[Polars de l’été] Le jour où Kennedy n’est pas mort : l’uchronie façon R. J. Ellory

Entre fiction et réalité, R. J. Ellory sauve la peau du président Kennedy et imagine une enquête autour d’une jeune reporter photographe décédée dans des conditions mystérieuses.

RJ Ellory 2019
© Richard Ecclestone

Il y a quelques mois, dans Vie et mort de l’homme qui tua John F. Kennedy, Anne-James Chaton racontait, dans un récit biographique très dépouillé et très précis, le jour où Lee Harvey Oswald est devenu célèbre. Dans Le jour où Kennedy n’est pas mort, R. J. Ellory met également en scène le célèbre assassin du président JFK dans une uchronie dans laquelle il imagine que l’attentat du 22 novembre 1963 à Dallas n’a pas eu lieu.

Le Jour où Kennedy n'est pas mort

A partir de ce « détournement historique »,  – un procédé utilisé notamment par Philp Roth dans le brillant The Plot Against America – l’auteur du roman Vendetta  imagine un scénario dans lequel, Mitch, un vétéran de la guerre en Corée, devenu journaliste free-lance, enquête su la mort suspecte de son ex-fiancée Jean – présentée comme un suicide – dont il se sent en partie coupable. Coupable de l’avoir lâchement abandonnée pour partir faire la guerre en Corée. Comme une tentative de rédemption, il va tenter de retracer le parcours de sa bien aimée, retrouver les gens qu’elle a pu fréquenter pour tenter de comprendre ce qui est arrivé et pourquoi on l’aurait tuée. Savait-elle des choses ? Était-elle un témoin gênant ?

Le livre se présente comme un thriller politique dans lequel l’écrivain refait l’histoire à sa manière, met en place ses personnages, Jackie Kennedy, les frères de John Kennedy, Jack Ruby, Oswald et bien sûr le  président malade qui s’apprête à briguer un second mandat, malgré les inquiétudes de son staff et de ses proches.
Si l’intrigue est plutôt bien ficelé, sans être renversante ni même vraiment haletante, en revanche on pourra regretter une certains lourdeur dans le propos concernant la relation avortée entre Mitch et sa défunte dulcinée, avec des pages entières présentées sous la formes d’une correspondance à sens unique dans laquelle le journaliste s’épanche, s’explique, et dit ses regrets d’avoir rompu avec Jean.

Dans le même genre, le  roman de Stephen King, 22/11/63 (adapté en mini-série), s’avère plus fouillé et globalement  plus concluant et plus palpitant que Le jour où Kennedy n’est pas mort ; un roman en demi-teinte donc pour celui restait sur un beau succès avec Le Chant de l’assassin.

Benoit RICHARD

Le Jour où Kennedy n’est pas mort
Roman angalis de R. J. Ellory
Traduction : Fabrice POINTEAU
Editeur : Sonatine
432 pages – 22€ / 14,99€
Date de parution : 4 juin 2020