Câlin – Black Chinese II / Polinski – Labyrinths

En vacances de leurs groupes respectifs (Rien pour l’un, 65daysofstatics pour l’autre), Câlin et Polinski font dans l’électronique décomplexé. Pour deux résultats sensiblement différents., Détail des , forces en présence.

Câlin – Black Chinese II

Vous ne le savez peut-être pas mais le meilleur groupe du monde de Grenoble s’appelle Rien, un artiste à  4 têtes chercheuses qui paradoxalement peut tout. On parlera avec eux de post-rock pour essayer avec un seul mot d’englober tous les ambiances et toutes les pistes empruntées par le groupe. Autant Rien est un groupe de guitares, autant Câlin moitié de Rien (avec Yugo Solo e Francis Fruits), est un groupe de synthés.

Des synthés 80’s en veux-tu en voilà , des synthés pour faire des beats, des synthés pour faire des nappes, des synthés basse pour devenir funk à  la manière de Prince (Robot Wigger), des synthés pour singer les guitares héros (Van Halen n’a qu’à  bien se tenir sur Le foot c’est le pied), des synthés pour faire musique de film (Carpenter ou Vangelis sur les Filles, c’est du chinois). Les guitares et une vraie basse, reviennent mettre le feu aux poudres sur Love Rainbow dont l’ambiance moite évoquera le Slave to love de Bryan Ferry dans une optique plus trouble (plus slave que love en somme). A l’instar de Rien, la maison mère, il y a du second degré chez Câlin, et même du troisième. Le nom de l’album pouvait nous le laisser présager mais Black Chinese II ressemble parfois à  la BO d’une série Tv des années 80 ou à  celle d’un film d’action made in Hong Kong de la même période.

On sourit, on n’a même du mal à  ne pas réprimer un rire quand des voix de fausset tout droit sorties d’un disque de Poison et son hard rock glam toc (avec maquillage et choucroute garnie sur la tête) jaillissent de Le Foot c’est le pied. Mais attention, Câlin n’est pas un groupe potache mais juste des artistes qui s’amusent à  faire se télescoper les références les plus populaires (on n’est plus dans la culture, on est presque dans la sous-culture) avec un élitisme pointu de spécialiste : avec nos joyeux drilles, Cerrone et Aphex Twin deviennent copains comme cochons. Et puis nos amis ont du talent, que ce soit dans le pastiche ou la création pure. A ce titre Don’t worry habibi est un vrai must, une bombe technoîde à  coups de rythmique frondeuse et de sons distordus (Warp-ien pourrait-on dire). Le morceau affiche des références à  la new wave avec une mélodie à  la Depeche Mode et une reprise des célèbres accords de a Forest de Cure modernisés pour l’occasion. La moitié de Rien n’est pas un groupe de zéros, bien au contraire.

Tout le monde aime les câlins, peut-être qu’un jour tout le monde aimera Câlin. Et en plus dans son infinie générosité, le duo, via le site de son label, est prêt à  en donner gratuitement à  tout le monde (Téléchargement gratuit ici

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 21 novembre 2011
Label : Amicale Underground

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Polinski – Labyrinths

Tout comme Rien, 65daysofstatics est un groupe de guitares. Mais pas que, chez ces autres post-rockeux, l’électronique est souvent utilisé en support et Paul Wolinski, guitariste et clavieriste du quatuor anglais, traduit bien la double énergie étroitement imbriquée de 65daysofstatics. Dans Polinski, Wolinski est seul et il abandonne, la partie guitare de son être pour accentuer et rendre énorme son côté claviers/machines. Un peu comme chez Câlin, Labyrinths commence par un titre totalement inspiré par les années 80, un 1985 – Quest sorte de pastiche de thème de série avec sa mélodie est outrageusement soulignée par des accords plaqués de synthé. Polinski en est alors au niveau du pastiche. Sympathique mais dispensable. Sur le suivant, Slitches, avec sa voix vocodée, ses grosses programmations et son refrain accrocheur, est un possible tube d’electro-pop. , Efficace mais banal. A ce moment-là , on commence à  faire la moue.

Pourtant la suite va prendre une ampleur nouvelle et l’Anglais va devenir plus ambitieux, gardant en grande partie ses sonorités synthétiques krautrock ou 80’s mais utilisées d’une manière nettement plus moderne. Polinski trouve son style : une electronica mélancolique dopée aux amphétamines techno. Avec l’Anglais, il y a un piano, des programmations carillonnantes, des nappes à  la dérive, une tentation certaine à  la musique cinématique. Mais ce tissage électronique , est emporté dans une folie rave qui , remonte à  la surface comme un tsunami hallucinogène. C’est valable sur, Tangents, ça l’est encore plus sur, Like Fireflies ou Kressyda, véritablement le genre de morceau qui vous fait mouiller la chemise dans un défoulement salvateur.

Polinski apparaît être dans une posture médiante et presque contradictoire : cohabite ainsi vrai , un compositeur dans le sens classique du terme – et pouvant ainsi être créateur de BOs de films – et un vrai électronicien amateur de gros sons fait pour vous soulever le corps : le premier peut risquer une emphase un peu pompière mais le second le sauve de cet écueil en le ramenant à  une énergie animale. c’est le cas sur les morceaux cités qui pourraient obtenir le label d’ITM, intelligent Techno Music ; ça l’est aussi sur le plus down tempo,, Awaltztoflight, l’ombre d’Aphex Twin, vient parasiter une mélodie touchante mais casse-gueule. Bref, ça partait moyen et ça finit fort.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 31 octobre 2011
Label : Monotreme records

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