Amer

amer.jpgPrésenté cette année en compétition au festival de Gérardmer, »Amer » est venu troubler quelques festivaliers tranquillement assis dans leurs fauteuils, attendant sursauts et portes qui grincent. Reconnaissons au moins aux cinéastes d’avoir voulu bousculer la compétition avec ce film (repris directement de ce type de cinéma qu’on appelle le Giallo). Mais la question qui se pose est la suivante : jusqu’où est-on prêt à  aller dans le délire pour se démarquer des autres (ou plutôt, faudrait-il dire, pour masquer son évident manque de talent) ?

Avec cette expérience psychotrope franco-belge, on peut sérieusement se poser la question de la créativité à  tout prix. Tout filmer sur néons bleus, verts et rouges est-il le signe d’un point de vue de réalisation? Est-ce une marque de personnalité, une empreinte stylistique, que de filmer des orgasmes sur une palette chromatique à  la Andy Warhol ? Se morfondre dans le grotesque telle cette masturbation au peigne dans une baignoire peut-elle être définie comme une démarche créatrice et géniale de par sa simple audace ? Beaucoup de questions qui, à  la vue de cet exercice de fin d’études, disparaissent dans une impasse réflexive sans fond. En l’état, malgré toute tentative convaincue, ce pseudo-porno téléfilmé flirte si loin avec le ridicule et le surréalisme qu’il en devient involontairement comique. Plans au ras des cuisses sous jupes courtes, gamine qui marche dans son urine ; il y a certes un désir de titiller nos plaisir pour les distordre avec la douleur et le dégoût, mais le but étant uniquement à  vocation visuelle, on ne retient rien d’autre du film sinon qu’il est tout de même raté dans sa démarche initiale »Amer » (joli titre qui ment tant rien ne grince dans le film) se transforme aussitôt en film mort-né, éduqué dans l’esprit de deux jeunes réalisateurs sans véritables moyens mais qui, décidés, ont opté pour l’intellect bizarroîde de supermarché et les relans pédophiles. Ce qui, horreur, a pu plaire à  la critique qui lui a attribué un prix spécial au festival de Gérardmer. Plutôt honteux, cet essai d’une prétention absolue semble à  ranger dans les placards du (non-)genre, tout au plus de ces vieux films charnels des années 70 projetés dans les bas-fonds. Quoique ceux-ci avaient certainement plus de charme.

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Jean-Baptiste Doulcet

Amer
Film français, belge de Hélène Cattet, Bruno Forzani
Genre Fantastique, Epouvante-horreur
Durée 1h30 min
Avec Cassandra Forêt, Charlotte Eugène-Guibbaud, Marie Bos, plus
Date de sortie cinéma,  3 mars 2010