Fred Bones dessine et scénarise un curieux polar hard-boiled, mâtiné de thriller gore et de conte fantastique ésotérique.
2101, une multinationale exploite une mine sur la Lune. Les conditions de travail sont pénibles, le métier dangereux, mais la paie est généreuse. Benjamin est flic. Un flic taciturne et dur au mal. Son boulot était sans histoires, jusqu’au jour où il est confronté à un cadavre particulièrement amoché, le premier meurtre lunaire.
Son travail le conduit sur les traces d’une secte manifestement liée à la direction de la mine, les assassinats se multiplient et Benjamin se retrouve piégé, avec deux nouveaux cadavres dans son propre lit. Le voilà contraint à la fuite… Un homme seul, une enquête dans un lieu clos, industriel et dangereux, des trépassés à la pelle, un vaste complot, des trahisons de proches, des incursions dans le gore et le fantastique : la recette n’est pas nouvelle, mais de Doom à Half-Life en passant par Outland, elle a fourni la matière à d’innombrables séries et jeux vidéo à succès. Or, même face à ces prestigieux aînés, Blood Moon ne démérite pas.
Fred Bones signe le dessin et le scénario. Même si la fin est intrigante et se révèle d’une inattendue poésie, l’intrigue pourrait passer pour prévisible. Les seconds rôles sont peu consistants et avouons que Benjamin parle peu. Mais, le principal atout de cet album réside dans son dessin, aussi original que réussi. Manifestement inspiré du style du grand Mike Mignola, il associe une ligne claire à de forts contrastes et à des formes simples et géométriques. Son trait est anguleux, ses visages sont torturés, ces personnages souffrent et la tension est palpable. Quand le lecteur est aussi rapidement accroché, c’est que le thriller est réussi et que la promesse est rendue.
Stéphane de Boysson