[Cannes 2023] Les films du jour #7 : Les Colons, Les Feuilles mortes, Asteroid City, Kubi

Au programme des films du mardi 23 mai 2023 à Cannes, il était question d’un ranch en Patagonie, d’une rencontre chez les prolos, de Wes Anderson dans le désert et d’intrigues chez les samouraïs.

Les Colons, de Felipe Gálvez Haberle

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Le récit d’une prospection sur les terres de Patagonie au début du XXᵉ siècle est une merveille brute, un western où la prétendue civilisation se forge dans la barbarie. Les paysages, sublimes, accueillent avec une forme de fatalité cette tragédie resserrée sur quatre personnages, mais qui vaut toutes les analyses géopolitiques. Un très beau film, et un réalisateur à suivre.

Les Feuilles mortes  d’Aki Kaurismaki

Qui connait son cinéma sait parfaitement que ses films fonctionnent sur le principe des retrouvailles, tant le cinéaste y module toujours la même partition. Et pourtant, rien de lassant dans cette modeste comédie humaine gorgée d’empathie et de tendresse. Les Feuilles mortes resserre encore davantage l’écriture (un homme, une femme, des licenciements, l’alcool, un chien) et livre la quintessence du cinéaste finlandais qui magnifie chaque plan du quotidien par une superbe photographie et un amour sans limite pour ses personnages. Le véritable talent réside dans ce sens incroyable de l’équilibre, pour un petit parcours modeste qui se déploie en une réflexion sur la violence du monde (sociale, guerrière) et les blessures muettes des êtres seuls. Le tout avec un sens aiguisé de la comédie : les 1500 spectateurs, sous le charme, prenaient plaisir à rire avec et non contre les personnages. Une Palme d’Or pour ce film – et, donc, l’ensemble de la carrière de Kaurismaki serait la plus belle des audaces dont pourraient se targuer Östlund et son jury. Sortie le 20 septembre.

Asteroid City de Wes Anderson

Après le fatiguant The French Dispatch, cet opus, plus mesuré, tente de renouer avec des thématiques plus anciennes comme la famille et le deuil, le tout dans une ville au milieu du désert où se trouve confinée toute une galerie de personnages. L’esthétique, encore plus assumée sur le plan théâtral, ménage quelques affèteries assez vaines et des franchissements du quatrième mur qui semblent procéder du remplissage, et certaines parties patinent un peu. Mais le cœur du film renoue avec un cinéma qu’il maitrise, et dans lequel il parvient à faire surgir de véritables émotions. Sortie le 21 juin.

Kubi de Takeshi Kitano

Kubi de Takeshi Kitano

Le cinéaste renoue avec la grande tradition du film de samouraïs, dans une version qui poursuit les excès qu’il a déjà su insuffler dans le monde des gangsters avec la trilogie OutrageKubi s’échine ainsi à montrer une version décapée de la légende, où les nobles sont sans honneur, la traitrise constante et les hommes des rustres répondant uniquement à leurs appétits. Les têtes tombent en cascade, la comédie foutraque côtoie l’épique à l’ancienne, et Kitano prend un malin plaisir à revisiter les liens entre les dirigeants par le biais de romances et rivalités homosexuelles avec une audace assez jubilatoire. L’ensemble reste néanmoins assez foutraque et bien long, la dérision empêchant la plupart une réelle immersion dans le récit.

Plus de détails sur le Journal du festivalier du Sergent Pepper