[Live Report] Spirit Fest + Lamiral Poirier à Colmar

Spirit Fest ou la rencontre de deux groupes majeurs de l’international Indie-pop : The Notwist et Tenniscoats s’unissent pour le meilleur. Ils étaient en concert jeudi 9 juin à l’Atelier ARN à Colmar en compagnie de Lamiral Poirier.

spirit fest

L’atelier ARN, caché au centre-ville de Colmar, est une ancienne chaudronnerie/serrurerie qui n’a pas bougée depuis les années 1980. Dans le bric à broc, quelques spots, des anciennes cartes de géographie et des établis font désordres. Au milieu, assis, Lamiral Poirier s’accompagne de sa guitare et de samplers. L’ancien guitariste de Kat Onoma n’a rien perdu de son légendaire doigté. Quelques boucles rythmiques, une guitare velvetienne et une voix remplissent l’espace avec naturel. Les mots, en français, narrent des histoires douces, souvent poétiques ou se cache la complexité des sentiments. Trois titres  prometteurs du prochain disque confirment que Philippe Poirier regarde devant lui. Derrière lui, deux anciennes cartes scolaires. Sur l’une devine-t-on le Japon, sur l’autre la Bavière.

Spirit-Fest

L’axe Tokyo-Munich prend forme sur scène  avec Spirit Fest, formé par le duo Saya & Takashi Ueno de Tenniscoat et Markus Acher & Cico Beck du groupe indé allemand The Notwist. Le lieu semble agir sur le groupe qui apparaît détendu et à l’aise. Takashi s’empare de la guitare acoustique, Cico s’installe derrière une batterie rudimentaire et d’un petit clavier, Acher à la guitare électrique et partage le chant avec Saya qui jongle avec un mélodica. Dès le premier titre, la voix du chanteur de The Notwist pose l’ambiance d’une douce mélancolie et s’intercale parfaitement avec celle plus espiègle de Saya. Soutenus par un rythme allégé mais opiniâtre, les titres prennent plusieurs tournures. Rêveurs, You Dance  du tout nouvel EP de Markus Acher  et Hotori Matsuri (2017) côtoient la belle tristesse de Rain Rain (2017).   Plus expérimental, voir japonisant avec l’usage de clochettes et autre mini gong, Amodoi annonce une série de titres issus du dernier album Mirage Mirage paru en 2020. Aussi Circle Love renoue avec la bossa-pop chaloupée si bien mise en scène par Saya, aux prouesses vocales et improvisations surprenantes. Alors que The Snow Falls On Everyone condense la simplicité aux émotions qu’Anohito (2018) élève encore plus haut. Des yeux embrumés suivent les musiciens dans un rêve éveillé, maintenu avec le magnifique Take Me Home (2017). Fin du set avec Mirage (2020) qui commence en version acoustique pour finir en rythme krautpop.  En rappel, un nouvel extrait du EP de Acher, Like A Plane (2022) laisse planer l’ombre de The Notwist, enchainé avec une reprise de Tenniscoats Tsuki No Oto (2018) qui enivre mentalement autant les musiciens que les spectateurs. Spirit Fest a su garder une fraicheur et une innocence qui leur fait honneur.

Mathieu Marmillot