Après, Fred Chichin est mort, de Pascale Clark

clark.jpgTemps de la rupture chez Pascale Clark. Côté public, rupture politique, avènement du politique clinquant, du présidentiel »du côté de chez vous ». Côté privé, rupture amoureuse, douleur de la perte de l’être aimé, du vivre sans.

Par paragraphes-blocs emplis de jeux de mots et de métaphores, Pascale Clark décrit une société placée sous le règne de la bling-bling attitude. Un être privé vous manque, l’être public numéro un débarque dans votre vie et la monopolise. Diatribe clairement anti-Sarkozy, mais plus désabusée que revancharde ou cynique, la narratrice croit encore à  ces passions dévastatrices comme on en voit chez Wong Kar Wai. D.’ailleurs, c’est avec un de ces films, »My Blueberry nights » que débute le roman, à  l’ouverture du festival de Cannes. Débordement de larmes, Norah Jones aime Jude Law qui la quitte, Pascale est dans la salle, sa vie défile sur l’écran.

Quand l’intime se mêle au médiatique : festival de Cannes, chambre d’hôtels, yatchs luxueux, premières dames de France, amoureuse transie laissée à  l’abandon, l’auteur mêle »Closer » et journal intime, les people et le peuple, les actrices, les comédiennes, les joueurs, les beaux rôles et les victimes. Rarement un roman aura à  ce point travaillé sur l’immédiateté de l’info, et sur les conséquences directes de médias omniprésents et influant sur nos vies quotidiennes.
On peut reprocher à  Pascale Clark son ton assez prétentieux tant la forme littéraire est trop étudiée, calculée, mais elle ose. Elle ose le romantisme à  fleur de peau quand la société nous défend de l’être, elle ose s’attaquer de manière romancée à  un début de mandat présidentiel ouvertement tape-à -l’oeil, elle ose confronter l’Histoire récente et les petites histoires et les traiter d’identique manière et importance.

Et Fred Chichin ? Elle se défend d’en parler, juste une absence de plus, une grande absence probablement, le vide aussitôt comblé par une hyperprésence avec laquelle on ne peut plus lutter. Désespéré mais drôle, mélancolique et bancal, un livre à  sentiments, un blog de pages sur l’intime et le politique.

Jean-François Lahorgue

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Après, Fred Chichin est mort
de Pascale Clark
Editeur : Le seuil
Publication : avril 2008
192 pages – 15€¬