En dépit de problèmes de son au début et à la fin de son concert, AC/DC est revenu au Stade de France, il a vu un public enthousiaste et il a vaincu. Grâce à l’atout maître attendu : Angus Young.

Le début du concert marquant le retour d’AC/DC au Stade de France a suscité une petite frayeur. Et cela n’a rien à voir avec un début qui n’aurait pas été à la hauteur du statut des Australiens comme un des plus grands « live acts » de l’histoire du Rock (de la musique du 20ème siècle ?).
Commencer le set par If You Want Blood (You’ve Got It) représente une belle idée d’entrée en matière. Angus Young, éternel symbole de l’énergie du groupe, ne faillit pas à sa réputation. Brian Johnson, loin de l’impression de fatigue donnée sur certaines vidéos YouTube récentes, fait déjà les essuie glaces entre les deux bords de la scène. Oui mais… sur ce premier morceau le voix du chanteur est noyée au milieu du reste des instruments. En tout cas depuis une tribune haute à mi-distance de la scène – cela allait-il mieux depuis la fosse? Un problème qui reviendra en partie en fin de concert.
Tiré de Power Up, Demon Fire ne fait pas forte impression mais ce n’est pas grave : il est pris en sandwich entre deux morceaux de bravoure (Back in Black, Shot Down in Flames). Avant le premier moment de décollage du concert : Thunderstruck, morceau qui est au groupe ce que Start me up est aux Stones (leur dernier hymne soutenant la comparaison avec l’âge d’or).
Et il y a Angus, Angus et son short d’écolier rouge, Angus qui pourrait avoir l’air ridicule dans cet accoutrement au vu de ses cheveux blancs. Mais on s’en fout, car le goût du grotesque, du ridicule, du régressif fait partie de l’identité AC/DC. Un groupe dont le chanteur porte sur scène un gilet comme seul haut ainsi qu’un béret sur la tête.
Il y a quelque chose du côté à la fois ridicule et effrayant des méchants mythiques du cinéma d’horreur américain (Jason Voothees, Freddy Krueger) dans l’esprit AC/DC. Quelque chose de proche des excès associés à un séjour entre hommes à Vegas aussi (et entendre le groupe interpréter Sin City sera un des grands moments du concert). La grosse cloche présente sur Hells Bells, les canons déclenchés pendant For Those About to Rock (We Salute You) (qui conclura ce concert comme il a achevé bien d’autres du groupe) sont raccord de cela.
Mais revenons à Angus. Angus et ses légendaires sauts guitare en main, Angus qui s’amuse à jouer de la six cordes avec une cravate (pendant Sin City), Angus qui semble avoir un lien direct avec le public présent. Angus au regard plein de rage, Angus haranguant la foule, Angus dont l’énergie et le charisme compenseront le retour des problèmes de son mentionnés plus hauts en fin de concert.
Mais avant cela le groupe aura eu le culot de balancer son morceau signature (Highway to Hell) en plein milieu de concert. Mais aucun problème quand on peut dégainer peu après Dirty Deeds Done Dirt Cheap ou finir l’avant-rappel par le trio You Shook Me All Night Long/Whole Lotta Rosie/Let There Be Rock.

Et juste avant le rappel il y a… Angus en mode solo de guitare aussi long que certains morceaux fleuve de Rock Progressif. Tout en montant les escaliers pour continuer à jouer depuis une plateforme. Et il réussit à faire avaler ça au mélomane que je suis. Un fan de Rock qui s’est toujours méfié des démonstrations de virtuosité et préfère le côté « un seul accord » mais le bon du Punk Rock. Mais bon, Back in Black est célébré, au même titre que certains classiques de la New Wave of British Heavy Metal, comme un des albums ayant injecté l’énergie du Punk dans le Metal donc…
C’est à croire qu’Angus a signé un pacte faustien lui donnant un feu sacré scénique faisant réagir le public à chacune de ses attitudes, à la moindre de ses notes de guitare. Au rappel, ce seront T.N.T, For Those About to Rock (We Salute You) et ses coups de canon ainsi que deux mini feux d’artifice des deux côtés de la scène de la toute fin de concert.
Entre ce set et celui à venir du 13 août, AC/DC a-t-il donné ses derniers coups de canon dans la Capitale ? Peu importe, mieux vaut savourer l’instant présent d’un concert un peu moins bon que celui du 23 mai 2015 au même endroit, mais digne de la réputation du groupe. Après tout, il s’agit d’un groupe qui a incarné (d’une manière certes différente des Stones) le versant hédoniste du Rock.
Ordell Robbie
Les trois belles photos illustrant l’article sont de GregH Photographer. Merci à lui !
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