Chroniques express 75

denims.jpgTHE WITCHES / CALHOUN / TUPOLEV / THE ELEKTROCUTION / OHIO / HERACLITE / A FIGHT FOR LOVE / KAWAII / TALONS’

THE WITCHES – A haunted person’s guide to
Troy Gregory est un drôle de gars. D’abord bassiste des thrasheurs de Flotsam & Jetsam puis de Prong, il part former en 1996 The Witches, un groupe de rock à  la sauce rétro. Sorte de proto Velvet Underground ou d’Afghan Whigs remis dans le bain des années 60, le quatuor pratique une pop garage, parfois Spector-ienne dans son écriture mais rendue rocailleuse par un son brut, une voix qui déraille (proche justement du timbre Greg Dully d’Afghan Whigs), des guitares électriques qui débordent du cadre et parfois un effet flanger qui »noisifie » le tout. Et puis, il y a l’esprit général qui troque costards et chaussures vernies pour une tenue plus débraillée. En mauvais sorcier, The Witches dévergonde une pop proprette et accole l’adjectif »alternatif » à  sa musique. Le groupe est aussi influencé par le Rythm and Blues, le blues et le psychédélisme »A Haunted person’s guide to » propose de revenir sur quelques titres-phares des quatre albums du groupe. Cela s’appelle une compilation, qui de bien entendu propose quelques inédits dont un »Spirit World Rising » enregistré à  la maison sur un 4-pistes (un détail pour vous mais qui veut dire beaucoup). Modeste dans son format (36 petites minutes), cette compilation est à  l’image de ses géniteurs : un disque de série B qui fait bien le job. (3.0) Denis Zorgniotti
Alive Natural Sound – Differ-ant / Février 2011

CALHOUN – Heavy sugar
Etonnamment, les Texans de Calhoun se présentent à  nous sans label pour un »Heavy Sugar » au potentiel commercial évident. Drôle d’époque où même les artistes  » mainstream  » dans l’esprit ont du mal à  trouver un label, qui plus est,  pour un troisième album produit par Jim Barber (Ryan Adams, Hole). Le groupe se réclame de Fleetwood Mac mais on peut trouver dans leur musique une quantité de références allant de Grandaddy à  Band of Horses en passant par Coldplay ou The Housemartins. Il y a le choix, c’est un peu l’auberge texane.,  Tout ceci donne un album agréable quand le groupe n’essaye pas de jouer trop sur la corde sensible à  coups de mélodies mielleuses et de claviers niais (« Lioness, Heart of Junk »).,  On préfère le groupe sur des titres où la rythme plus enlevée cache des mélodies plus clairs obscurs. Dès lors, les arrangements se font plus originaux et bigarrés ; dès lors, Calhoun emboite crânement le pas d’Arcade Fire (« Knife fight, Indian Melody, Many happy regrets »). Ce qui n’est déjà  pas si mal.,  (2.5) Denis Zorgniotti
Autoproduit / Février 2011

TUPOLEV – Towers of Sparks
Toujours plus loin, toujours plus à  fond dans le tunnel »Il ne reste plus rien du passé post-rock qui pouvait légèrement s’entrevoir dans »Memories of Björn Bolssen » : la guitare déjà  rare a totalement disparu ; comme le chant qui s’élevait élégamment en fin d’album. Certains membres du groupe collaborent avec Slon ou Port-Royal, comme une dernière attache au post-rock mais en ce qui concerne Tupolev, la messe est dite »Tower of Sparks » est un vrai album de jazz bâti autour de la figure archi classique du trio (piano, batterie, violoncelle ou contrebasse) mais chahutée par les mauvais soins de Tupolev dans un esprit de musique contemporain : on suit donc le fil d’un piano (et la rythmique qui va avec) qui, d’un coup s’emballe, divague, se disloque, s’arrête pour mieux repartir. Le groupe s’amuse donc à  vous caresser dans le sens du poil proposant des thèmes feutrés et des débuts de mélodies mélancoliques au violoncelle pour mieux vous saisir ensuite dans de chaotiques rebondissements. La musique sort vainqueur de cet affrontement, d’autant plus que derrière, un habillage électronique réduit à  sa portion congrue mais néanmoins essentielle se délecte à  recréer le souffle du vent ou les bruissements des feuilles plongeant encore plus la musique de Tupolev dans une autre dimension. Bon album, intriguant à  souhait, pour ceux qui aiment le jazz. (3.5) Denis Zorgniotti
Valeot Records / Fevrier 2011

THE ELEKTROCUTION – Trouble Magnet
Rock’n roll ‘s not dead. Cinq ans après le brûlot »Open heart surgery » sur les traces graisseuses de MC5, du Blues Explosion ou de Hellacopters, revoici les électriques Elektrocution avec un »Trouble Magnet » produit par Xavier Boyer et Pedro Resende (Tahiti 80). S’ils continuent à  balancer des riffs bien teigneux, les Normands ont mis un peu d’eau dans leur bière, proposant quelques titres plus axés sur la mélodie. Cela donne une évolution un peu médiane, un entre-deux un peu bâtard qui banalise un peu le propos (des Who à  Kaiser Chiefs, on a entendu ça 1000 fois et en mieux). En effet, The Elektrocution ne trouve pas la mélodie qui tue et dans l’exercice, fait moins bien que The Elderberries par exemple. Restent quelques morceaux incendiaires (The Elektrocution est signé sur Pyromane records, c’est donc bien le moins), la certitude d’avoir toujours un vrai groupe de scène qui sait envoyer le bois, une maîtrise certaine de l’abécédaire du genre. Rock’n roll ‘s not dead, un bonne nouvelle nécessaire mais pas suffisante pour faire un disque essentiel. (2.5) Denis Zorgniotti
Pyromane records – Discograph / Janvier 2011

OHIO – Spring summer collection (EP)
Olivier Brion, c’est un peu l’oublié de la pop made in France. Que ce soit avec les Yachines, Discover ou sous son propre nom ; que ce soit en Anglais ou en Français, Brion propose depuis plus de quinze ans de jolies mélodies réconciliant les fans des Beatles et les amoureux des Beach Boys. Le revoici avec Ohio, un nouveau projet qui le voit se mettre en couple (artistiquement parlant) avec Anso Monceau. L’association vocale sied bien à  l’exercice pop vintage pour un supplément de charme. Voilà  donc un EP avant coureur sans doute d’un album à  venir. Et le résultat à  l’élégance modeste vaut son pesant de mélodies bucoliques ourlées avec simplicité. Ainsi »Beautiful morning » porte bien son nom. Quant à « Little Bird » il évoque l’écriture ciselée de Burt Bacharach sans excès de sucre »La ballade de Lili Dickinson » nous ramène en France et au français avec une guitare mélancolique évoquant la folk des jeunes filles en fleur chère à  Yves Simon. Au vue du succès relatif de 1973, Ohio mériterait de lui emboîter le pas et de franchir (enfin) le territoire de la reconnaissance populaire. (3.5) Denis Zorgniotti
Chrysalis France / Novembre 2010

HERACLITE – s/t
La bizarrerie du mois voire de l’année. Un groupe pan-européen reprenant en grec ancien les textes du philosophe Héraclite (6è siècle avant JC quand même) et les mettant en musique dans une sorte…. (on reprend son souffle) d’afro-funk-jazz-blues-indus et musique antique. Vous avez déjà  entendu ça ? Moi pas. Le groupe a été repéré par Steevo de Some Bizarre, label mythique de Depeche Mode et de Soft Cell ; une maison de qualité qui n’a jamais aussi bien porté son nom. Chant incantatoire, percussions tribales, saxo en roue libre, guitare ouverte à  360,° (du funk au post-rock), cela pourrait être vite insupportable. Et pourtant, on peut laisser le charme agir, sous réserve d’être un peu ouvert d’esprit. Héraclite fait prendre des couleurs à  Einstürzende Neubauten, donne un coup de jeune à  Virgin Prunes et un coup de folie à  la fanfare Mardi Gras BB. Héraclite vous donne surtout l’impression d’être le témoin privilégié d’une cérémonie sacrificielle paîenne. Un vrai trip qui prend aux tripes. (3.5) Denis Zorgniotti
Naxo Prod – Urgence Disk / Mars 2011

A FIGHT FOR LOVE – End of summer (EP)
Duo formé par deux membres d’Adam Kesher, A Fight For Love pourrait avoir le même succès d’estime que leur entité d’origine. La recette est à  peu près la même : des synthés 80’s enrobant généreusement des guitares pop. Mais débarrassés de toute pression, nos Bordelais semblent se dévergonder joyeusement. Entre un Bowie synthé pop (« It cames too early ») » Talking Heads revu à  la sauce Vampire Week End (« lonely lions ») ou plus généralement de la new wave tropicalisée, A Fight For Love fait dans le post-modernisme à  tout va, mixant les sonorités de différentes époques, mélangeant les humeurs et arrivant concilier mélodies et sonorités populaires avec une pose arty. Deuxième EP du duo, »End of summer » pourrait apparaître comme opportuniste voire agaçant de branchitude mais leur »Oceans » avançant avec majesté finit par convaincre les plus sceptiques : ce duo là  a du talent ! (3.5) Denis Zorgniotti
Hands in Dark record / Août 2010

KAWAII – Missill
Derrière la pochette flashy qui évoque l’univers du manga et du jeu video, on découvre , comme on pouvait s’en douter un peu, un musique 8bit, un son régulièrement associé au jeu vidéo. Dès les premiers titres, on se rend compte que la demoiselle qui se trouve derrière ce pseudo japonais, a mis une bonne dose de pop et de hip hop dans sa musique 8bit, le but étant sans doute de toucher un public un peu plus large que les fans de base de ce son si particulier. Malgré l’aspect assez conceptuel de l’album, on trouvera sans peine une poignée de singles plus qu’accrocheurs dans ces 13 titres bourrés jusqu’à  la gueule de sonorités 8bit distordues, de breakbeats et de flow hip hop. Et s’il l’on accepte le côté un peu rêche du son 8bit, on se laissera facilement pendre au jeu (video) avec un album beaucoup plus ambitieux et beaucoup plus varié qu’il n’en a l’air au départ. Un album hyper énergisant, dansant, punchy »le genre de petite chose qui a le don de vous mettre la patate en un rien de temps. (3.5) Benoit Richard
Atmoshériques – février 2011

TALONS’ – Songs For Boats
Les sorties d’albums »slowcore » ne sont plus si fréquentes qu’il y a quelques années, pourtant Hélio P. Camacho, amoureux du genre depuis toujours, et son petit label luxembourgeois continuent de faire vivre le genre en mettant en avant des albums assez confidentiels à  l’image de celui de Talons’. Epuré et touchant de simplicité, on écoute ce premier album de l’américain Mike Tolan avec un certain plaisir, se lassant bercé par ses doux murmures et ses arpèges de guitare, comme on pu le faire par le passé avec les albums des Red House Painters. Toutefois, on ne pas dire que Talons’ arrive quand même au niveau de ses illustres ainés. Sans doute par manque de relief, de diversité dans les mélodies et dans es tonalités choisies, la lassitude gagne tout doucement au fil des titres,. Et comme pour Good Night & Good Morning, autre récente sortie du label Own records, on regrettera le côté un peu uniforme l’album, malgré l’indéniable beauté qui se dégage de ces folk songs trop tranquilles. (3.5) Benoit Richard
Own records – févr. 2011