[Interview] BOPS : « On ne fait pas partie d’une tradition… »

Sounds of Parade, Le second album des Rennais de BOPS est sorti en février 2022. Un très, très bon album. Plus pop que le déjà excellent Bops, Sounds of Parade dégage une énergie folle avec ses morceaux sophistiqués, rythmés et mélodiques. Des compositions ciselées pour des chansons addictives. Voilà ce que sait faire BOPS. Un groupe à suivre, sans aucun doute. Rencontre avec les membres du groupe, juste avant de le voir sur scène.

BOPS
Photo : Claire Huteau

Benzine : Comment l’album a été reçu depuis la sortie ?

BOPS : On a eu des retours super positifs sur l’album – d’abord de notre entourage puis des auditeurs. Ça nous a fait très plaisir car on a passé beaucoup de temps dessus a peaufiné l’écriture, les compos mais aussi le mix et les visuels de l’album. Ensuite, les médias ont bien accroché dessus donc c’est parfait. L’album nous a permis de pas mal tourner au printemps et durant l’été.

Benzine : Même si vous n’avez pas changé radicalement de style, vous avez pas mal évolué depuis les premiers morceaux. 156 (et même beaucoup des morceaux de BOPS) a un côté bien plus Kinks que la plupart des morceaux de Sounds of Parade. D’abord, êtes-vous d’accord avec ça ? Ensuite, êtes-vous d’accord que votre musique est plus pop, un peu moins rock ? Il n’y a pas de morceau comme No Voices sur SOP, par exemple. Même si SOP continue la veine de morceaux comme Jim par exemple. Et le tout reste très british…*

BOPS : En effet, on avait plus très envie de faire du garage rock comme sur le 1er album, on avait envie d’essayer de nouvelles choses – beaucoup plus pop en effet. On voulait garder l’énergie du premier album mais sans passer en force. L’arrivée de Tom dans le groupe à la guitare et aux claviers nous a permis beaucoup de liberté dans l’écriture et dans les arrangements – c’est ce qui explique aussi la direction de SOP.

Benzine : Parlant des Kinks, ou d’autres influences, j’ai personnellement trouvé que SOP sonnait un peu comme les Boo Radleys (version Wake Up). R.A.V.A.C.H.O.L., par exemple, n’est pas un morceau sombre, au contraire. Et les paroles sont quand même assez engagées. Diriez-vous que c’est un album assez festif ?

BOPS : On est pas très darkos c’est vrai, de là à dire que c’est un album festif – je ne crois pas. En effet, on aime bien quand les titres sont vivants et on fait tout pour qu’à l’enregistrement on garde la flamme quitte à ne pas prendre la prise la mieux exécutée. C’est vrai qu’on trouve intéressant l’opposition entre des paroles militantes et une musique plus légère. Les paroles sont souvent assez dures et font passer un message alors que la musique est parfois plus frivole comme c’est le cas sur Ravachol.

Benzine : RAVACHOL, l’anarchie, c’est important pour vous ?

BOPS : C’est un sujet qui nous a beaucoup intéressé et un mouvement qui, loin des idées reçues, est complexe et passionnant. On en discute régulièrement. Mais on n’a pas la prétention de se revendiquer anarchistes. D’ailleurs j’en profite pour vous partager un livre de Ursula Le Guin qui s’appelle Les Dépossédés et qui est fantastique de par son approche sur l’anarchisme.

Benzine : Et la Bretagne, aussi ? Une région superbe (que je connais très bien, d’ailleurs), avec une forte identité et qui regarde vers la mer. Cette identité bretonne est-elle importante pour vous ?

BOPS : Oui qui regarde la mer, sans pour autant tourner le dos à ses voisins. C’est la région dans laquelle on a grandi et on y est tous les 4 très attachés. Sur Sounds of Parade on s’est beaucoup nourri de la Bretagne. Dans les chansons mais aussi graphiquement puisque nous avons choisi un motif de Suzanne Candré-Creston du mouvement breton Seiz-Breur (Sept Frères) pour la pochette de l’album (NDLR : Suzanne Candré-Creston (1899-1979) est une artiste Art-Déco bretonne).

Sounds of paradeBenzine : Rennes. Il y a la scène actuelle, et il y a une longue tradition musicale. Êtes-vous proche de la scène locale, actuelle et de l’ancienne ? Vous sentez-vous faire partie d’une tradition française ? D’une tradition plus internationale ?

BOPS : La scène rennaise a été foisonnante c’est clair et c’est toujours le cas – il s’y passe 1000 choses chaque semaine.  De manière générale j’ai l’impression que de Brest à Nantes en passant par St Brieuc, il se passe beaucoup de choses culturellement en Bretagne.  On est très proche de la scène locale actuelle oui, pour autant on ne se sent pas vraiment faire partie d’une tradition, non.

Benzine : Quelles sont les influences que vous voulez revendiquer ? Si vous voulez revendiquer quelque chose !

BOPS : Comme tu le disais, musicalement on se sent assez proche de la scène britannique dans cette manière qu’ils ont de chercher la chanson pop en permanence. On aime bien le côté easy listening qu’ont les Anglais – il faut que ça parle à l’auditeur. Bon… dans la limite du raisonnable car ils débordent souvent du cadre légal mais on est très fan de la scène actuelle comme BC Camplight, MGMT, Squid, Shame, etc

Benzine : Si vous étiez téléportés dans un pays où les habitants ne connaissent pas la musique, qu’emporteriez-vous pour leur apprendre ce qui est beau et important en musique ?

BOPS : Si ça passe dans le téléporteur, un piano

Benzine : Qu’écoutez-vous en général quand vous composez ?

BOPS : On ne change pas vraiment nos habitudes – on écoute un peu moins de musique généralement dans les périodes où l’on compose car on a moins le temps.

Benzine : Comment est-ce que vous composez ? En groupe ? Les paroles avant la musique ? Travailler en famille est-il plus facile ? Et pour Tom, n’est-ce pas compliqué d’être au milieu des affaires de famille ? Comment est-ce qu’on se trouve amené à ajouter un 4ème membre ?

BOPS : On compose tous ensemble, chacun arrive avec des petites idées, on construit ça en groupe. En famille, c’est plus facile ? Peut-être – c’est aussi plus long je crois. Tom est arrivé au moment où nous souhaitions aller vers quelque chose de nouveau. Ça s’est fait assez naturellement – avant qu’il n’intègre le groupe, il nous a beaucoup aidé sur les démos de ce deuxième album. Ça s’est fait simplement.

Benzine : Aimez-vous parler de votre musique ?

BOPS : Oui assez, comme tout musicien, on est assez autocentrés, j’imagine.

Benzine : Quelles sont vos principales qualités (musicales) ? Et vos défauts (si vous vous en trouvez) ?

BOPS : Déjà on est autocentrés, on ne vous laissera pas croire qu’on est prétentieux.

Benzine : Vous êtes 3 frères (sur les 4 membres du groupe), et donc on peut imaginer que vous écoutiez la même musique quand vous étiez jeunes ? Est-ce le cas ? Est-ce que cela vous a façonné ?

BOPS : On a la même culture musicale tous les 3 et Tom a également une grosse culture musicale très proche de la nôtre. Avoir écouté la même chose dans notre enfance est un atout je pense car ce qui est de bon goût pour l’un, l’est aussi pour l’autre. Lors de la composition on sait tous de quoi on parle et à quoi on fait référence. Ça marche aussi pour le mauvais goût.

Benzine : Pourquoi faîtes-vous de la musique ? Pour vous ? Pour les autres ?

BOPS : Sans raison (rires)

Benzine : Est-ce que vous vous voyez continuer à faire de la musique pendant longtemps ? Vous projetez-vous dans l’avenir ?

BOPS : Non, on ne se projette pas trop loin. Actuellement la vie est belle, on a des concerts, de beaux retours sur l’album, on prépare la suite de l’aventure mais on ne sait pas de quoi demain sera fait.

Benzine : Est-ce qu’un album est déjà en préparation ? Disons: dès que vous en avez terminé un, le suivant est-il déjà dans les têtes?

BOPS : On n’est pas des rapides. Les prochains titres sont en gestation.

Benzine : Que faites-vous en dehors de la musique ? Lecture ? Cinéma ? Art ?

BOPS : De la lecture pour tout le monde, du cinéma pour Oscar, du levain pour Germain, des Arts visuels pour Tom et masques en papier mâchés pour Louis

Le futur de BOPS ? Des dates de prévues ?

BOPS : Oui ! À Quimper (Novomax le 5/11) à St Brieuc (Le Dôme le 3/12), à Rennes (Festival Travelling le 10/02/23).  Une session live bientôt et on sera dans un long métrage à la rentrée 2023 !!

Propos recueillis par Alain Marciano

BOPS – Sounds of Parade
Label : Le Cepe Records
Sortie : 25 février 2022