Retriever – A Room Outside : la sensation dream pop française

Il est temps pour le quatuor parisien Retriever de confirmer le potentiel entrevu lors du succès de Purple. Et rien de mieux que l’exercice du premier album pour montrer ce que l’on a dans le ventre. A Room Outside, objet pop voluptueux, est là pour passer la seconde.

Retreiver-2024
© Philippe Mazzoni

Petit flashback biographique pour re-situer: avant Retriever existait Filago, entité indie-rock regroupant trois des membres actuels du quatuor. Changement d’identité pour changement de genre, le groupe flirtant désormais avec une dream pop sexy. A raison puisque le succès de rapidement frapper à la porte en 2021 avec, issu du premier EP, le titre Purple et ses millions d’écoutes. De quoi s’avancer avec confiance jusqu’à l’étape suivante, l’ultime, celle de l’album.

RETRIEVER - A Room OutsidePlus de deux ans de préparation et A Room Outside voit le jour. Alors qu’ils auraient pu rapidement enchaîner pour surfer sur la vague, les quatre garçons ont préféré peaufiner leur style, travailler afin d’arriver avec un produit au point. Et c’est clairement le cas tant l’opus tape juste.
Des productions léchées, avec une pointe de sophistication sans jamais être boursouflées, pour que chaque titre fasse mouche avec plus ou moins d’évidence et surtout la sensation immédiate que l’ensemble impose une véritable ambiance sonore, très organique, sensuelle.

Il y a donc d’abord la première couche, les morceaux qui tapent dans l’oreille immédiatement, les tubes en puissance tels que Jaguars, Air ou Solid Gold, tous trois très identifiés «French Touch» et véritables appels à la fête lascive. Des mélodies réussies, un son très rond, des refrains entêtants portés par une voix aérienne qui n’est pas sans rappeler Thomas Mars de Phoenix et le tour est joué. Cette propension à faire dans l’efficacité sur ce format pop est une réelle force dans un genre où il est pourtant facile de faire de la redite. Même si évidemment ces titres ne réinventent pas la roue, ils s’avèrent absolument redoutables avec une replay value manifeste et il n’y aurait aucune surprise à les retrouver en bande son d’une émission, d’une pub ou autres.

Puis il y a la seconde couche, les compositions plus élaborées dirons-nous où là encore Retriever sort une belle carte de son chapeau. Forts de leurs expériences passées et de cursus aussi variés comme autant de bagages respectifs, ils peuvent aller puiser vers diverses influences à incorporer dans leur univers. On retrouve donc des éléments plus électriques et rock sur Dirty Fins et Marrow où le petit supplément guitare fait son effet. Les downtempo Avalanche ou Sober s’inspirent eux du easy-listening jazz tandis que l’introduction A Yellow Kimono ou Lapdog pourraient se retrouver cités en exemples à côté de la définition du terme d’indie-pop.

Et le tout de garder une solide cohérence grâce à un dénominateur commun en guise de fil conducteur: la douceur du groove. Peu importe le cap, peu importe la tendance d’une track, il n’y a pas une minute où le corps n’a pas envie d’esquisser un petit mouvement rythmé par les lignes de basse, cœur et cerveau de chaque structure. Impossible de ne pas penser à Metronomy dans ce domaine.
Cette mise en musique est bien aidée par une instrumentalisation soignée de bout en bout et un mixage clair (l’illustre Alex Gopher à la masterisation, excusez du peu).

Autant de bons points pour un très bon album qui a tous les ingrédients en lui pour offrir la lumière à Retriever et faire du groupe un nouveau membre émérite de la scène pop française, que ce soit ici ou à l’export. Pour paraphraser notre Jojo national: il suffira d’une étincelle, d’un rien, d’un geste. Et le succès sera au rendez-vous par delà le one shot d’un single.

Alexandre de Freitas

Retriever – A Room Outside
Date de sortie : 23 février 2024
Label: Iki Records / Alter K