Troisième album pour XIXA, le groupe de Tucson, toujours fasciné par la culture et la musique mexicaine. XOLO, moins barré que son prédécesseur est un concept album plutôt raffiné et accueillant, qui convainc surtout grâce à ses qualités mélodiques.

Quatre ans déjà se sont écoulés depuis notre découverte (un peu tardive, on vous l’accorde) du groupe XIXA (c’est de l’espagnol, prononcez « chicha », et d’ailleurs la première phrase qui ouvre la première chanson de leur nouvel album nous le rappelle…), avec leur excellent Genesis. Quatre ans d’attente de l’étape suivante, ce troisième disque, XOLO, que nous tenons entre nos doigts fébriles. Un disque qui, dévoilons-le tout de suite, même s’il reste cohérent par rapport à ce qui a précédé, marque une évolution dans la trajectoire de ce combo atypique, venu de Tucson pour nous jouer son mélange improbable et très cinématographique de rock, de psyché, et de cumbia.
Car ce qui transparaît ici, c’est une véritable ambition conceptuelle : raconter une histoire, comme dans les vieux concept-albums, voire les opéras rock des années 70 : d’où un étrange feeling vaguement « rock progressif », qui nous dérange un peu d’entrée, nous qui attendons de la rudesse « desert rock », et qui nous trouvons devant des titres très « California (soft) rock » millésimé seventies, qui nécessiteront plusieurs écoutes pour nous embarquer.
Mais commençons par l’histoire que veut nous raconter XOLO : le groupe nous explique qu’on parle ici d’une jeune fille, Arcoiris, que El Xolo, une sorte de chien mythologique, guide à travers les neuf niveaux de l’au-delà (Mictlán en aztèque…). Bon, on veut bien : après tout, se raconter des contes et légendes est bien aussi intéressant que les éternelles histoires de cœurs brisés ou de descente dans les enfers de la drogue qui nourrissent le Rock (US en particulier) depuis plus d’un demi-siècle.
Musicalement, XOLO mêle un rock psychédélique plutôt léger avec un esprit pop californienne qui rappellera par moments la période la plus « soft » du Blue Öyster Cult, mais avec également ces fameuses « influences cumbia » (comme dans le morceau le plus emblématique, le réjouissant la Danza de Los Jaguares). Les deux titres les plus spectaculaires, et les plus immédiatement engageants, sont les singles Xolo De Galáxia, également assez typique de la cumbia et qui bénéficie en plus de celles de Brian Lopez et Gabriel Sullivan, de la voix féminine de Mona Chambers, et Find You There à la mélodie très accrocheuse. Mais XIXA vont s’aventurer dans d’autres registres musicaux, comme avec It Doesn’t Matter, une collaboration étonnante avec Modern English, qui adopte donc des sonorités New Wave !
Moins gothique, moins barré que ce qu’on attendait de XIXA, XOLO s’avère finalement un album assez sage, qui séduira sur la longueur grâce à la qualité de ses très belles mélodies. Est-ce là le résultat d’un effort de la part de Lopez et Sullivan pour produire un disque plus consensuel, peut-être plus commercial ? On ne saurait le leur reprocher, d’autant que XOLO se referme de manière assez magique sur ce qui s’avère sans doute le titre le plus complexe, le plus riche des neuf, Heart of The World.
On est impatient de découvrir ce que l’interprétation scénique de XOLO lui apportera en termes d’impact. A quand des dates en France ?
Eric Debarnot