Duo devenu quatuor, Mount Kimbie s’offre une refonte complète avec The Sunset Violent. Un cinquième album marquant une forme de rupture avec la première partie de l’aventure et peut-être le début d’un nouveau chapitre tout aussi exaltant.
Lorsqu’est sorti MK 3.5 Die Cuts: – City Planning en 2022, l’avenir du duo Mount Kimbie semblait s’écrire en pointillés. Double album construit en deux parties distinctes par chacun, à des milliers de kilomètres l’un de l’autre, les signaux n’allaient pas vraiment dans le sens d’un futur commun.
Dominic Maker, d’un côté, installé désormais à Los Angeles, est devenu un compagnon de studio pour mastodontes tels que Jay-Z, Travis Scott ou James Blake tandis que Kai Campos est resté terré à Londres en qualité de DJ de premier choix.
Des plans de carrière différents donc et pourtant, voici The Sunset Violent, nouveau vrai album celui-ci, sept ans après Love What Survives, le dernier écrit ensemble.
Seulement, les choses ont grandement bougé dans ce laps de temps, et outre leurs évolutions personnelles, l’entité elle-aussi se réinvente puisque la doublette devient un quatuor avec l’ajout à la composition d’équipe de deux collaborateurs de longue date, Andrea Balency-Béarn et Marc Pel.
Une refonte de façade mais également de fondation, avec un changement de cap musical assez manifeste: bye les échantillons électro, les expérimentations indie dubstep, bonjour la scène post-punk et shoegaze.
Ce n’est évidemment pas la première fois que Mount Kimbie vogue en terres rock, ils s’étaient déjà aventuré par le passé sur ce chemin, notamment en compagnie de leur copain King Krule, que l’on retrouve deux fois par ici, et dès le premier single Boxing.
Mais cette fois, l’essai se décline tout du long et non ponctuellement. Une place de choix est faite à la guitare, membre à part entière du projet. En résulte une toute nouvelle énergie, plus solaire, un autre rythme, plus facile d’accès à priori. On n’est clairement pas loin de faire des «tubes» indés, des morceaux comme A Figure in the Surf ou Fishbrain optent pour des structures standards avec un petit effet pop et font preuve d’une efficacité assez peu contestables.
Alors oui, pour les amoureux du côté laboratoire habituel, il va falloir se passer la nuque sous l’eau parce que la différence peut prendre de court et ce n’est pas les maigres contributions d’un Got Me à la cause électronique qui va rassasier les fans de la première heure.
Néanmoins l’effet de surprise passé, The Sunset Violent renferme trop de bonnes idées pour être boudé. Empty & Silent, deuxième contribution du sieur Krule, quasiment devenu cinquième larron du band, pour clôturer l’opus est un vrai tour de force, ou encore la force électrisante de Dumb Guitar viennent prouver que cette mue productrice est aussi étonnante que salvatrice.
Est-ce l’air chaud californien de Yucca Valley, en plein désert, où se sont enfermés Campos et Marker pendant un mois (avant de peaufiner le tout à Londres avec le reste de la team) qui a donné cette teinte au disque ? Très certainement.
Toujours est-il qu’en plus d’opérer un retour franchement inespéré, Mount Kimbie réussit à se trouver un nouvel horizon, une sorte de nouveau souffle pour un couple de petits génies devenu une famille plus large. Moins abstrait, plus accessible, The Sunset Violent peut, en plus, offrir de nouveaux auditeurs au groupe sans tellement en perdre en route. Un win-win.
Alexandre De Freitas