Bedroom – Stray : pépite cachée

À 26 ans, Noah Kittinger alias Bedroom n’en est pas à son coup d’essai. Le jeune américain a récemment sorti son troisième album, Stray, porte d’entrée dans un monde intimiste et mélancolique, à la patte inimitable.

Noah Kittinger alias Bedroom

« I’m talking in circles, with nobody else » (Je parle en rond, sans personne d’autre). Ainsi commence Two, single du dernier album de Bedroom, Stray. Sorti au printemps en version numérique puis cet été dans un tirage vinyle limité, ce disque rompt sept années de silence pour Noah Kittinger.
Peu, voire pas médiatisé, le projet de ce jeune américain, qui vient de fêter ses 26 ans, mérite pourtant sa place dans les classements de fin d’année, ou du moins dans la liste des albums injustement négligés.
Des albums à l’esprit DIY, réalisés avec des moyens frugaux, il en sort des pelletés chaque année. C’est d’ailleurs un plaisir de mélomane de fouiller, filtrer, pour trouver la pépite qui sortira du lot.

Sur le papier, la folk-pop mélancolique et lo-fi de Bedroom sonne comme un grain de sable dans le lit d’une rivière. À l’écoute, pourtant, il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que sa musique se démarque par une sensibilité unique, une ambiance qui lui est propre.

« Wherever this goes, I’m on my own » (Où que ça me mène, je suis seul).

Bedroom - Stray C’est depuis « Music City, USA », capitale de la country, que le Nashvillien compose et produit ses disques. « La vie quotidienne varie. Parfois je regarde des films et je retrouve des amis, parfois je peins et compose. Certains jours, je ne fais rien du tout. » Peinture abstraite et musique mélancolique sont les deux activités de cet amateur des films de Fassbinder, de rap et de musique classique.

« Enfant, la musique faisait sens. Je ne peux pas expliquer pourquoi, mais j’ai toujours eu l’impression d’appartenir à ce monde. Je pense que lorsque vous avez un sentiment aussi fort envers quelque chose, vous vous investissez automatiquement de plus en plus au fil des années. »

Si ses deux premiers albums, Vivid (2012) et Grow (2014), ont été réalisés sur un deux pistes avec la version d’essai d’un logiciel de mixage, Stray a bénéficié d’une production plus carrée, dans plusieurs studios d’amis. « C’est l’environnement de travail le plus professionnel que j’ai connu. C’était génial d’en voir l’effet sur ma créativité. J’avais l’impression que je pouvais aller dans toutes les directions qui m’intéressaient ».

Un résultat intime, doux et rêveur, qui en l’espace d’une demi-heure emmène l’auditeur dans une chambre à l’écart du monde, sans pour autant s’en détacher. Une simple pause, le temps de regarder le ciel par la fenêtre, allongé sur son lit. « Pour l’écriture, j’ai toujours penché vers la recherche personnelle. Je pense qu’un auteur a toujours tendance à écrire sur ce qu’il connaît, les thèmes que nous abordons dans nos vies. Ce genre d’écriture réflexive et confessionnelle m’a été très utile tout au long de ma vie. »

Discret et désirant le rester, Noah Kittinger cumule quand même près de 1,5M d’auditeurs mensuels sur une célèbre plateforme de streaming. Un noyau de fans, de plus en plus nombreux et fidèles au poste, se tient à l’affût de chaque annonce, rare, de Noah. « Sur les plateformes de streaming, il y a toujours cet étrange système de quasi-monopole des artistes portés par des grands labels. Cela peut être délicat pour de nombreux groupes plus modestes. Mais Internet reste un bon moyen de partager sa musique et je suis fier d’avoir grandi de manière organique. Je n’ai personne d’autre à remercier que les auditeurs eux-mêmes. »

« I’m not alone, it’s making sense » (Je ne suis pas seul, cela fait sens).

Maxime Meyer

Bedroom – Stray
autoproduit
Date de sortie : avril 2021