Pour son deuxième concert parisien de l’année, Tyler, The Creator a su enflammer l’Accor Arena avec un show fidèle à son excentricité.
En sortant du wagon au métro Bercy, une publicité nous rappelle le partenariat entre Converse et l’artiste qui se produit une deuxième soirée à l’Accor Arena cette année : Tyler, The Creator. Une fois arrivé sur place, la sono est mixée trop fort. On a raté les rappeurs de Paris Texas. Lil Yachty se tient sur une scène située au milieu de la fosse. Il joue le chauffeur de salle, flirtant avec les excès bavards de Drake au même endroit.
Une fois son concert fini, du mobilier (canapé, table basse, platine…) est placé sur la scène du centre de la fosse puis est recouvert d’un drap. Dans le public, beaucoup de fans de Tyler s’inspirent du look preppy de leur idole quand ils ne portent pas comme lui un chapeau de l’armée russe.
La lumière s’éteint, le public hurle Chromakopia. Tyler surgit de la scène principale, la scène usuelle des concerts de la salle. Accompagné d’un feu d’artifice, il porte une tenue verte mi-posh mi-officier, des gants blancs. Il débute avec énergie puis avance en robot. Du feu surgit du sol. Tyler emporte le public avec son Judge Judy et ce « Judy was a freak and so was I ».
Un pont descend ensuite. Tyler rappe sur ce dernier : Sticky d’abord, avant de tomber le (demi-)masque sur Take Your Mask off. La scène du milieu de la fosse est désormais entourée d’écrans sur lesquels est projetée la devanture d’un chalet. Pont et milieu fosse se déplacent pour que Tyler accède au salon de la scène du milieu de fosse.
Débute alors une partie du show que l’on pourrait nommer « DJ Tyler revisite son passé ». Tyler met le disque IGOR sur sa platine et les écrans se soulèvent. Tyler est désormais looké Hawaïi (chemise ouverte et casquette) et se lance dans EARTHQUAKE. Plus loin, il diffuse l’album des débuts, Goblins, pour interpréter des morceaux de ce dernier : après le Tyler tourmenté du début de concert, c’est le retour du bad boy. Un public conquis le gratifiera même d’un poooooo po-po-po-po poo poooo. Tyler rappelle qu’il est venu se produire à Paris en 2011, loue la beauté des Parisiennes et promet trois concerts la prochaine fois.
Nouvel ajustement scène milieu de fosse/pont, et Tyler rappe de nouveau sur le pont pour revenir à la scène principale. Avec notamment le retour au calme de Like him : fini le robot, place à une démarche de saoulard titubant. See you again est reprise par le public en mode karaoké géant. L’énergie revient sur NEW MAGIC WAND. Feu et petit feu d’artifice repointent le bout de leur nez, et la fin de concert fera penser à un titre de Miossec (Ça sent le brûlé). Avant un au revoir, de nouveau en alcoolique titubant sur I Hope You Find Your Way Home.
On ne peut s’empêcher de penser que Tyler, The Creator a trouvé ce après quoi courait Kendrick Lamar sur la même scène : un show mégalo, scénarisé et mis en scène à l’américaine, qui reflèterait ses doutes et ses fragilités.
Texte et photo : Ordell Robbie.