5+5= Half Asleep

Derrière le nom de Half Asleep, se cache la jeune belge Valérie Leclercq qui mène ce projet depuis 2002. Sans tambour ni trompette, mais toujours avec ce souci de faire une musique pop folk très personnelle, à  la fois sombre et dépouillée, elle vient de sortir son plus bel album (« Subtitles For The Silent Versions ») sur le label Unique records.

mai 2011

5 DISQUES DU MOMENT :

Liam Singer, Dislocatia (2010)
J.’ai découvert ce disque il y a quelques mois, et: immense choc. Ce jeune américain originaire de la côte ouest, mais installé à  Brooklyn depuis peu, a réussi à  faire le disque que j’aurais rêvé d’enregistrer. C.’est la rencontre la plus réussie que je connaisse entre l’univers du songwriting et celui de la musique classique (voire contemporaine). Les compositions sont courtes mais toujours complexes et les arrangements sont d’une richesse et d’une subtilité formidable.

Midget
Midget c’est Claire Vailler et Mocke Depret (Holden). Ils ont eu la gentillesse de m’envoyer une copie des premiers titres de leur nouveau projet. Et leur musique est tout simplement fantastique. Mélodies délicates et complexes, choeurs étranges, guitare blues hésitante, voix lumineuse : entre lumière et obscurité, bizarres mais sobres, les ambiances que Midget propose sont assez uniques dans le paysage de la musique indie de chez nous. Et complètement addictives.

Delphine Dora, Multitudes: Songs from Walt Whitman’s Leaves of Grass (2010)
J.’avoue, je suis dans une période  » mes amis musiciens sont quand-même trop forts ; pas besoin d’aller chercher des disques produits à  plusieurs milliers de kilomètres de chez moi « . Delphine est un électron libre de la scène française, hyper prolifique et aventureuse, avec sa façon propre de fonctionner. Elle ne fixe jamais ses chansons ; lorsqu’elle enregistre, elle part d’un motif qu’elle décline au hasard tout en improvisant le chant. Le résultat est toujours fragile, en équilibre, mais incarné. Multitudes est sortie l’année dernière ; composé sur une simple base piano/voix, c’est un de ses plus beaux disques.
(Il faut ajouter à  ça que Delphine est une mélomane terrible et que je lui dois un grand nombre de mes découvertes musicales – dont au moins 3 des disques mentionnés ici)

K-Branding, Alliance (2011)
K-Branding est un génialissime trio guitare – saxophone – batterie bruxellois. Avec un son noir et hypnotique, ils dispensent leur furie contenue et accroche l’oreille avec des sonorités toujours irrésistiblement agressives. Bizarrement, je me sens très proche de leur univers ; comme si, chacun de notre côté, on tentait d’exprimer la même chose mais dans une forme complètement différente. Leur dernier album, Alliance vient de sortir et vaut définitivement le détour.

Eyvind Kang, The Yelm Sessions (2007)
J.’écoute beaucoup Eyving Kang pour le moment. Le travail du compositeur altiste, pote de John Zorn et de Mike Patton, m’inspire et j’essaye d’apprendre de son usage des cordes. Mon disque préféré est Athlantis, mais depuis quelques semaines c’est surtout The Yelm Sessions qui tourne en boucle sur ma  » platine  » (enfin, l’équivalant moderne – mon ordinateur, quoi). à‡a part un peu dans tous les sens (du quatuor à  cordes à  la mini symphonie Korg-trompette, en passant par la b.o. de film d’horreur et le déconstructionisme percussif à  la Arnold Dreyblatt), mais il y a tellement d’idées brassées en si peu de temps que ça finit toujours par exciter mes propres désirs de composition.

5 POUR TOUJOURS :

Nico, The End (1974)
Je résume toujours cet album en disant qu’il est parfait – pour moi. Il rassemble absolument tout ce que j’aime dans la musique : la beauté mélodique, l’émotion, une voix intéressante, des structures de chansons non-orthodoxes, une certaine noirceur, un certain goût pour l’expérimentation et, ironiquement, un certain sens de l’imperfection.

Robert Wyatt, Rock Bottom (1974)
Dans mon imaginaire musical, Rock Bottom et The End sont jumeaux. Pas seulement parce que les deux albums sont sortis la même année, mais surtout parce que j’ai découvert Nico et Robert Wyatt exactement au même moment, au cours d’un même mois de décembre, il y a bientôt 8 ans. J.’ai une infinie tendresse pour Robert Wyatt, sa voix, son sens de l’humour, sa vie politique, toute son oeuvre discographie. Et bien sûr pour cet album qui est un pur chef-d’oeuvre, de beauté et d’inventivité.

Eleni Karaindrou, Elegy of the Uprooting (2006)
Justement il y a quelques jours, je m’emportais et écrivais à  Claire de Midget que ce disque était Dieu. La formulation est un peu maladroite mais elle résume bien ma pensée. Elegy of the Uprooting est l’enregistrement d’un concert donné en 2005 à  Athènes. Ce concert était en fait l’assemblage de différentes pièces musicales composées par Eleni Karaindrou (notamment pour les films de Theo Angelopoulos) et chantées en partie par la fabuleuse Maria Farantouri (la voix si particulière que beaucoup associe à  la musique de Mikis Theodorakis). Mais l’oeuvre de la compositrice grecque est tellement cohérente que le résultat ressemble moins à  un patchwork hétéroclite qu’à  une longue, incroyable et intense symphonie. C.’est la musique de l’absolu et du temps en suspension. C.’est une des plus belles choses qu’il m’ait jamais été donné d’entendre et je ne suis pas sûre d’arriver à  m’en remettre un jour.

Alexandre Tharaud joue Bach – Concertos Italiens (2004)

Encore un disque d’une beauté absolue. C.’est le tromboniste d’Angil and the Hiddentracks, Thomas, qui me l’avait offert il y a longtemps. Je ne crois pas qu’il se doute de l’impact émotionnel que cet album a eu sur moi. Le pianiste Alexandre Tharaud – un peu jeune premier, un peu chouchou de la critique française – y interprète Bach, ou plutôt ses transcriptions pour clavier seul de divers concertos italiens (Vivaldi, les frères Marcello, etc.). Le résultat est juste bouleversant. Le disque est pur, sobre, un peu tendre mais jamais dégoulinant. Je l’écoute souvent quand je voyage seule et j’ai toujours la même réaction forte en entendant les premières notes du morceau d’introduction ; même après 6 ans de  » fréquentation  » j’ai toujours envie de pleurer.

Supreme Dicks, The Unexamined Life (1993)
Si mes 4 premiers choix étaient l’évidence même ; le 5ème est beaucoup plus difficile à  faire ; il y a encore des dizaines et dizaines d’albums adorés dans ma discothèque. Alors j’en choisis un tout à  fait arbitrairement. : The Unexamined Life « oui, j’ai encore du mal à  comprendre comment un tel disque a pu être enregistré. Guitares fausses et toute cabossées, voix mal assurée et pas toujours très audible, flûte à  bec (quand même !), batterie qui sonne comme une casserole. Et pourtant ça fonctionne. Encore un de ces oeuvres touchées par la grâce malgré elles ! Cet album, presque par instinct, m’est extrêmement précieux.