Séverin ressuscite nos âmes mortes

Séverin vient de faire paraître son troisième album Transatlantique, sous son propre label. Dix chansons. 33 minutes d’écoute. Trois ans de travail. Un album, tantôt doux et mélancolique, tantôt groovy et psychédélique. Un voyage musical pour raconter l’intime.

(Crédit : Ambroise Tezenas)

Il est décidément malin ce Séverin. Discret mais malin. L’air de rien, il a d’ores et déjà fait parler de lui grâce à L’interview, premier titre de son nouvel album Transatlantique. Il a invité la star du moment Léa Salamé pour se prêter au jeu du clip. Un clip à l’image de sa musique : pop et dansante. Une musique à l’image de Séverin : à la fois discret et flamboyant. Un peu psyché aussi !

En  juin 2018, Séverin préparait son nouvel album dans la maison familiale de Vendée et nous expliquait l’histoire qu’il faut raconter entre la première et la dernière piste. Comme à son habitude, l’artiste parle de lui, dans une savante autobiographie pas si égotique que cela. Son voyage Transatlantique est moins un égo trip que le récit d’une vie jusqu’à ce dernier morceau grave et mélancolique 30 minutes après ma mort.

Au fil des dix morceaux, Séverin parle de la vie qu’il a choisi avec humour et second degré. « J’ai toujours préféré les gens assis au fond de la classe » raconte-t-il dans L’interview. Il poursuit comme un aveu : « Tant que je peux vivre de mes chansons, je ne me vois pas chercher un patron. » Il déroule avec justesse sa vie de troubadour sans gloire. Oui, il vit de ses chansons. Non, il ne passe pas beaucoup à la télé. Non, il n’est pas dans les rayons des supermarchés, ou alors pour acheter ses caleçons. En sous-texte, il explique qu’on peut être artiste, sans passer par la case ultra-médiatisée. Mais comme un pied de nez, il a choisi Léa Salamé pour un clip promis à un joli buzz… Séverin assume ses contradictions.

Coup de cœur pour la deuxième piste de l’album : L’abstentionniste. Surtout pour l’ambiance musicale et les chœurs tout en finesse. C’est langoureux. C’est jazzy. Tout en parlant de fin du monde, d’OGM, de plastique… Une sacrée performance de rendre sexy un sujet de société, sans une once de propos moralisateur. « Depuis que je suis môme, on parle d’hécatombe », souffle-t-il dans une voix qui ressemble à celle d’Alain Chamfort. Suave à souhait. Décidément, Séverin surprend avec cet album, moins bossa que les autres, plus profond dans les sujets.

Sur la très groovy, Elle est là, il livre une magnifique chanson d’amour pour sa compagne. Toujours présente par tous les instants, même dans les moments de doute. On entend la basse qui vient des profondeurs. Comme une plongée dans l’intime. Certainement, l’une des plus belles chansons d’amour écrite ces derniers temps. Et qui pourrait résumer cet album intimiste et pop. Il y a de la mélancolie, mais aussi beaucoup d’espoir. Comme dans La Vie con : « C’est con, mais c’est comme ça… La vie continue »

C’est con, c’est simple, c’est sans artifice, mais l’album de Séverin vise juste et ressuscite nos âmes mortes.

Delphine Blanchard

Transatlantique de Séverin
Label Néon Napoléon
Date de sortie : 15 février 2019