Dijon – Baby : Paternité et regards dans le rétroviseur

Avec son deuxième album Baby, Dijon offre une œuvre avec un pied dans le contemporain au travers d’éléments abrasifs et de ruptures et un autre du côté de ses héros musicaux du passé, Prince en tête.

Dijon-Baby
© DR

Dijon avait déjà été évoqué à propos du travail de son ami le guitariste Mk.gee. Les deux artistes sont d’ailleurs présents en 2025 dans les crédits des derniers albums de Bon Iver et de (aargh) Justin Bieber. Et le guitariste participe au deuxième album de Dijon : Baby, inspiré comme son titre l’indique par la paternité de son auteur. Baby! ouvre l’album par un récit fait au fils de la rencontre entre son père et sa mère et de l’évolution de la relation jusqu’à sa naissance. Une voix visant une sensualité à la Prince, une atmosphère proche de l’album de Mk.gee et l’influence du Philly Sound.

L’album sera ensuite autant un récit du bonheur d’être père que celui des moments de joie et de petites crises d’un couple stable. Another Baby! fait fonctionner une des choses les plus datées en 2025 : un Beat New Jack (mêlé à de l’électrofunk années 1980). Toujours sur un terrain sensuel, HIGHER! évoque les débuts de D’Angelo (avec quelques petites ruptures sonores).

Sur (Freak It), le côté doucereux du morceau se retrouve perturbé par le Beat et les effets sonores agressifs de la production conrastant avec la voix. Une approche peut-être liée à l’époque où l’artiste bricolait ses morceaux dans sa chambre à coucher avec un micro bon marché. Suit la tendre ballade funk Yamaha, avec Ty Dolla $ign au refrain. Fire!, (Referee), Rewind et Loyal & Marie portent de leur côté dans l’écriture l’ombre de Frank Ocean.

Lorsque Dijon se met à hurler sur My Man, on pense en partie à certains passages vocaux du Prince des débuts. Et l’atmosphère n’est pas loin du premier album de Blood Orange. Reprenant le titre d’un morceau entendu sur le chef d’œuvre 1999, Automatic mêle rythme New Jack entêtant et synthétiseurs façon feu le Kid de Minneapolis. Kindalove conclut l’album, comme morceau de l’apaisement amoureux.

Dans les éléments de contrepoint au côté en partie soyeux de bien des chansons, on trouve aussi de malaisants effets de réverbération tout le long de l’album. Un album regardant dans le rétroviseur pour mieux détourner ses modèles ou dynamiter de l’intérieur ses morceaux.

Entre ombre de la Soul classique et un côté abrasif, Dijon appose encore plus avec Baby sa marque sur le terrain du versant expérimental du R&B, versant déjà occupé entre autres par un Anderson.Paak ou un Frank Ocean. Il viendra défendre son album au Bataclan en 2026.

Ordell Robbie

Dijon – Baby
Label : R&R – Warner
Date de publication : 15 août 2025

 

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