A Pleines Dents La Poussière, clin d’oeil fantien, pour neuf nouvelles franco-ricaines ou ricano-françaises. l’histoire d’un breton planté à Paris rêvant de Far West ! Il est comme ça Stéphane Le Carre, perdu au milieu de l’Atlantique sans trop savoir vers où tendre les bras : le rêve ou la réalité, l’Oncle Sam ou l’Hexagone »Bon rameur, il finit par s’échouer sur les côtes du Finistère !
Le recueil est construit sur ce modèle assez logique, déambulant et Lo-Fi, sans artifice ni grosse production, trois textes américains, deux parigots, quatre bretons, homogènes et finement écrits, sur le fil rouge et noir des migraines de Le Carre. Tu n’es pas chez Proust et Flaubert, » ça sent la bière et l’animal » comme dirait Miossec« l’herbe, le temps qui passe, la marginalité, le rejet pur et simple de la société de l’urgence et du fric »l’angoisse également.
Tu vas croiser un fils de pute d’assureur repenti en loque bouddhisto-bukowskienne, des rockers suédois ballonnés (proutiens donc :)) paumés chez , Donald Ray Pollock et Ron Rash, des bikers embourgeoisés ayant mis de côté les fondamentaux du bitume, un graphiste au fond du trou, un bouliste halluciné, une réincarnation de Robert Johnson, un village qui enfle, une bonne vieille crise de paranoîa et un bar merveilleux.
Alors autant te le dire, Stéphane Le Carre ne fait pas dans la gaudriole, il assume ses démons et se consume pour la littérature. Ses pointes d’humour sont noires et désespérées comme des jambes d’émigrés clandestins tombant du ciel en saintes reliques salvatrices !
Le titre du livre colle parfaitement à la personnalité de son auteur sans concession et à ces neufs textes rugueux. A Pleines Dents La Poussière s’enfile d’une traite, comme un shot de tequila, mais sans modération !
Mention spéciale +++ aux trois dernières nouvelles qui quittent le cadre du récit classique pour s’élever en atmosphère, brume et introspection.
(Alors oui, une fois de plus, je me dévêts de mes oripeaux impartiaux et déontologiques puisqu’il s’agit d’une parution Antidata et que, pas plus tard que la semaine passée, je buvais le coup avec toute la troupe (dont Stéphane Le Carre) à l’occasion de la sortie de leur nouveau recueil collectif, Terminus, au générique duquel je figure et dont par conséquent je ne te parlerai pas. Je tiens malgré tout à apporter ma petite pierre à l’édifice du succès de A pleines Dents La Poussière, excellent bouquin, géographiquement dispersé mais ramassé comme un pack de Kro sur son style et son message.)
Allez, ne tourne plus autour de Stéphane Le Carre et fonce te procurer A pleines Dents La Poussière !
Stéphane Monnot
P.S. : Stéphane Le Carre est aussi l’auteur du très bon Cavale Blanche, roman, aux éditions Sixto.
A pleines dents la poussière – Stéphane Le Carre
Éditions Antidata
153 pages – 10€¬
Parution : octobre 2014