Bed – The Music Of Chance

Avec ce EP, Benoit Burello alias Bed, présente 5 nouveaux titres fébriles et frissonnants, en attendant, espérons-le, un nouvel album.

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On est quelques-uns à ne pas s’être remis de The Newton Plum, premier disque de Bed, objet musical étrange entre Robert Wyatt et Mark Hollis. Depuis, Benoit Burello se fait plus rare. Il revient avec cinq titres qui composent The Music Of Chance. Une fois encore, à partir de quelques accords de guitare et de sa voix traînante, il construit un univers kaléidoscopique et riche.

bedCertaines carrières se construisent parfois sur du malentendu. Celle de Benoit Burello avec Bed débute comme une évidence. Avec The Newton Plum, on rencontrait un mélodiste qui savait mettre en valeur les silences et jouer avec l’espace. On l’a trop vite rapproché du seul Mark Hollis avec ou sans Talk Talk. La faute sans doute à cette dramaturgie des contrastes. Pourtant la musique de Bed est autrement plus riche, plus ouverte. Le problème c’est que parfois d’une évidence peut naître un malentendu. Bien sûr, The Newton Plum et Spacebox étaient des disques cousins. New Lines semblait prendre le contre-pied de ses aînés, ce qui à l’époque désarçonna un peu les auditeurs. Pourtant, comme l’explique Benoit Burello, c’est le rapport à l’espace qui change entre les deux premiers disques et le dernier album en date du groupe. Benoit Burello poursuit la même obsession, habiller le silence pour mieux le révéler. Ces cinq nouveaux titres, fébriles et frissonnants, en sont la démonstration.

Bath of roses en ouverture ressemble à une tentative de réconciliation entre Viny Reilly et Robert Wyatt avec une guitare savante et un lyrisme point trop affirmé. In the Wilderness dépeint les horizons vides, les lumières tremblantes, l’indicible douleur du vent. Jamais Benoit Burello n’a aussi bien chanté et interprété que tout au long de ces cinq chansons poignantes.

La musique de Bed a toujours eu un caractère cotonneux, une illustration de ces moments où l’hésitation et le doute priment. La Pop de Benoit Burello si l’on peut qualifier sa musique ainsi n’a jamais été d’une école ligne claire, on y entend toujours quelque chose venant des musiques contemporaines ou des univers à la marge. Ecoutez par exemple Silent Rivers et son mantra atonal au bord de la rupture, L As In Light et ses accords en trompe l’œil. The Woodbunch combine les deux périodes de Bed en un mariage de raison enfin assumé.

A l’écoute de cet EP brillant, on ne peut s’empêcher de constater à quel point la musique de Bed nous manque et on s’empresse de réclamer à Benoit Burello de poursuivre son chemin pour ajouter une nouvelle étape à son projet.
Bed fait quelques dates de concert en ce moment. Pour avoir eu la chance de le voir en concert, je ne peux que vous conseiller de ne pas manquer de vivre ces instants avec un artiste bien trop rare.

Greg Bod

Bed – The Music Of Chance
Sortie le 08 septembre 2017