[Live Review] Rock en Seine Jour 5 au Parc de Saint-Cloud : on rebranche les guitares !

Une seule journée rock cette année, mais avec un plateau alléchant et presque trop riche comprenant son lot de vedettes établies, de nouveaux princes et d’espoirs à suivre. Un joli succès et de grandes performances de nos représentants hexagonaux !

Last Train 24.8.25 09
Last Train à RES – Photo : Laetitia Mavrel

Ça y est, c’est la rentrée, et comme toujours c’est Rock En Seine, devenu le passage obligé d’avant reprise du taf. C’est un peu la portion congrue cette année pour le fan de rock, avec ses centres d’intérêts quasiment intégralement regroupés sur le dimanche. Là où les années précédentes, la programmation était généralement équilibrée, et chacun pouvait trouver son bonheur sur les nombreuses scènes, et même découvrir des nouveaux talents et des nouveaux genres pour lesquels nous ne nous serions pas déplacés initialement, le festival a décidé cette année  de quasiment cantonner le rock à la seule dernière journée… A part Vampire Weekend et Khruangbin le jeudi, difficile en effet de trouver de quoi se sustenter parmi les têtes d’affiche des journées précédentes. Nous n’en sommes pas au niveau de la « glorieuse » année 2018, avec PNL en tête d’affiche, mais force est de constater que tous les groupes que j’avais envie de voir jouent le dimanche ! Et, bien entendu, avec leur lot de chevauchements inévitables, obligeant à bien étudier les horaires de passage pour pouvoir optimiser l’expérience. Wallows ou The Royston Club, les Limiñanas ou Suuns, Last Train ou Sharon Van Etten, sans parler des pauvres TVOD qui, dans un registre somme toute similaire, passent en même temps que Fontaines DC…  Il y a eu des choix déchirants, avec comme seul guide de privilégier ceux qui peuvent intéresser le plus notre lectorat, et puis aussi notre bon plaisir quand même ! Nous gardons un souvenir émerveillé de la journée du dimanche de l’édition précédente, la barre est haute mais la programmation est a priori à la hauteur des attentes.

S Kreusch 24.8.25 01

Avec l’objectif d’en prendre plein les mirettes et de rien rater, c’est donc à 13h pétantes que nous arrivons sur le site, avec déjà en vue, à 13h40, une première artiste dont on nous a dit beaucoup de bien : Sylvie Kreusch, qui démarre la journée sur la scène Revolut et sous un soleil de plomb. Musicienne belge, elle avait convaincu notre rédacteur lors d’une prestation à la Maroquinerie en décembre dernier. Son dernier album, Comic Trip, est paru en novembre 2024. Il sera la base du set de ce jour. Elle est à la tête d’un groupe au grand complet avec deux claviers choristes, basse, batterie et un batteur complété d’un percussionniste. Elle nous fait une entrée de star, en longue robe blanche froufroutante, quelque chose qu’aurait pu tenter PJ Harvey à la grande époque. Son style est la synthèse de plusieurs influences, un pop rock traditionnel mais avec une utilisation parcimonieuse des guitares, à part sur le morceau final Comic Trip, des morceaux (Walk Walk, excellent) avec un son au goût du jour, avec un univers visuel bien à elle et une sacrée énergie. Sweet Love nous a bien plu avec son piano initial, ainsi qu’un Daddy’s selling Wine in A Burning House acoustique. Très à l’aise sur scène, elle va se permettre une petite descente dans la fosse armée de son parapluie au milieu du set, et va le terminer avec une distribution de coussins argentés à son nom. La classe. Un excellent démarrage donc.

King Hannah 24.8.25 09

Nous choisissons de rester sur cette scène car le groupe suivant démarre immédiatement sa balance : La journée va se poursuivre avec King Hannah, que nous pourrions suivre partout. Hannah Merrick (Chant) et Craig White (Guitare), ont livré en 2024 avec Big Swimmer le meilleur album Americana d’un groupe anglais, devenu un vrai disque de chevet depuis. Le groupe a rencontré en 2024 un grand succès en France, avec une tournée qui ne s’est pas contentée des deux dates parisiennes, mais est passée également par Reims, Rouen, Dijon ou Nîmes, et il enfonce le clou avec les festivals de l’été en passant par Rock en Seine après avoir joué à Beauregard et aux Eurockéennes. Nous les attendons impatiemment, c’est peu de le dire. Hannah nous gratifie de sa traditionnelle robe, aussi rouge que celle de Sylvie Kreusch était blanche. Les comparaisons doivent s’arrêter là, car musicalement et scéniquement, l’opposition est frontale. Un morceau traditionnel de King Hannah commence généralement par une douce mélopée d’Hannah, souvent en « spoken word », avant une phase d’accélération et la prise de pouvoir de Craig White qui balance des déluges de guitare. C’est imparable, et le type a un son de dingue. Somewhere Near El Paso est choisi pour démarrer le set, la voix d’Hannah nous subjugue 3 minutes et les premières notes de guitare s’élèvent majestueusement. 8 minutes de bonheur total. Go-Kart Kid, tiré de l’album précédent, permet à Hannah de jouer un peu avec la foule sur ce titre hypnotique que n’aurait pas renié Mazzy Star. New York, Let’s do Nothing est plus rentre dedans, les attaques de guitare sont totalement jouissives, ce titre est énorme sur disque comme sur scène. Il n’y a donc pas qu’à New York qu’Hannah se sent bien, visiblement elle apprécie St Cloud aussi ! Le groupe va par la suite nous gratifier d’un nouveau morceau déjà interprété sur les dates précédentes : The Leftovers est tiré des sessions du dernier album, et en a toutes les caractéristiques avec un coté bruitiste assumé. Le court set de 40 mn ne peut pas se conclure autrement que par le fabuleux Big Swimmer, quintessence du style King Hannah. Quel pied !

Last Train 24.8.25 01

Dommage pour le set de Fat Dog qui enchaine sur la grande scène et dont vous pourrez lire le compte rendu ailleurs, et surtout pour Sharon Van Etten que nous adorons, nous restons bien placés devant la scène Revolut pour ne rien rater de Last Train. Nos Alsaciens préférés ont sorti cette année leur troisième album (III), et y ont encore consolidé une démarche radicale. Alternant les moments de calme et d’hystérie, des notes de piano suivies de guitares stridentes, le groupe joue une musique pour le moins intense, et Jean-Noël Scherrer leur chanteur n’est pas le dernier contributeur à la transe qui peut surgir de leurs prestations. Le groupe s’est fait rare depuis un Olympia sold out en 2023, à part pour une release party mémorable de leur nouvel album au Nouveau Casino, et nous sommes plus qu’excités d’entendre les morceaux de III sur scène, en préambule à une tournée automnale européenne qui s’achèvera par deux dates au Trianon en décembre. Scherrer va profiter de l’occasion pour nous informer, pas peu fier, qu’une date se rajoute au Zenith de Paris, la plus grande salle jamais bookée par Last Train. Après un set pareil, gageons que ca pourrait de remplir tranquillou. Jean-Noël a rappelé que le groupe a déjà joué à Rock en Seine il y a 10 ans aux Avant Scènes, et qu’ils jouent ensemble depuis le collège. Un groupe de copains, qui vont régulièrement se prouver des marques d’amitié : Bisous sur le front, regards d’encouragement, Jean-Noël et son incroyable guitariste Julien Peultier vont nous témoigner durant tout le set de leur complicité totale. C’est pas Jagger et Richards clairement (Ou Dave Navarro et Perry Farell !)

Last Train 24.8.25 06Last Train monte sur scène avec un bruit de battement de cœur, c’est bien sûr pour jouer sa doublette diabolique de III, Home et The Plan. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, la violence de Home et ses déflagrations de guitare peut rebuter, c’est tout sauf « grand public ». Scherrer démarre sa psalmodie avant que la première attaque de guitare fasse comprendre que ce concert va avoir son lot d’hystérie ! Way Out, tiré de Weathering, est comme toujours dans la setlist, avant la tuerie absolue qu’est On Our Knees au cours de laquelle le groupe va délivrer l’image qui restera de cette journée : Jean-Noël debout dans la foule, arborant fièrement sa guitare et continuant à en jouer. Un moment d’anthologie ! Après les grosses lignes de basse de Disappointed, This Is Me Trying, troisième extrait d’un nouvel album que nous imaginions avoir une place plus grande dans le set, est chanté par un Scherrer totalement possédé. Et puis nous avons droit à l’incontournable dernier titre qu’est The Big Picture. 10 minutes de bonheur total avec le public qui reprend en chœur « She’s a woman and so much more« , symbole de la consécration que Rock en Seine leur a accordé ce dimanche. Nous avons déjà nos places pour les dates du Trianon en décembre, promis, on vous en parlera…

The Royston Club 24.8.25 02

Après une telle prestation, forcément, cela va être compliqué de ne pas avoir une baisse de rythme. Direction la scène Horizons pour découvrir en live The Royston Club, un groupe gallois passé pour l’instant sous les radars en France, malgré une musique dont le potentiel commercial est évident, avec une influence notable de Radiohead pour les bons titres, et d’Inhaler pour les plus convenus. Le groupe vient de sortir Songs For The Spine, un album gorgé des morceaux qui semblent faits pour les festivals. Quelques facilités dans les refrains y côtoient des ballades sympas (Spinning notamment), le disque a un peu tourné dans la voiture pendant ces vacances estivales, et en live ça devrait être pas mal. Et, de fait, nous allons passer 40 minutes très sympathiques. Le groupe est bien en place, les guitares tranchantes mais surtout nous découvrons un sacré chanteur. Tom Faithfull sait tout faire avec sa voix, émouvante, puissante, toujours au service des morceaux, et ça tombe bien car les compositions sont alternativement tranchantes ou subtiles. Il va faire  l’unanimité autour de nous dans le public. Nous avons particulièrement apprécié les énergiques Glued to The Bed ou le single Shivers, mais aussi un 30/20 que les Strokes auraient pu écrire. Le groupe va terminer sur une jolie ballade, Cariad. Ils n’ont pas fait Spinning ce qui est dommage. Peut-être les 15 et 16 novembre au Supersonic Records ?

Stereophonics 24.8.25 25

Un groupe gallois taillé pour les festivals, on en connaissait déjà un qui fait ça depuis près de 30 ans, Stereophonics, et ça tombe bien, ils sont là ! Vous avez pu lire sur ce site ce que nous avons pensé de leur concert récent au Zénith de Paris, et nous nous attendons donc à une nouvelle démonstration de leur talent indéniable et de leurs compositions ultra efficaces. Stereophonics va jouer ses tubes, le nom de la tournée (« Stereophonics Stadium Anthems ») est plus que clair. Pour résumer, les fans ont adoré, les réfractaires – j’en connais – n’y sont pas allé, et les curieux ont trouvé le set sympa, comme l’est le groupe de façon évidente. Kelly Jones a toujours une voix faite pour le rock, et il démarre par Vegas Two Times. C’est parti pour une heure de tubes, extraits du nouvel album (There’s Always Gonna Be Something, réussi). Certains titres ont été trop écoutés (Have a Nice Day, personnellement, j’en peux plus), d’autres résistent bien (Maybe Tomorrow marche toujours). Au bout de 30 minutes, nous prenons la tangente car il faut faire des choix et l’appel de l’Irlande nous force à nous déplacer pour trouver une bonne place pour le concert suivant, notre premier sur la Grande Scène ce dimanche.

Nous ne sommes pas les seuls, car il y a un gros mouvement de foule pour aller écouter les patrons, LE groupe dont tout le monde parle, celui dont je peux parler avec mon neveu ou mon beau-fils, LE groupe qui actuellement fait se retrouver plusieurs générations et qui surtout permet de dire que le rock n’est pas une niche, et peut encore générer des artistes avec un succès commercial important. De fait, tout le festival semble s’être regroupé devant cette scène. Nous avions eu l’impression au début de la journée qu’il y avait peu de monde comparé aux autres éditions. C’était faux. La foule est impressionnante.

2025 08 24 Fontaines DC RES St Cloud LM

Fontaines D.C. a acquis en quelques années un statut impressionnant. Le groupe était à l’affiche du festival en 2022 au cours d’une journée Irlandaise avec Inhaler et Idles, ces derniers représentant à l’époque le futur évident étaient les seuls à bénéficier de la Grande Scène. 3 ans plus tard, il n’y a plus photo : Fontaines DC est devenu un monstre, a joué dans un Zenith sold out depuis des mois, et apparaît ce dimanche comme la vraie tête d’affiche de la programmation. Comment résumer cette prestation ? Carrée, pro, agréable, très appréciée, mais avec une setlist trop centrée sur le dernier album Romance qui est loin d’être leur meilleur. Le groupe a donc livré un set conforme à sa prestation récente au Zenith, faisant la part belle à un dernier album, dont pas moins de 8 titres ont été joués. Les deux premiers albums n’ont pas été totalement ignorés et nous avons même eu droit à un enchainement Boys in the Better Land/Televised Mind assez rapidement dans le concert. Nous avons nos doutes sur quelques morceaux de Romance (Toujours pas convaincu par Before You I Just Forget qui figure sur l’édition Deluxe de l’album) mais Here’s the Thing avait lancé les hostilités de façon efficace, Starbuster faisant un carton en rappel, après In the Modern World et le désormais incontournable I Love You. Des choix logiques finalement pour un groupe dont le succès est grandissant et qui privilégie les titres les plus récents, à l’opposé de la démarche passéiste de groupes établis. Romance peut être pour eux ce que A.M a été pour les Artic Monkeys : le passeport pour le succès mondial, et l’album charnière qui permet d’augmenter sensiblement la fan base tout en tentant de laisser à bord les fans de la première heure dont nous sommes. Donc j’aurais pu remplacer certains titres par un I Don’t Belong qui manquait, mais ce concert agréable est néanmoins passé dans un souffle, que nous avons mis à profil pour tenter d’imaginer ce que va être la suite, et de quel côté de la balance les futures compositions vont pencher.

Nous avons beaucoup entendu parler de Kneecap en préambule de cette journée, et Grian Chatten leur a dédié Favorite en soutien. Le drapeau Palestinien était bien visible dès le début du concert mais Chatten ne s’est pas contenté du service minimal, les « Free Palestine » étant sur les écrans géants avant que le drapeau ne remplisse tout l’espace pendant le refrain de I Love You, et que nous puissions découvrir un texte condamnant le génocide. Pas un concert politique au sens Massive Attack qui était un chouia pénible l’année dernière, mais une prise de position notable, compte tenu du nouveau statut du groupe. Au final, c’est le seul message délivré ce soir, et la seule interaction avec un public qui aurait pu apprécier une communion plus forte et semblait n’attendre que cela.

The Liminanas 24.8.25 02

La fin du concert à 20h40 est marquée par un déplacement de plusieurs dizaines de milliers de festivaliers, certains vers la sortie, et d’autres pour aller voir Suuns ou les Liminanas. C’est déjà moyen de programmer ces deux groupes en même temps, c’est encore plus limite de faire démarrer le set de nos Cabestanyencs préférés dès la fin du set de Fontaines DC. Résultat, près d’une demi-heure de manquée à marcher au coude à coude dans la poussière due à 5 jours de piétinements. Nous conseillons à nos lecteurs que cela pourra frustrer de se référer à nos chroniques récentes de leurs concerts à l’Olympia et au Festival Levitation. C’est d’autant plus dommage que la demi-heure de fin de concert était énorme, partagée comme à l’accoutumée entre titres garage et longues rêveries psychédéliques. Keith Streng, le légendaire guitariste des Fleshtones, est de la partie comme il l’était sur les dates récentes. Véritable guitar hero, il fait le show, ce qui n’est pas la spécialité première de Lionel et Marie qui restent statiques. C’est une découverte pour moi, ce qui est je vous le concède inadmissible vu le pédigrée du type. Cela tombe bien, les Fleshtones sont à Paris le 12 septembre, et nous serons au premier rang pour les suivre dans leur habitat naturel. Le chant est assuré par Tom Gorman ou Marie sur deux titres. Arrivés sur à temps pour le superbe Shadow People, nous avons au moins pu entendre les fameuses reprises dont nous avons beaucoup entendu parler, le TV Set des Cramps et surtout en final l’incroyable reprise de Suicide Rocket USA. Rendez-vous est pris en tout cas pour le prochain concert parisien, nous avons eu une sacrée impression de trop peu ce dimanche.

2025 08 24 QOTSA RES St Cloud LM (7)

Il est donc 21h50, la fatigue commence à se faire sentir, et nous commettons l’irréparable, moi et ma petite troupe, pourtant des fans absolus de Josh Homme et pas des perdreaux de l’année en ce qui concerne les concerts. Pour éviter le dernier mouvement de foule de la fin de concert, et avec le dos qui commence à donner des signes évidents de faiblesse, nous restons trop éloignés de la scène. De l’avis général à notre endroit, le son n’est pas bon, pas assez fort évidemment, avec une balance affreuse et nous entendons Josh Homme lutter sur sa voix au point où pendant No One Knows elle est méconnaissable. Rappelons qu’il sort d’un cancer et qu’on le sent diminué physiquement. La setlist est énorme, et comprend outre les tubes de Songs for the Deaf, 4 titres du formidable …Like Clockwork dont un enchainement imparable If I Has a Tail / I Sat by the Ocean. Make it wit Chu est dédiée aux travailleurs des Catacombes dans lesquelles le groupe vient d’enregistrer un E.P, et donne lieu à un final à rallonge pour permettre au Boss de pouvoir être à son meilleur sur Go With the Flow et A Song for the Dead. Rien n’y fait nous ne sommes pas dedans, pourtant situés au même endroit que pour LCD Soundsystem l’année dernière. Le son a-t-il été baissé pour permettre au voisinage de pouvoir dormir ? Inutile d’en rajouter vous l’avez compris, nous n’étions pas placés comme il le fallait pour apprécier ce concert. Des dates viennent d’être annoncées pour Octobre au Grand Rex (Là où le groupe avait accompagné Iggy Pop pour la tournée Post Pop Depression, un grand moment), et nous allons les considérer comme des sessions de rattrapage. Rendez-vous donc sur Benzine pour en reparler.

A 23h20, une longue journée s’achève. Des confirmations, des découvertes, des potes, des débats acharnés, de la fatigue, des légères déceptions, de la sueur et des décibels. Une nouvelle journée à Rock en Seine donc, rendez-vous toujours aussi incontournable.

Sylvie Kreusch :
King Hannah :
Last Train :
The Royston Club ! :  
Stereophonics :
Fontaines D.C. :
The Limiñanas :
QOTSA : pas de notation

Laurent FEGLY
Photos : Laetitia Mavrel

Rock en Seine – Journée 5 au Parc de Saint-Cloud
Production : Live Nation
Date : 25 août 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.