Spielberg et son équipe reviennent pour faire « renaître » leur franchise chérie de Jurassic Park. Et, surprise ou évidence ?… on échappe de peu à la fausse couche.

1993. Ceux qui en ont l’âge s’en souviennent encore, Spielberg faisait encore un gros coup au box office, mais aussi dans le cœur des fans qui battaient fort pour lui, en sortant un Jurassic Park qui se positionnait d’emblée comme le blockbuster populaire idéal de l’époque : des effets spéciaux stupéfiants, une histoire réjouissante et terrifiante à la fois, un script bien troussé, des acteurs de premier plan, et au final, l’inscription des dinosaures de manière relativement pérenne dans l’imaginaire des enfants du monde entier. Rien que ça !
32 ans plus tard, les cinq films qui ont suivi « l’original », les pires comme les « juste pas trop mauvais », n’ont jamais réussi à recréer la même magie, et la « franchise », même si elle a toujours attiré un nombre de spectateurs raisonnable dans les salles, a perdu la plus grande partie de son éclat. C’est donc avec surprise qu’on a découvert que Spielberg allait produire un septième film, en confier le scénario à son vieux pote David Koepp – qui n’est pas un manchot, on le sait -, et appeler à la réalisation ni plus ni moins que Gareth Edwards, certes pas un génie, mais au moins un vrai réalisateur avec une certaine « vision » (Monsters, Godzilla, mais surtout The Creator et Rogue One). Le titre de de Rebirth (Renaissance en français) laissait en outre imaginer une volonté forte de repartir de zéro, de trouver un nouvel axe pour le futur de la franchise.
Pourtant, pourtant, rien de cela à l’écran. Au contraire, Renaissance nous offre une nouvelle déclinaison de (plus ou moins) la même histoire : une expérience scientifique / génétique, dans une zone tropicale isolée de tout, qui tourne mal, et quelques années plus tard, une bande hétéroclite, composée de scientifiques, de méchants business men, de mercenaires et d’une gentille famille, se retrouve aux prises avec des monstres terrifiants, et doit leur échapper dans la jungle hostile, puis dans une base désaffectée. Ce qui veut dire une répétition « pépère » de scènes déjà vues de nombreuses fois, mises en scène avec professionnalisme par un Gareth Edwards qui sait à peu près ce qu’il fait, portées par des acteurs compétents : il faut reconnaître à ce propos que Scarlett Johansson semble prendre beaucoup de plaisir à jouer la femme d’action / tête brûlée, un plaisir d’ailleurs communicatif, et que son alchimie avec Jonathan Bailey permet à plusieurs scènes de bien fonctionner, en évitant heureusement la « romance » qui risquait de pointer son nez. Les autres acteurs (Mahershala Ali, Rupert Friend et surtout Manuel Garcia-Rulfo) n’ont pas grand chose à faire, par contre, qui sorte des sentiers battus, et c’est bien dommage.
Koepp rajoute la petite dose d’usage d’humour et d’émotion, surtout dans la première partie du film, mais échoue en dépit de son savoir-faire à conférer une véritable profondeur à ses personnages. Et puis, indiscutablement, la grosse erreur de son scénario est l’idée de « dinosaures mutants », ce qui nous vaut dans la dernière partie des scènes, avec une gigantesque créature aux allures d’Alien, qui font basculer le film de la Série B à, carrément, la série Z.
Et c’est dommage, car les trois premiers quarts d’heure de Renaissance, qui se passent entièrement sur l’eau, avaient encore belle allure, proposant des situations inédites et une belle gradation de la montée en tension. Au point qu’on puisse espérer que Spielberg nous propose une « renaissance » de son cher requin Jaws… Non, on plaisante !
Après les déceptions / désillusions des deux premiers blockbusters de l’été 2025 (28 Years Later et F1), la série noire continue – même si, quand même, le résultat n’est pas aussi mauvais – avec Jurassic World : Renaissance. Un été bien pourri ?
Eric Debarnot