La saison 2 de Cœurs noirs reprend exactement là où la saison 1 s’était arrêtée. Après deux longues années d’attente, la suite tient le téléspectateur en haleine du début à la fin grâce à une intrigue resserrée autour de la libération de Sab.
Il aura fallu faire preuve de patience pour découvrir la suite des aventures du groupe 45, commando des forces spéciales françaises déployées en Irak à Mossoul en 2016. Mais l’attente est largement récompensée par une nouvelle saison explosive et haletante. Le groupe 45 traque sans relâche les ravisseurs de Sab, incarnée par Nina Meurisse, prise en otage par Daesh à la fin de la première saison. On se doute que sa libération va être semée d’embûches et de traquenards.
Le premier épisode de cette nouvelle saison cueille le téléspectateur en ouvrant sur le départ du cercueil d’Olivier, joué par Quentin Faure dans la saison 1, porté par ses camarades commandos du groupe 45 jusqu’à l’avion pour son rapatriement en France. Ce moment poignant passé, place à l’action pour localiser leur snipeuse disparue dans le labyrinthe de la zone occupée de Mossoul par l’Etat islamique.
Le casting accueille de nouveaux venus comme Patrick Mille en agent de la DGSE, Louis Séguier en commando cynophile qui a vraiment la gueule et le physique de l’emploi (j’ai même vérifié si ce n’était pas un ancien militaire tant il est convaincant) et Radouan Leflahi, glacial et cruel dans le rôle de Moktar, jeune chef des services secrets de l’EI.
Marie Dompnier, Thierry Godard et Nicolas Duvauchelle rempilent pour notre plus grand plaisir. Nina Meurisse déroule à merveille la partition de son personnage sur un fil, toute en retenue. Les acteurs qui incarnent les personnages secondaires ne sont pas en reste. Moussa Maaskri, dans le rôle du vieux roublard Zaïd, Jérémy Nadeau et Victor Pontecorvo en membres du commando et Déa Liane, émouvante Soraya, jouent un rôle majeur dans la dramaturgie.
La réalisation de cette deuxième saison a été confiée à Frédéric Jardin, déjà réalisateur de saisons des séries comme Braquo et Engrenages, ce qui donne le ton.
Si les scènes d’action sont un peu moins nombreuses que dans la précédente saison, elles ne perdent rien en intensité, bien au contraire. Les tiraillements entre l’armée et les services de la DGSE ajoutent du piquant au récit et rappellent par moments la série Le bureau des légendes, toutes proportions gardées. Les relations de Daesh avec la France, la Russie et les Etats-Unis sont finement abordées et soulignent le côté cynique des gouvernements qui concluent des petits arrangements pour pouvoir s’afficher en sauveurs face à l’opinion publique et préserver l’intégrité de leurs territoires.
La saison 2 de Cœurs noirs propose aussi une vision intéressante de l’humanisation de ces commandos. Le scénario offre une vision très juste de l’écartèlement des militaires, tiraillés entre leur attachement à mener leur mission jusqu’au bout et leur famille qu’ils ont parfois tendance à délaisser. C’est très réaliste : pendant que celui du couple qui reste à la maison attend patiemment le retour et continue à vivre un quotidien parfois pesant, celui en mission découvre un autre monde, tourne à l’adrénaline, et est forcément en décalage par rapport à la vie quotidienne.
Ces commandos ne sont pas des surhommes. Ils ont des qualités physiques indéniables, mais ont leurs failles qu’ils doivent combler pour être constamment opérationnels. Le grain de sable peut tout faire dérailler.
Chaque épisode se termine sur un cliffhanger qui incite à enchaîner avec le suivant. On retient son souffle, on ferme parfois les yeux, mais on adore accompagner le groupe 45 dans sa mission.
Y aura-t-il une saison 3 ? Elle pourrait être envisageable, reste à savoir si Amazon renouvellera la série et si les acteurs seront partants pour recomposer le groupe 45.
Petit conseil : prévoyez le temps nécessaire pour visionner la série en une seule fois ou presque. Le suspense à chaque fin d’épisode est intenable.
Caroline Martin