[Live Report] Peter Von Poehl & Jason Glasser au Café de la Danse : un gros coup de cœur…

Seconde soirée littéralement enchantée (après les Nits la veille) au Café de la Danse : Peter Von Poehl nous a tous ravis avec ses chansons brillantes et une énergie sur scène inattendue !

Peter Von Poehl Café de la Danse
Peter Von Poehl et Marie Modiano au Café de la Danse – Photo : Eric Debarnot

Peter Von Poehl, musicien suédois établi en France depuis plus de vingt ans, a bénéficié un temps d’une excellente réputation dans le « Rock Indie », avant de retourner peu à peu à un semi-anonymat, injuste si l’on considère la qualité de sa musique, comme en témoignent ses deux albums sortis cette année, Memories from Saint-Forget – son disque de confinement – et Songs From The Other Side, enregistré avec Marie Modiano (oui, la fille de…), sa compagne…

Mais Peter peut s’enorgueillir de la fidélité d’un public qui le suivra où qu’il aille, et qui remplit ce soir un Café de la Danse à la ferveur étonnante.

Jason Glasser Café de la Danse20h : Jason Glasser est un ami de Peter, et il est seul sur scène avec son violoncelle, sa voix et ses chansons. Et Jason a de la prestance, une bonne voix, des chansons convaincantes, tant en termes de textes, souvent francs et malgré tout subtils, que de structure mélodique et rythmique : avec son archet ou en pinçant ses cordes, s’appuyant sur des enregistrements ou une boîte à rythme, il varie les atmosphères, et impose un mélange peu commun de vivacité aimable et d’intimisme. 30 minutes bien agréables, même si Jason mériterait de s’appuyer sur d’autres musiciens pour enrichir plus encore ses chansons.

20h50 : C’est accompagné du « multi-instrumentiste » Romain Théret (la moitié droite de son corps joue de la batterie, tandis que la moitié gauche est aux claviers ! Etonnant !) que Peter Von Poehl attaque son set devant un public (trop) sagement assis dans les gradins du Café de la Danse. Et malgré les exhortations de quelques fans du premier rang, tout le monde restera assis jusqu’à la fin, ce qui est à la limite une honte vu ce qui va se passer sur scène !

Peter, mèche blonde retombant sur les yeux, costume élégant et guitares rock’n’roll très classe (on appréciera en particulier la guitare à quatre cordes) dégage immédiatement le terrain en enchaînant coup sur coup les trois meilleurs titres de son nouvel album, Monkey Wedding, Little Star et St Forget : culotté ! Faut-il s’en aller pour autant ? Non, parce que, si l’on ose dire, les choses sérieuses vont commencer : à partir d’une version très enlevée de Behind the Eight Ball, pour être précis, le set va passer à la vitesse supérieure, et littéralement décoller… à la surprise de ceux qui ne connaissent pas déjà Peter en live ! On ne l’a pas dit, mais la voix, de Peter, souvent très haute, très pure, presque féminine, est époustouflante…

2021 12 11 Peter Von Poehl Café de la Danse

Peter est indiscutablement un grand, mais alors un grand nerveux : avec son allure de freluquet alors qu’il approche la cinquantaine (hein ?), ses mains qui s’agitent et qu’il tord dans tous les sens quand il tente de nous expliquer – la plupart du temps en vain – quelque chose à propos de ses chansons, Peter n’a rien d’un homme de scène aguerri. Par moment, alors qu’il essaie de nous raconter une blague – qui tombe inévitablement à l’eau – on a envie de lui dire : « Tais-toi et chante, Peter ! ». Mais ce serait finalement dommage, tant il est touchant avec son français parfois encore hésitant. Et tant ces intermèdes farfelus font finalement partie du spectacle…

2021 12 11 Peter Von Poehl Café de la DanseInertia nous bouleverse, Near the end of the World s’avère très rock (Peter s’est auparavant déclaré inquiet du fait que le titre de la chanson puisse nous préoccuper dans le contexte actuel !), A Broken Skeleton Key monte encore d’un cran. Zach Miskin rejoint Peter et Romain sur scène avec son violoncelle, pour un 28 Paradise (Peter nous explique que la chanson s’inspire d’un livre de dessins) remarquablement puissant…

Et puis, c’est la chanson que tous les fans de la première heure attendent, The Story of the Impossible (Peter nous raconte qu’il l’a composée à Berlin en préparant des pâtes à l’arrabiata, et qu’elle est restée à l’état de maquette) : on chante tous avec lui, on frappe dans les mains, et soudain, sans prévenir, le set bascule dans la pure splendeur : c’est beau à en pleurer, tout simplement…

En rappel, Peter appelle Marie Modiano, pour chanter avec lui l’irrésistible Can’t Help Falling in Love – après Presley et Sinatra, il faut oser – en un duo « inversé » (puisque c’est elle qui chante d’une voix grave, tandis que lui chante très haut…). Puis, en quatuor alors que Jason rejoint Romain et Zach avec son violoncelle, le rappel se conclut sur un Twelve Twenty One au long final intense, et, encore une fois, très rock’n’roll.

Le public commence à quitter la salle, repu, mais Peter n’a pas pas dit son dernier mot, et nous offre encore, en format quatuor, This Is How We Walk on the Moon, du violoncelliste américain Arthur Russell : Peter nous assure qu’ils n’ont pas eu le temps de répéter la chanson, mais on a du mal à y croire, tant il s’agit d’un moment parfait…

Gros coup de cœur donc pour un musicien qui ne paie pas forcément de mine avec sa pop délicate, mais qui nous a vraiment offert un moment remarquable, à la fois charmant et intense. Peter Von Poehl a clairement gagné de nombreux nouveaux fans ce soir au Café de la Danse…

Texte et photos : Eric Debarnot