[Live Report] CHARLES DE GOAL + Derrière Le Miroir + Marlène Bretzel au Slow Club à Fribourg-en-Brisgau

Habitués des scènes allemandes, les français Charles De Goal revisitent leur discographie avec panache et dépareillent le post-punk de ses clichés.

Charles De Goal

Devant le Slow Club, ce vendredi jour des morts, on se presse. Derrière Le Miroir se présente sous forme d’un trio, très inspirés par The Cure. Le guitariste et la claviériste se partagent les chants pas toujours justes mais compensés par une résilience affichée.  Quelques fulgurances mélodiques, une reprise de B-Movie Nowhere Girl interprétée par une guest plutôt douée, la formation originaire de Karlsruhe se montre presque irrésistible au chant des séquences électroniques.

Devant la scène, on se presse pour Charles De Goal, le projet de Patrick Blain. Auteur et compositeur de deux albums fondamentaux du post-punk français (Algorythmes en 1980 et Ici L’Ombre en 1982), sa musique minimale reflète l’époque aux côtés de Warum Joe ou  Kas Product. Les refrains impriment vite, les guitares sont acérées, la boite à rythmes garde son sang-froid et la basse propulsent ses lignes cold- wave à tout va. Devenu une sorte d’arlésienne du post-punk français, Charles De Goal donnera des concerts qu’à partir de 1985 pour s’arrêter en 1986.

Réactivé en 2007, P.Blain s’entoure au fil du temps de Thierry Leray aka A.E, un ancien End of Data qui tient la guitare et le clavier , Vinz Guilluy à la basse et Dimi Dero à la batterie, musiciens expérimentés de la scène parisienne.

Un rugissement de lion donne le top et à la fin du première titre 7X, la cohésion entre les musiciens est palpable. Derrière le micro, Blain chante et joue avec une conviction désarmante et n’accordera jamais sa guitare qui ne s’encombre pas d’effets superflus,  alternant des passages monochromes sous  tension aux pics hypnotiques. La setlist puise principalement dans trois albums : Algorithmes (1980), Restructuration (2008) et le double Mobilisation + Resistance (2016).

La voix, toujours bien en verve, martèle des refrains sous forme de slogan : Synchro, Hais-toi !,  Modem, Hop hop hop hop  et Kling Klang. Le groupe en fait une relecture assez punk voir no-wave. Préservé, le minimalisme s’affiche sur les incontournables et vintage Exposition et Ambiance Répétitive et gagne en complexité sur les titres plus récents de son dernier double album dont sont tirés le single Zig Zag, À Feu Et à Sang, Larmes à Gauche et surtout le très dansant et new orderien Blackpool.

En guise de rappel, deux bombes punks ne dépassant pas les deux minutes Finger Weg et Régularisez-Moi agissent comme au temps de la révolte. D’aspect débonnaire, Charles De Goal joue sérieusement mais sans se prendre au sérieux.

Aux platines, Marlène Bretzel usera les rotules des clubbers avec une sélection de titres underground cold-wave dont elle a le secret.

Texte et Photo : Mathieu Marmillot