Dark Dark Dark – Who Needs Who

Plaisir redoublé quand la joie des retrouvailles avec des artistes s’accompagne de celle de constater qu’il ont fait des progrès. C.’est en effet le double effet kiss cool qui attendra les bienheureux qui avaient succombé au charme de Dark Dark Dark sur leur album Wild Go. À quoi on ajoutera la satisfaction personnelle d’avoir cru dans les vertus de ce jeune groupe attachant pratiquant un curieux mélange, entre musique de rue, traditions des Balkans et indie alternative. Wild Go, leur prometteur opus précédent, affichait un rafraîchissant cocktail d’influences diverses, folk collectif alternant entre fanfare de rue, et dépouillement invitant à  l’introspection, comme un mariage idéal entre Beirut et Arcade Fire.

Un cocktail pas toujours idéalement dosé, mais la troupe d’américains affichaient de beaux atouts. Capables de signer de vraies perles d’introspection – quiconque a frissonné à  l’écoute des splendides Daydreaming ou Robert sait de quoi je parle – et possédant le trésor de la voix de leur chanteuse Nona Marie Invie, mariage parfait entre Cat Power et Fiona Apple, on surveillait ces oiseaux-là  avec attention.

À raison, : avec ce beau Who Needs Who qui récompense leur opiniâtreté à  poursuivre dans la couleur originale qui les caractérise, Dark Dark Dark a resserré son inspiration, dosant son mix de traditions musicales nomades avec les codes américains et son indie pop au spleen intimiste. Alors qu’avant elles s’exprimaient une chanson après l’autre, sur ce troisième album plus fluide, ses deux tendances de base se mêlent harmonieusement au sein de chaque composition, à  l’image de Tell Me, single réussi.

Oscillant entre expressivité directe, évidence mélodique et mélancolie retenue, les dix titres taillés par la paire gagnante Marshall LaCount-Nona Marie Invie déroulent un vrai paysage, où les effluves de musique klezmer, parfums jazz, volutes d’accordéon ou claviers de piano, bleu nuit dessinent une musique vivante et lumineuse malgré le spleeen, qui n’oublie pas, de saluer discrètement, ses sources d’inspiration,, ainsi sur Patsy Cline, hommage à  la célèbre icône country. Et dans lequel l’auditeur trouve vite sa place naturelle, : niché tout près de la voix vibrante, de Nona Marie Envie, à  savourer la moindre des inflexions de son beau vibrato, ses emballements (Last Time I Saw Joe), ses troubles (It.’s A Secret) ou ses vertiges fascinants. Ainsi, sur Hear Me, perle atmosphérique de l’album, lequel remplace aisément le dernier Cat Power inutile et nous en console.

Entreprise marquée d’une vraie générosité, Dark Dark Dark parvient l’air de rien à  réconcilier l’intemporalité des musiques populaires du siècle écoulé et le style de l’indie pop, avec un beau naturel et une sensibilité pudique. Faussement classiques mais bien modernes, you need Dark Dark Dark.

Franck Rousselot

Dark Dark DarkWho Needs Who
Label : Melodic / La Baleine
Date de sortie :,  2 octobre 2012,