« Le silence des bois » de Maureen Martineau : un huis-clos dans les grands espaces

La mère de Lorie a été assassinée sauvagement dans une sombre forêt de Mauricie au Québec. Lorie va tenter de faire la lumière sur ce meurtre, accompagnée par deux indiennes qui ont elles aussi un compte à régler. Un roman noir cruel dans les grands espaces naturels du Québec.

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© PHOTO : Francis Martineau

Contrairement à toutes les années précédentes, Lorie n’a pas accompagné sa mère pour leur traditionnel séjour en camping sauvage dans une forêt de Haute-Mauricie, au Québec, non loin de La Tuque. Ce séjour solitaire a tourné au drame sa mère a été retrouvée assassinée. Lorie n’accepte pas les conclusions bâclées de la police locale, elle décide donc, l’année suivante, de se rendre sur place en espérant rencontrer des témoins que la police n’a pas interrogés et même pas identifiés. Elle se met en route par un beau jour de fin d’été avant l’arrivée du froid et à la fin de la période infestée de moustiques.

Le silence des boisElle n’est pas la seule à converger vers cette destination, deux touristes, une blonde et une brune, ont décidé de faire une excursion en kayak dans le secteur ; André Caillas, un gardien de réserve, vient y prendre un nouvel emploi ; Mikona et sa fille Sylvette, deux Indiennes, ont, elles, un compte à régler dans le secteur. Lorie emprunte le taxi de Sylvain Hook pour rejoindre le lieu de son campement au plus profond de la forêt, à proximité d’un lac sur lequel croise à bord de son canot le détective Morneau, celui qui a instruit l’affaire du meurtre d’Agathe la mère de Lorie. L’espace est immense et pourtant on se croirait dans un huis clos, les acteurs du drame qui va se nouer sont tous là, il ne manque que l’ourse affamée lien entre les personnages qui ne se connaissent pas tous.

Les deux Indiennes ont minutieusement préparé leur vengeance mais des grains de sables se glissent dans la belle mécanique du complot qu’elles ont ourdi : Lorie ne devait pas être là, elle ne devait pas être agressée, le policier ne devait pas venir la secourir. La machinerie s’enraie, les faits s’enchaînent, les Indiennes accomplissent leur vengeance, Lorie pense mieux comprendre le meurtre de sa mère… Mais, une autre agression a été commise dans le même secteur et une victime survivante pense reconnaître l’agresseur qui pourrait coupables d’autres méfaits…

Cette histoire qui démarre assez lentement pourrait laisser filer l’attention du lecteur mais bien vite les choses s’accélèrent, les événements s’enchaînent, ils sont de plus en plus violents, de plus en plus cruels, de plus en plus bouleversants… Cette aventure est à la mesure des espaces qui la comporte, je l’ai ressenti jusqu’au fond de ma mémoire car, en 2018, j’ai eu la chance de séjourner dans une pourvoirie sur les bords d’un petit lac à proximité de La Tuque. Je conserve un souvenir impérissable de cette forêt à la fois inquiétante et magnifique. Je conçois très bien l’intensité que cette histoire peut prendre dans un tel contexte.

Si vous prévoyez de séjourner au Canada, n’hésitez pas à faire le détour par ce coin perdu de Haute-Mauricie, les paysages y sont splendides et la nature quasi originelle. Vous sentirez peut-être le souffle d’Agathe sur votre nuque, elle vous guidera sous la sombre canopée et vous expliquera peut-être ce que devrait-être la justice des hommes…

Denis Billamboz

Le silence des bois
roman de Maureen Martineau
Éditeur : Nouvelles éditions de l’Aube
168 pages – 16€ / 13,99€
Date de parution : 8 avril 2021