[Netflix] « Astérix et Obélix : Le Combat des Chefs » : Chabat a toujours la formule

Le grand retour d’Alain Chabat dans l’univers d’Astérix, sous le format série d’animation. Les attentes sont forcément grandes pour un projet ambitieux. Pas de surprise, c’est une grande réussite avec une animation dépoussiérée, un humour respecté et modernisé et des références pop-culture dans tous les sens.

Au petit jeu des tops, gageons qu’un débat autour du meilleur tome des aventures d’Astérix version BD sera plus animé et indécis que son pendant (ciné)visuel. En effet, il est communément acquis que la version « réelle » d’Alain Chabat et son Mission : Cléopâtre fait office de mètre-étalon, voire d’épouvantail, pour tous ses successeurs, quand les légendaires dessins animés Astérix et Cléopâtre – encore lui – et les Douze Travaux se tirent la bourre, n’ayant rien perdu de leurs saveurs d’antan. D’ailleurs, si certains films d’animation plus récents, notamment les deux Astier, ont su dépoussiérer le genre pour une franchise pas toujours vernie (maudites années 80 !), l’attente se fait longue pour trouver un digne héritier cinquante ans plus tard.

Asterix NetflixAlors lorsqu’est annoncée l’arrivée de Chabat lui-même sur un projet en carton pâte reprenant l’histoire du Combat des Chefs, c’est une double curiosité / excitation à la clé. Pour son retour dans l’univers du héros gaulois tout d’abord, évidemment, mais également pour voir sa créativité débordante se mettre au service d’un tout nouvel exercice, qui ne demande qu’à nous enchanter. D’autant plus au vu du format : une série de 5 épisodes d’un peu plus d’une demi-heure, soit quasiment 3 heures de contenu. Largement de quoi développer des idées dans tous les sens parallèlement au récit initial. Du pain béni sur le paperboard.

Petit point synopsis pour se remémorer l’histoire imaginée par Goscinny et Uderzo : les têtes pensantes romaines montent un plan pour enfin faire plier le village d’irréductibles avec un « combat des chefs ». Le perdant donne sa portion de terrain au vainqueur comme le veut la tradition gauloise. Un chef voisin très romano-compatible doit donc défier Abraracourcix pendant que la garnison s’emploie à capturer Panoramix et ainsi couper tout accès à la fameuse potion magique.

C’est en partant de ce postulat que l’ancien Nuls et son équipe construisent un scénario fourni, qui respecte autant les fondations qu’il s’en inspire pour ajouter des trouvailles originales et/ou ultra-référencées avec des clins d’œil toujours aussi sympathiques. Le premier épisode par exemple ne se situe pas sur le sempiternel 50 avant J-C et permet de poser un cadre, des trames de récit et des thématiques que l’on retrouvera tout au long de la mini-série ensuite. Sur ce point précis, il n’y avait guère de doutes quant aux capacités d’écriture et son potentiel comique à vrai dire. L’univers est à la fois respecté et modernisé avec un rythme effréné. Pas une surprise mais une satisfaction tout de même.

Mais là où Le Combat des Chefs marque réellement les esprits, c’est sur l’animation. En compagnie de Fabrice Joubert (un ancien de chez DreamWorks), Chabat réalise un coup de maître en ré-imaginant complètement la réalisation graphique. C’est moderne, pétillant, coloré, et là aussi rythmé par le bagage pop-culture exhaustif de son auteur (avec une B.O du tonnerre notamment). On retrouve autant l’ADN original que des influences très comics et plus particulièrement les excellents Spider-Man 3D. De quoi faire le pont entre anciennes et nouvelles générations, qui peuvent chacun trouver leur compte face à cette proposition visuelle de tout premier ordre.

Le séquençage du format permet également de mettre en exergue différentes palettes et élargir le spectre des genres. Quand le premier épisode joue la carte du mignon et familial, le troisième (peut-être le meilleur) laisse une plus grande place à l’humour, aux absurdités, aux idées géniales liés aux délires de Panoramix, alors que le dernier est plus plus sombre et inquiétant. Jamais jusqu’ici Jules César et ses sbires n’avaient été représentés de manière si méchante, si dure avec une image totalitariste assumée et jamais les combats n’avaient été aussi épiques. Du grand spectacle.

 

Asterix panono
Telerama

Le casting vocal joue un rôle prépondérant dans le résultat final. En faisant le choix de prendre des acteurs de renom, Chabat joue une « carte clin d’œil » plus prononcée encore avec des réussites évidentes : Thierry Lhermitte en Panoramix, Jean-Pascal Zadi en Potus, Anais Demoustier en Metadata, Laurent Laffite et Fred Testot formidables chez les méchants J-C et Fastenfurius ou encore Jérôme Commandeur en commentateur sportif et en… mère de César !

Difficile de bouder son plaisir face à cette nouvelle mouture des aventures d’Astérix qui se regarde avec une facilité évidente et qui coche toutes les cases contemporaines (une série pop-culture courte sur une plateforme de streaming, menée par des noms) sans jamais se renier. Le pari est réussi haut-la-main par un Alain Chabat comme un poisson dans l’eau dans l’univers de Goscinny et Uderzo, qui lui va définitivement comme un gant une braie.

Alexandre De Freitas

Astérix et Obélix : Le Combat des Chefs
Mini-série française de Alain Chabat et Fabrice Joubert
Avec : Alain Chabat, Gilles Lellouche, Thierry Lhermitte, Anais Demoustier, Laurent Laffite etc
Genre : animation, comédie
Durée : 5 épisodes de 35 minutes (Netflix le 30 avril 2025)

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