Joy as a Toy – Dead as a Dodo

Attention disque de malade mental ! Les Belges renvoient aussi bien à  Mr Bungle qu’aux Goblins en passant par Ennio Morricone et Lalo Schiffrin. Un disque dédié à  l’amour des zombies sur Cheap Satanism records. Tout un programme.

Avec les gentillets Bee and Flower, on croyait le label belge calmé et rentré dans le rang. Mais c’était mal connaître ceux qui par le passé ont sorti de l’ombre Swilson et Vitas Guerulaîtis. Avec Joy As Toy, trio devenu quatuor avec l’arrivée de Pierre Verloesem à  la basse, il trouve une nouvelle entité aussi barrée qu’inclassable qu’eux. Le groupe belge n’est pas là  pour faire de la figuration et pourrait apparaître comme le pendant sauvage du Sacre du Tympan chroniqué ici même il y a quelques mois. Les deux groupes ont en commun d’aimer les BO de films et de citer expressément Ennio Morricone (surtout sur Subway to your brain) et Lalo Schiffrin,  parmi leurs références. Ils ont aussi le même amour immodéré pour les synthés vintage qui ici serviront à  faire peur. Mais faisant suite à  Valparaiso, Dead as a Dodo est un album qui rend hommage à  Dario Argento et à  George A. Romero ; le premier comme amateur de sorcières putrides et de psychopathes bouchers et le second avide à  mettre en scène des zombies affamés (les deux réunis au générique du culte « Zombie »). Dead as a Dodo est ainsi un album concept précisément sur les zombies, avec le deuxième degré qui va avec.

Il y a donc là  une violence interne,  qui gicle dès l’ouverture et ce morceau-titre qui ajoute à  des hurlements féminins des riffs qui s’abattent comme autant d’armes blanches portées au coeur. On peut dire qu’on est tout de suite dans le bain (de sang). Les sons vont souvent restés »hénaurmes » les voix auront tendance à  devenir expressionnistes et les guitares à  hurler au bord du gouffre dans une brillante pantomime musicale. Chez Argento, Joy as a Toy est aussi allé chercher,  les ambiances musicales de ses films ; ce côté à  la fois grandiloquent et violent, alambiqué et lourd dans lequel excellaient les Goblins, compositeur attitré pour le maître du Giallo.

Mais les Belges ont pour eux leur virtuosité et il en faut pour lancer autant de pistes et toujours retomber sur ses pattes. Sur Hot Water, le groupe laisse tomber une partie du décorum et s’offre une plage de,  relative quiétude avec les seules voix et mélodica comme support ; preuve a contrario du talent musical du quatuor pour une musique sans artifice et panoplie de zombies. Et que dire des choeurs sur le psychédélique sur Robots ? Un vrai moment d’harmonie dans ce qui pourrait être une course poursuite à  tombeau ouvert.

Et puis Joy as A Toy a de l’humour et le groupe s’amuse des ambiances plus vraies que natures qu’il a su créer à  grands coups d’effet musical digne du grand guignol. Cet humour dévastateur et foisonnant, on le trouve chez Mr Bungle, autre référence avouée du groupe ou chez Devo, le temps d’un Love Zombie à  la »tribalité » affirmée. Avec sa rythmique chaloupée et sa ligne de chant tropicaliste,,  Zombie Safari aurait pu se retrouver sur la BO de »OSS117? Rio ne répond plus« .

Bref, le genre de disque que l’on mettra des années à  tout assimiler et qui délivre une musique génialement barrée tout en donnant le sentiment de s’amuser.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 7 mai 2012
Label / Distributeur : Cheap Satanism Records / Code 7 / CD1D

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