aus – After all

aus_after_all.jpgLe japonais aus, que l’on ne peut définitivement pas taxer de nombriliste eu égard à  son vaste intérêt pour la scène musicale (en attestent ses multiples collaborations et travaux de remix à  double sens, la gestion de son label flaü), affiche sur son nouvel album un carton d’invitation assez impressionnant. Si chacun des intervenants imprime sa marque de fabrique, contribuant ainsi à  nuancer la palette musicale, les composantes de cette dernière se trouvent soudées par une délicatesse commune.

Sur l’inaugural Water paintings, le timbre pénétrant de Sylvain Chauveau s’insinue dans un doux corpus de samples aquatiques, textures liquéfiées, arpèges de guitare et notes éparses de piano. S’ensuit un triptyque aux tonalités très nippones et numérisées, enrichi de la voix de poupée de Cokiyu, évoquant immanquablement l’électro-pop rêvasseuse de Piana, à  ceci près que les rythmiques sont ici un peu plus mordantes et vives, toujours situées dans de hautes tessitures (glitchs et picotements digitaux occupent une large place).

Arythmique, étiré et très volatil, Autoland s’agrémente de boîtes à  musique scintillantes et d’un tapis douillet de cordes, marquant par là  même un glissement en douceur vers quelque chose de plus organique, en l’occurence Fake Five. Affublé d’un pareil nom, difficile de ne pas envisager ce titre comme un clin d’oeil dissimulé au Take Five de Dave Brubeck, et d’autant plus crédible que les couleurs jazzy y sont nettes (un sample vinylique de piano très cosy) et les rythmiques sophistiquées, mêlant sonorités réalistes et programmations épileptiques dignes de Telefon Tel Aviv époque Farenheit fair enough. De jazz il est aussi question sur cette Waltz doucement chaloupée, où la voix romantique de Lindsay Anderson vient se confronter à  des accents trip-hop (on pense vaguement au Glorybox de Portishead), et à  un trio jazz de bar enfumé soumis à  des déconstructions numériques.

Moins loquace mais assurément le plus admirable des titres, Lovers a un pedigree qui ne trompe pas : on y retrouve la patte The Remote Viewer à  son zénith, au détour d’une longue plage mélancolique bâtie sur un engrenage fragile et émotif de boîtes à  musique, piano électrique, guitare frêle et violon vacillant sur fond de rythmique chétive mais hautement ingénieuse.
Un peu à  part, les trois plages suivantes ne sont autres que des relectures d’anciens morceaux. La première, signée Motoro Faam, envoie un piano de concertiste tape-à -l’oeil et exhibitionniste dans un orchestre au format numérisé. Verdict : pas du meilleur goût. Le piano d’Ametsub, si rouillé et déréglé soit-il, est beaucoup plus inspiré et délicat au milieu de ce simili-dub texturé et strié de rythmiques de cyborg. La lourde tâche de clore le chapitre revient à  The World On Higher Downs, lesquels s’en sortent remarquablement, signant une belle plage ambient où se croisent lignes synthétiques évasives, notes cristallines noyées et cordes (é)mouvantes engagées dans un mouvement d’oscillation et de va-et-vient qui mène à  l’égarement.

Sébastien radiguet

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Tracklist :
01. Water paintings (feat. mondii & Sylvain Chauveau)
02. Vertigo (feat. Cokiyu & Geskia )
03. Ihi (feat. Cokiyu)
04. Closed (feat. Cokiyu)
05. Autoland (feat. Glim & Yukiko Okamoto)
06. Fake five
07. Waltz (feat. Lindsay Anderson)
08. Lovers (feat. Craig Tattersall)
09. Hero of the paper boy (Motoro Faam remix)
10. Middle most (Ametsub remix)
11. Urum (The World On Higher Downs remix)

Sortie : janvier 2009
Label : flaü / mochi mochi