Netflix propose un documentaire en trois parties qui raconte comment un festival sensé célébrer les 30 ans de Woodstock 1969 va se transformer en un remake de Mad Max, où tout était malheureusement réuni pour que les festivaliers les plus enragés se transforment en une horde sauvage prête à tout dévaster. Explications.
En juillet 1999, à Rome, dans l’État de New York, s’est tenu Woodstock 99, un festival de musique situé sur une ancienne base aérienne qui a accueilli James Brown, mais aussi les plus grandes stars du moment : Sheryl Crow, Moby, Muse, Metallica, Limp Bizkit, Korn, Bush ou les Red Hot Chili Peppers. Un festival qui a rassemblé 400 000 personnes, destiné à célébrer le 30e anniversaire du festival de Woodstock de 1969 qui était, rappelons-le, placé sous le signe de la musique, de la paix et de l’amour. Mais 30 ans après, les choses ont bien changé, comme nous le raconte la minisérie documentaire proposée par Netflix qui retrace chronologiquement comment ce festival à l’affiche si prometteuse a tourné au chaos où le plus total.
Michael Lang, qui était à l’origine du premier festival de Woodstock en 1969, avait déjà décidé en 1994 de fêter les 25 ans du festival en lançant un festival anniversaire, mais l’affaire ne s’était pas révélée rentable financièrement et donc, lui et ses collaborateurs, décidèrent de se refaire en retentant l’aventure cinq ans plus tard. Mais cette fois, hors de question de perdre le moindre centime, il fallait mettre en place un projet destiné à engranger le maximum d’argent possible. Une bien mauvaise idée qui va très vite montrer ses limites. Sous une chaleur accablante, avec un manque d’eau et des prix exorbitants pratiqués par les commerçants, les festivaliers, écœurés, frustrés et aussi sous l’effet de diverses substances vont laisser éclater leur rage et embraser littéralement le festival.
Le documentaire proposé en trois parties – le vendredi, le samedi et le dimanche – est basé sur les nombreux témoignages de ceux qui ont vécu l’événement : les promoteurs évidemment, totalement dans le déni et dans le cynisme, refusant de reconnaitre, 30 ans après, leur responsabilité dans cet énorme fiasco. On entendra également les membres de l’équipe technique, des employés de la sécurité, mais également des participants alors adolescents à époque, et les journalistes de MTV – le festival était retransmis en direct sur une chaine payante – ayant couvert l’événement…
On entendra également les témoignages de Jonathan Davis, chanteur de Korn, ou encore Norman Cook de Fatboy Slim. Tout racontant comment ils ont vécu ce moment incroyable, entre sidération, écœurement et fascination. Pour appuyer le propos de ces témoins, le réalisateur a rassemblé bon nombre d’images d’archives montrant bien la montée progressive de la tension durant les trois jours, et comment le public, après avoir compris qu’il s’était fait arnaquer, a décidé de tout casser.
Documentaire totalement captivant, Woodstock 99 nous montre un public composé uniquement de jeunes blancs testostéronés venu faire la fête et voir des groupes de Metal dans un lieu qui va être abandonné par la sécurité et les services de nettoyage, où n’importe qui pouvait faire n’importe quoi jusqu’à l’explosion finale et le chaos qui en découla, avec notamment l’incendie de 12 semi-remorques et la destruction quasi complète de toutes les installations du festival.
Un déchaînement de violence que les témoins racontent 30 ans après avec toujours autant d’excitation et de fascination pour ce moment incroyable qu’ils ont vécu, et qui pour certains reste le moment le plus mémorable de leur existence.
Benoit RICHARD