[Live Report] Dummy : métronomique underground

Mercredi soir, la formation américaine Dummy était de passage au Grillen de Colmar. Le quintette est resté fidèle à sa pop motorik teintée de psychédélisme.

DUMMY

En 2021, les californiens Dummy avaient sorti leur premier album sur le très tendance label Trouble In Mind. Sur lequel retrouve-t-on les francais d’En Attendant Anna ou les espagnoles Melenas, des groupes qui partagent les mêmes références et approches artistiques que Dummy. Plus d’une centaine de dates de concerts plus tard, en 2022,  les cinq musiciens viennent enfin défendre Mandatory Enjoyment en Europe. La petite scène du Grillen est leur première date française. Des projections psychédéliques, soit  de jolis kaléidoscopes qui rappellent le Pink Floyd des années 1968, accueillent le public. Le groupe arrive tranquillement sous le son de drones atmosphériques, dès les premiers accords, leur attirance pour le krautrock mêlé à la dream-pop est évidente.

Le guitariste et mentor Joe use autant de sons clairs et bruts que d’effets stratosphériques pendant que la basse de Mark et la batterie d’Alex martèlent une course rythmique à la Neu!. Aux claviers et chants,  Emma et Nathan se répondent dans une parfaite symbiose.

DUMMY

Le groupe privilégie les titres issus des deux premiers EP’s qui viennent d’être compilés. Un inédit en introduction Cool Holes suivi de Daffodils sont joués impétueusement. Le chant percute la masse sonore des claviers avec entrain. Plus punk dans l’approche, plus shoegazing dans l’esprit, la musique de Dummy enfonce les portes. Autant le dire, les titres issus de leur unique album brillent par leur simplicité d’exécution. Cloud Pleaser, H.V.A.C ou Final Weapon sont de redoutables uppercuts rythmés au service d’un gimmick synthétique ou vocal. Quelques très bons passages ambient viennent confirmer l’intérêt de Dummy pour l’électronique. Tirés des deux premiers EPs, Angel Gears, Avant Garde Gas Station, Slacker Mask se défendent mais  paraissent comme  brouillon en live et manquent des fois de justesse. Dummy perd en intensité sur Pepsi Vacuum  et Mono Retriever, deux titres qui figurent sur le 45t sorti cet été sur Sub Pop. Ces titres d’excellentes factures sur disque se confondent dans une approche bruitiste prévisible. Soit l’inverse des deux derniers titres joués en rappel. Pool Dizzy retrouve l’énergie pop quand Atonal Poem – qui clôt leur album- vient finir le set en convoquant mélodies planantes, rythmique burnée et chants en tour à tour.

Manquent à l’appel  Fissured Ceramics, Punk Product ou encore Tapestry Distorsion qui prouvent que Dummy en avait encore sous la basket.

Texte et photos : Mathieu Marmillot