5+5 = les disques préférés de Tristen

Représentant encore méconnu d’une chanson française pop rock très actuelle, Tristen confirme avec Les identités remarquables tout son talent et son potentiel. A l’occasion de cette sortie, il évoque 10 albums qui comptent beaucoup pour lui.

tristen

Quatrième album Tristen, Les Identités Remarquables confirme le parisien d’origine comme l’un des oustiders les plus intéressants de la chanson pop française. Dans le sillage de Dominique A, le chanteur propose 11 titres entre pop rock et electro, accompagné de La Féline et de son épouse Bénédicte notamment sur la reprise acoustique étonnante et superbe du titre culte des années 80 Voyage Voyage de Desireless.
Une étape supplémentaire pour celui qui nous avait déjà enchanté avec Les couleurs et les formes en 2016  et qui poursuit là une carrière musicale sans faute qui, souhaite-le, débouchera sur une plus grande reconnaissance dans les années à venir.

En attendant, on découvre les disques favoris de Tristen dans un 5+5 passionnant…

5 disques du moment :

La Féline – « Vie Future »

La Féline est une artiste majeure, sauf que la France ne le sait pas encore. Cela fait plus de 10 ans que je suis un grand fan de ce qu’elle fait et je ne trouve aucun défaut à sa discographie ; elle réussit le pari de faire de la pop accessible la plupart du temps, tout en ne cédant jamais à la facilité et en étant dans une démarche sincère. Radiohead est dans cette démarche de recherche exigeante et de non compromission artistique et c’est un groupe qui remplit des stades en même temps, comme quoi c’est possible. Quand la France se rendra compte de son talent, je prédis à La Féline un avenir de cette veine là. « Vie future » creuse un sillon astral qui me parle beaucoup. Sa chanson « visions de dieu »qui évoque sa maternité (il me semble !) d’une façon très directe tout en étant mystique me fait beaucoup penser à la douceur de certaines chansons de l’album « Universal Mother » de Sinead o’Conor mais avec le côté grande prêtresse à la Enya en plus.

Volin – « Cimes »

L’album sort fin février et c’est une bombe. Ce sont mes amis certes, mais avant de les connaître, j’étais déjà ultra fan. Ils sont ce que je veux entendre dans la chanson française : une voix charismatique, de la musique indie rock ultra stylée, des chansons variées et riches qui peuvent plaire au plus grand nombre comme aux popeux pointus. L’album comporte des chansons aux mélodies sublimes quand d’autres développent plutôt une veine dure et austère. De la douceur et de la dureté, l’album est parfait ! Et sur les 17 fois où je les ai vus sur scène, j’ai eu 15 grosses claques ! Ce nombre est incroyable je trouve, mais à chaque fois je me fais cueillir par l’émotion des chansons et par le degré de maîtrise ; je me dis « waouh, comment un tel truc est-il possible ? ». Bref ce groupe et cet album me ravissent.

Andy Shauf – « The party »

J’écoute cet album avec des années de retard… J’étais un peu saoulé quand c’est sorti, tout le monde en parlait, et moi je trouvais ça super banal…un chanteur indie en anglais de plus que je me disais… et puis je me suis mis à l’écouter vraiment par hasard il y a quelques mois et j’ai connu des sensations inédites chez moi : l’addiction et le manque. Je suis devenu complètement fanatique de cet album, je suis obligé de l’écouter régulièrement sinon je ne me sens pas bien.

Ici Bas – « les mélodies de Gabriel Fauré »

Cet album est né d’une volonté de proposer à des chanteurs actuels (Camille, Dominique A, JP Nataf, Philippe Katerine, etc.) de chanter des morceaux de Gabriel Fauré, avec une interprétation « droite », pas maniérée, comme les chanteurs pop de maintenant peuvent le proposer. Et ce dénuement dans l’interprétation et dans orchestration est réellement de toute beauté.

Ethioda – « Timkat »

Ce groupe montpellierain a su trouver un dosage parfait entre une musique instrumentale généreuse et riche (ça joue quand même sur une base de jazz éthiopien!) et un slam qui claque sa race, avec un chanteur au phrasé très droit et naturel. L’album est tripatif comme dirait nos amis québécois. Il y a quand même de gros gros bons groupes qui chantent en français sur la scène montpellieraine, entre Ethioda, Volin, Iaross, My favorite Horses...

5 disques pour toujours :

Les frères Belmondo – « hymne au soleil »

Il s’agit de l’album que j’emporterais sur une île déserte. Il me ravit toujours même après une centaine d’écoutes, et je crois même qu’il me plait de plus en plus. Stéphane et Lionel Belmondo ont voulu dans ce disque réorchestrer à leur manière des musiques du début du XXème (Duruflé, Lili et Nadia Boulanger, Ravel, Fauré, etc.). Non seulement ils ont réussi à éviter l’exercice de style un peu bébête de « la musique classique en version jazz », mais ils font de ce disque une pure recréation. Les mélodies sont sublimes, elles l’étaient évidemment il y a un siècle, mais elle s’épaississent avec le travail des Belmondo. Impossible de ne pas être pris d’émotion en écoutant toutes ces mélodies et ces harmonies de cuivres soufflantes. j’aime tout dans ce disque : l’enregistrement, le son moelleux, l’orchestration , j’aime les gens qui ont fait ce disque (les Belmondo sont des gens passionnés et passionnants) et j’aime le studio où il a été enregistré (Studio Acousti où j’ai été stagiaire son pendant 2 mois).

Portishead – « Third »

Cet album est sans concession, c’est une perfection. Beth Gibbons vous touche en plein cœur dès qu’elle ouvre la bouche. La réalisation est juste dingue, toutes ces choix ultra marqués, c’est splendide, cela touche au génie. Je ne trouve que des superlatifs à cet album, fondateur dans mon imaginaire musical. Un chef d’œuvre.

Tortoise – « TNT »

J’aurais pu mettre n’importe lequel des disques de Tortoise dans cette sélection mais « TNT » a vraiment décomplexé ma démarche de musicien. Les catégories et les codes musicaux, le jazz, le rock, le post-rock, on s’en fiche, fais ta musique, fais ce que tu aimes et puis c’est tout. J’étais en larmes d’émotion quand je les ai vu pour la première fois de ma vie à la Route du Rock à Saint-Malo.

Radiohead – « Kid A »

Les deux premiers Radiohead m’ont toujours ennuyé, je les trouve ultra banals. Quand « Ok Computer » est sorti, le groupe a basculé dans une autre catégorie, celui des groupes qui marquent l’histoire de la musique. Et puis « Kid A » est arrivé, laissant la concurrence sur Terre alors qu’eux étaient déjà dans la stratosphère. Ce qui est fort, c’est d’avoir continué la musique après « Kid A » alors qu’ils avaient produit le disque le plus dingue de la décennie. Je pense que cet album a décomplexé une génération de musiciens, qui ce sont dit « ok maintenant, tout est possible désormais ». Ce disque est disque univers, c’est un phare, c’est un roc, c’est un pic, c’est une péninsule.

Bertrand Belin – « Hypernuit »

Là aussi, un album qui m’ a ouvert les yeux et les oreilles, et que je continue d’écouter avec un plaisir immense. Avec Hypernuit, Bertrand Belin épure sa langue par rapport à ses premiers albums, et finit par inventer son genre propre. De nombreux chanteurs se sont engouffrés dans cette veine là ensuite, moi le premier. J’aime lorsque au début d’une chanson, on n’a aucune idée de la destination ou de comment va évoluer le texte, comme le faisaient Ferré ou Bashung par exemple. Toutes les chansons de cet album sont un voyage dans un monde inconnu, ce qui rend l’écoute passionnante. Le son est tellement simple, charnel et direct…il y a un ce côté organique dans cet album qui contribue beaucoup au charme des chansons. Encore un album enregistré aux Studio Acousti…

février 2020

Tristen – Les identités remarquables 
Bambino Musique / Inouie Distribution – 23 janv. 2020