jicks, quand on ne parvient pas vraiment à  trouver au groupe, malgré une seconde guitare pas nigaude et un clavier de soutien sur certains titres, une identité et un son suffisamment affirmés, pour se faire admirer ou détester ?

En fait on y arrive pas vraiment, et on s’en veut par avance d’amener le lecteur à  lire un avis teinté de la partialité d’un auditeur conquis par avance. On s’en veut aussi auprès des Jicks qu’on ne peut s’empêcher de dissocier de Malkmus, et qu’on noit forcément sous la référence au sacro-saint Caillou de Revêtement, de notre jeunesse.

Et donc, des faits. Délaissant une fois encore les références folk et country qui firent un temps la couleur de Malkmus et ses Jicks, le combo s’en va chasser sur les terres du pop rock qui fit jadis la renommée du bonhomme. Malkmus renoue plus directement avec les ferments de son premier opus solo, sur un territoire forcément pas si éloigné du Pavement de wowee zowee.

Les différences majeures tiennent aux son et aux compositions. Ce qu’on appréciait à  l’époque du premier album solo, et qui était une composante majeure de son histoire musicale, c’était son intelligence mélodique. De trois bouts d’accord, Malkmus faisait un refrain imparable ou un gimmick qu’on fredonne toujours, dix ans après. Le nouvel opus, pourtant bien fichu, peine souvent à  imposer durablement ses mélodies entre nos deux bons vieux neurones. A l’exception de ? Et son refrain multipliant les Baltimore… Difficile de se remémorer un titre isolé du package d’ensemble, néanmoins plus enthousiasmant que nombre de disque qu’on a écouté récemment.

Du côté du son, et on a pris la peine d’écouter le CD en addition des MP3 qu’on trimballe dans notre RER quotidien, on s’étonne de la rondeur générale des sonorités, du mixage ronronnant de l’ensemble. Surtout que la Telecaster (j’ai un doute du coup), de Malkmus nous habitue en concert, certes au son pop qui est la marque de fabrique de l’engin, mais surtout à  un jeu un peu grinçant, qui rappelle que bon malgré son côté fendard, sa raie sur le côté et son goût pour la pop, Malkmus est aussi et surtout un guitariste rock. De ce son, un peu lisse et sans risque n’émerge rien de follement ambitieux, mais rien de férocement casse-burnes non plus: ni la guitare ronde, ni le clavier timide, ni la batterie un peu scolaire.

Au sortir de l’album, on se rend compte qu’on a passé un bon moment, comme on en passe avec de vieux potes de »guindaille » (fête belge à  caractère festif, fendard, amical et houblonneux). On jette un coup d’oeil au passé, on repère la ride sur le front, et on prend des nouvelles des rejetons. Puis, après le calva, la poire et le dernier pour la route, on évoque ce bon vieux Bob, et la façon qu’il avait de marteler ses fûts, ou encore les fameux riffs de Scott Kannberg. On sourit: »c’était le bon temps » puis hélà s le disque prend fin, et tout le monde poursuit son chemin.

Denis Verloes

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Matador / Pias

Tracklist
01. Dragonfly Pie
02. Hopscotch Willie
03. Cold Son
04. Real Emotional Trash
05. Out of Reaches
06. Baltimore
07. Gardenia
08. Elmo Delmo
09. We Can’t Help You
10. Wicked Wanda

Date de sortie: 03/03/2008

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