[Arte] Mum : un régal de friandise acidulée so british !

En ce temps troublé de confinement plus ou moins obligé, le cocon familial de la série anglaise MUM vient à point nommé nous cueillir, par son regard à la fois cynique et tendre sur les relations sentimentales qui unissent ses personnages de haute volée. Famille, je vous hais… (un peu ! )

Serie Mum arte
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En trois petites saisons diffusées sur la BBC, la série Mum aura eu un véritable succès outre-Manche, qui devrait normalement perdurer dans nos contrées. Car même si la série est anglaise jusqu’au bout de ses « cups of tea » et ses « question tags » polis, elle parlera à tous ceux qui sont confrontés au quotidien à leur famille trop collante, trop bêtassou ou trop imbu d’elle-même, et qui restent néanmoins extrêmement zen face aux situations accumulées.

C’est le cas ici de « Mum » – Cathy (fantastique…), qui va enterrer son mari dans le premier épisode de la série. Dans la maison avant le départ pour les funérailles, vont entrer en scène au fil de l’épisode tous les personnages que l’on retrouvera à chaque épisode, et ce pendant plusieurs années : son fils atteint du syndrome Tanguy, sa belle-fille ravissante idiote, son frère typiquement beauf et sa dernière copine snob à baffer, les parents de son défunt mari, vieux, acariâtres et sans filtre… et enfin Michael, son timide ami de toujours, qui pourtant hésite à vouloir aller plus loin avec elle… Ce petit monde (à la limite du cliché parfois) sera donc la joyeuse troupe de cette série qui bon an mal an concentrera ses saynètes drolatiques dans le même lieu : la maison maternelle.

A part sur la saison 3 qui déviera vers un autre lieu et une autre temporalité (une semaine dans une location au lieu de deux années sous le toit de Cathy), c’est ce dispositif théâtral qui fait le sel, émouvant et réconfortant, de cette série franchement drôle quand elle part sur des envolées de non-sens ou d’absurde à rallonge typique des sitcoms anglaises. Ou bien quand les dialogues ciselés au cordeau avec la quantité suffisante d’auto-dérision et de cynisme fusent dans la bouche des comédiens qui s’en donnent à coeur joie pour que nous éclations de rire. C’est souvent loufoque, méchant, sarcastique. Mais au final, bien souvent, un regard, un silence de l’un d’entre eux, et l’émotion, l’empathie prennent le pas et nous renvoie à nos propres contradictions sur nos propres familles que l’on adore détester (et l’inverse). En cela, Peter…. lorgne du côté du meilleur cinéma anglais, celui de Mike Leigh, Stephen Frears ou Ken Loach, quand ils étudient au plus près du coeur leurs personnages fantasques ou blessés.

 

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En filigrane aussi, (mais très finement quand même), Mum esquisse à la fois des questions sociales contemporaines, notamment sur le rang social ou l’apparence, mais aussi sur les conflits de génération, où la politesse discrète de la vieille génération essaie de comprendre et d’accepter une jeunesse pas très futée ni autonome… dans ce lieu unique de petits drames et de timides avancées amoureuses, se déploient des histoires prenantes et émouvantes faites de petits rien, des petites crises de jalousie aux confessions de solitude non assumée, des petits échecs sentimentaux aux grandes prises de risques avortées. Le tout, sur fond de cynisme, de petites vacheries et de discrètes marques d’affection et d’amour.

Bref, tout ce que l’on aime dans les écrans anglais, en à peine neuf heures de simple bonheur de téléspectateur.

Jean-françois Lahorgue

Mum, série britannique de Stefan Golaszewski
Avec Lesley Manville, Sam Swainsbury, Lisa McGrillis
3 saisons de 6×25 mn environ
Genre : comédie dramatique
Diffusion : BBC (2016-2019); Arte (2020)