« All Nerve », The Breeders plus que jamais fidèles au son Noisy Pop

Toujours ces mêmes ressentiments à l’annonce d’un nouvel album des sœurs Deal. La réjouissance mêlée à l’inquiétude, la joie des retrouvailles, pour qui a vécu la sortie de leurs premiers disques, emprunt de commisération. Leur cinquième disque All Nerves à tout pour séduire, contient même de sacrées bonnes chansons. Quant au tube, ce sera pour une prochaine fois.

the Breeders

Difficile de se remettre du succès planétaire de Cannonball, l’heureux single tiré de leur second album platiné Last Splash. Car pour The Breeders, les lendemains ont eu un goût amer et on imagine la gueule de bois sévère. Pas vraiment la faute à un manque d’inspiration, car les frangines toxiques ont prouvé qu’elles étaient capables de la retrouver,  par intermittence il est vrai.

he Breeders, All Nerve coverFidèles à leur label historique 4AD, elles le sont aussi au graphiste Chris Bigg, issu de l’école de Brighton et qui en signe le très bel Artwork.
L’enregistrement a été effectué à plusieurs mains (Mike Montgomery, l’habituel Steve Albini et son acolyte  Greg Norman et Tom Rastikis) pour une captation brute, énergique et puissante. Mais derrière ce son rugueux, se cache des compositions de belles factures. All Nerves en est la restitution sincère et poignante.

Le single Wait In The Car, répond aux normes stylistiques du groupe bostonien mais sans verve. Les guitares, tout comme le chant  en dualité, se répondent avec entrain, la basse de Josephine Wiggs tournoie et tient la boutique avec brio, accompagné du batteur Jim McPherson que l’on a connu plus inspiré et doté d’un son low-fi pas à son avantage.

Des moments divins, l’album en comporte quelques uns. MetaGoth embrasse les vertus du Post-Punk, la voix trafiquée de la bassiste anglaise qui ici tient la guitare,   surprend délicieusement. Plus introspectifs, Spacewoman et Walking With The Killer rappellent le meilleur des 90’s, avec ses guitares éthérées, rehaussés et embaumés par des arrangements électroniques discrets.

Mais avec
The Breeders il faut aussi s’attendre à des titres dont l’interprétation reste bancale. Aussi la reprise d’Amon Düül II Archangel’s Thunderbird oublie le grain de folie initial  pour une interprétation conventionnelle, Howl At The Summit et Skinhead #2 montrent quelques limites vocales malgré la présence de Courtney Barnett en renfort. Quand bien même, ces titres ne manquent pas de charme,  on y retrouve des guitares inattendues aux accords anguleux, des harmonies vocales imparables.
Sans prévenir, le très beau Dawn: Making A Effort offre un instant de grâce. Les chœurs spectraux de Kim et Kelley Deal hantent le titre de manière déchirante dans un tourbillon de guitares oniriques.

En 2018, The Breeders  restent sans concession, fidèles au créneau Noisy Pop post 90’s, tout  comme les Pixies, Yo La Tengo  ou  encore Superchunk,  toujours actifs.

Mathieu Marmillot

The Breeders / All Nerves
Label : 4AD / beggars
Sortie le : 2 mars 2018