Quelques mois seulement après la sortie de Chromakopia, Tyler the Creator fait déjà son retour par surprise avec Don’t Tap the Glass. Un album en forme de récréation où le mot d’ordre est simple : s’amuser, danser, vivre. Mais dans le chaos de préférence.

Actuellement en pleine tournée mondiale avec son Chromakopia Tour pour défendre son album du même nom sorti à l’automne dernier, Tyler, the Creator a pris tout le monde de court en annonçant vendredi dernier en plein live l’arrivée d’un tout nouveau disque pour ce lundi: Don’t Tap the Glass. Une surprise dans tous les sens du terme au vu du délai de teasing (3 jours donc) mais également du court délai de latence entre un disque dense, pas digéré dont il assure encore le service après vente et – déjà – la suite des aventures.
Suite ou peut-être tout simplement parenthèse tant ce nouvel objet transpire l’urgence et s’oppose en tout point à son aîné. Là où la promotion de Chromakopia fut longue, fournie, réfléchie, celle-ci se fait sans rien au préalable. L’ambiance sonore si riche, sophistiquée, cérébrale pleine d’introspection laisse ici sa place à quelque chose de bien plus brute, spontanée, un peu « no brain » et surtout de totalement fun. Le mot d’ordre est très simple et c’est Tyler lui-même qui en parle le mieux : c’est un album à écouter fort, pour danser, pour vivre.
Le constat est sans appel, le contrat est rempli. Très court mais intense, on est sur 30 minutes en tout droit, sans le moindre répit. Les titres s’enchaînent dans un chaos permanent, un rythme effréné où le garçon va à l’essentiel et s’amuse clairement. Beaucoup de bruits, de fracas, du rap qui se frotte à des univers barrés, on va sur du funk, du R&B, de la house et à peu près tout ce qui peut emmener sur la piste.
On sait Tyler très influencé par Pharrell Williams époque Neptunes/N.E.R.D. et difficile de ne pas voir ici des parallèles assez évidents. Dès l’introduction déjà puisqu’il est invité sur le morceau Big Poe en même temps qu’il est… samplé ! Ca frappe fort d’entrée et la suite ne ralentit pas la cadence. Sugar on my Tongue est un petit plaisir coupable totalement assumé, très 2000’s, pas loin d’un esprit futuriste d’un Timbaland pour Timberlake. Sucka Free, plus doux et solaire, finit de donner le ton résolument cool et festif de l’opus.
L’énergie est sauvage, animale, on retrouve le petit trublion époque Odd Future qui s’amusait et ne vivait que par la provoc’. Des Stop Playing with Me ou Don’t Tap the Glass renvoie clairement à ses premiers émois, la maturité musicale en plus. Car une fois encore, même dans ce format divertissant, très instinctif, Tyler the Creator parvient à créer une atmosphère cohérente, bluffante par ses idées (le triptyque Tweakin’, Don’t You Worry Baby, I’ll Take Care of You). Pas de déchets, tout s’écoute de manière fluide malgré le bordel et on y revient même avec une certaine envie.
Ce Don’t Tap the Glass n’est rien d’autre qu’une petite cour de récré, une pause dans une discographie qui gagnait au fil d’albums de plus en plus importants en épaisseur ce qu’elle pouvait perdre en candeur. Et sans doute que ce Peter Pan qu’est Tyler ne pouvait pas attendre plus longtemps pour raviver cette flamme d’enfant éternel. Pour notre plus grand plaisir à nous aussi.
Alexandre De Freitas