McKinley Dixon – Magic, Alive! : La magie du béton

Avec Magic, Alive!, McKinley Dixon poursuit sa veine faite de rap introspectif sous perfusion Jazz et Soul. En proposant au passage un concept et des textes voisins de l’idée de réalisme magique.

McKinley Dixon Press Photo
© Dennis Larance

Magic, Alive!, ou la confirmation de la montée en puissance artistique de McKinley Dixon, rappeur natif d’Annapolis qui se produira à Paris à l’automne 2025. For My Mama and Anyone Who Look Like Her était un excellent album artisanal de Hip Hop progressif dans la lignée de ses devanciers de la Côte Est des années 1980-1990. Textes posés et influences Soul seventies/Jazz donc.

Mais aussi un mimétisme de flow avec Kendrick Lamar, dont le rappeur s’affranchira en partie avec Beloved! Paradise! Jazz!?. Un album au titre renvoyant à Toni Morrison reconduisant la formule avec une approche sonore plus agressive. Avec à chaque fois une durée courte tranchant avec les blockbusters rap récents, et un recours au « featuring » aux antipodes du côté « désir de ratisser un public plus large » de son emploi par certains artistes à succès du genre.

Magic, Alive! ajoute à l’album qui l’a précédé quelques moments au registre musical plus étendu et un peu de neuf côté arrangements. Comme le mélange Jazz/Dub de Crooked Stick. Ou les ruptures de Recitatif : passage coolitude jazzy/mélange de parties rappées au ton violent avec une basse de synthétiseur façon pop anglaise des années 1980/parties rappées à la texture vocale sale sur fond de Métal. Ou encore les cordes soyeuses du conclusif Could’ve Been Different.

Côté texte, on pourrait dire que le rappeur a sans le vouloir retrouvé le concept de « réalisme magique ». Il est question d’un groupe de gamins, d’un de leurs amis décédés, de magie et de résurrection. Parmi les influences revendiquées, on compte Satoshi Kon pour son idée libre et inspirante de l’animation (faire de l’animation parce que la caméra d’un film en prises de vue réelles ne se déplace pas aussi vite que ses pensées), Masaaki Yuasa, le manga Amer Béton de Taiyou Matsumoto et son adaptation animée au cinéma.

Aux yeux de McKinley Dixon, il est question chez Matsumoto et dans le dessin animé de « coming of age », d’espace urbain en mutation et en voie de gentrification, et de magie. Ajoutons l’ultraviolence des mangas de Matsumoto et la connexion se comprend. Du coup on pourrait dire que McKinley Dixon a retrouvé le « réalisme magique » via l’animation japonaise. Le cinéma d’animation le fascine aussi dans sa manière directe de raconter une histoire, McKinley Dixon cherchant à tout prix à éviter le verbeux.

Magic, Alive! n’incarne pas une rupture radicale. Mais c’est un album en forme de nouvelle pierre ajoutée à la construction progressive d’une œuvre.

Ordell Robbie

McKinley Dixon – Magic, Alive!
Label : City Slang
Date de publication : 6 juin 2025

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