« Les Vivants », d’Ambre Chalumeau : un roman qui séduit et déçoit à la fois

Pour son premier roman, Ambre Chalumeau explore les conséquences d’une amitié triangulaire qui doit faire face à la maladie. Parsemé de drôlerie cynique, émouvant malgré ses défauts, Les Vivants séduit et déçoit à la fois.

photo Ambre chalumeau
© Dorian Prost

On aime beaucoup Ambre Chalumeau dans l’émission Quotidien à la télévision, extrêmement plébiscité. Ses interventions, ainsi que ses choix de livres, disques, exposition font toujours mouche et invitent à la découverte et à la curiosité. Du coup, son premier roman, qui suscite l’évènement, reste également une véritable curiosité.

les-vivantsL’intrigue de ce premier livre est plutôt basique, puisque nous suivons le destin de trois amis ensemble depuis l’enfance : Cora, Diane et Simon. Ce dernier est malheureusement tombé dans le coma après un virus. Au chevet de celui-ci, les deux autres compères évoquent des anecdotes liées à leur enfance, leur adolescence et les craintes pour leur futur, qu’ils soient à nouveau réunis ou séparés par la mort.

Pour étoffer ce postulat, Ambre Chalumeau décortique les univers de chacun de ces trois protagonistes. À coups de punchlines bien senties, de métaphores mi-loufoques, mi-lucides et extrêmement référencées, elle propose un condensé de ce qui fait le quotidien de citadins trentenaires plutôt aisés, sans véritable souci matériel, mais qui s’interrogent continuellement sur leur existence, sur le monde qui les entoure, et sur un avenir souvent bien incertain pour cette génération.

On se retrouve forcément dans les portraits de ces trois jeunes. Si Simon n’est qu’évoqué, Cora et Diane, 17 ans au moment du drame, sont largement esquissées, deux caractères différents, mais deux amies face à un tragique moment à vivre. On retrouve d’ailleurs beaucoup de l’auteur dans Diane, qui doit être en grande partie un personnage semi-autobiographique tant on retrouve le parcours de la fille de Laurent Chalumeau… et forcément, pas mal se retrouveront dans ces jeunes adultes et leurs relations compliquées et classiques à la fois. Des personnages-miroir, quasi réconfortants.

De prime abord, on pense inévitablement au public cible pour ce livre : le public et les spectateurs de Quotidien. Par moment, les vivants ressemble aux chroniques quotidiennes de la journaliste. Problème : le format n’est pas le même ! Du coup, on éprouve une légère lassitude en lisant une suite d’anecdotes et de références culturelles, certes drôles, mais qui tombent in fine souvent à plat. Le style littéraire est convaincant dès le départ, mais s’avère ennuyeux sur la longueur de l’ouvrage. Et même si le message clair est très séduisant – que faire de nos vies, quand des événements brusques les font changer ? Comment essayer d’être heureux et épanoui dans un environnement qui nous empêche souvent de l’être ? Peut-on survivre à une horreur quand on est le trio d’amis le plus soudé au monde ? Comment réaliser une parfaite transition entre la fin de l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte ?

Toutes ces questions sont largement et finement exploitées dans Les vivants, mais peut-être aurait-il fallu un roman plus court, plus concis et moins répétitif dans les anecdotes humoristiques pour pleinement réussir cet objectif. À n’en point douter, Ambre Chalumeau a déjà trouvé son lectorat – il suffit de voir le succès immédiat du roman – mais on reste un peu déçu de ce premier opus, irrésistible au premier abord, mais qui laisse un sentiment d’inachevé, et qui aurait pu être un très grand portrait de la génération Z d’aujourd’hui.

Jean-François Lahorgue

Les Vivants
Roman d’Ambre Chalumeau
Éditions Stock
301 pages, 19€
Date de parution : mars 2025

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