« Escape from the 21st Century » de Yang Li : frénésie, inventivité, mélancolie et tendresse…

Escape from the 21st Century, le premier film d’un jeune réalisateur chinois, Yang Li, est une véritable bombe formelle, un grand plaisir de cinéma / montagnes russes à la folle créativité, et c’est pourtant un très beau film qui construit des personnages passionnants et apporte une perspective mélancolique sur le temps qui passe. Quasiment un miracle !

Escape from the 21st Century
Copyright Charybde Distribution

Sorti il y a plus d’un an en Chine, et ayant fait le bonheur de plusieurs festivals depuis, Escape from the 21st Century est une petite bombe qui méritait largement une sortie en salle. Un condensé d’énergie qui compile tout ce que la pop culture peut avoir de plus vivace, et qui, sans jamais s’embourber dans ses références, tient une ligne de crête parfaitement cohérente.

Escape from the 21st Century afficheLe cinéma américain a exploité ce filon consistant à convoquer la pluralité des langages du divertissement de masse : Scott Pilgrim, Ready Player One ou plus récemment Everything Everywhere All at Once. Comme ce dernier, Escape from the 21st Century explose littéralement le cadre (le format change continuellement) pour suivre l’odyssée débridée de trois adolescents ayant la capacité de bondir de 20 ans dans le futur – et de revenir en arrière – à chaque éternuement. L’idée proprement loufoque annonce a priori un univers grotesque, dans les codes singuliers de la comédie asiatique, avec une propension cartoon délirante dans l’esprit d’un Shaolin Soccer.

Mais assez rapidement, le film exploite pleinement l’âge de ses protagonistes, adolescents inquiets sur leur avenir, pour travailler les questionnements sur le passage du temps, la confrontation à l’âge adulte, les renoncements et les accomplissements. Sans jamais perdre de sa vivacité, le film brasse ainsi l’action la plus échevelée, la romance contrariée dans un triangle amoureux douloureux, la quête identitaire et la solidarité du groupe. En 90 minutes d’une densité impressionnante, Yang Li (dont c’est le premier film) joue sur la variation des tons, s’appropriant aussi bien les délires de l’anime que les flous cinétiques et la voix off contemplative d’un Wong Kar-Wai.

Le montage, totalement frénétique, initie le spectateur au même rythme que les protagonistes, qui vont et viennent entre les époques, et dilatent le temps en fonction de leur actions, du combat au lyrisme, entre accélérations délirantes et ralentis démesurés. Les différentes tentatives pour modifier le futur (l’accident de vélo, par exemple) accentuent progressivement le découpage entre les différentes époques, et exigent une attention continue pour suivre un récit où les personnages se déplacent comme le feraient des boules de billard.

Mais cette frénésie n’oublie jamais le propos premier, un « coming of age » fébrile où la tendresse pour les personnages reste toujours intacte : la capacité du réalisateur à garder ce regard et cette mélancolie comme ligne mélodique principale, au gré de montagnes russes effrénées, confère au film une nostalgie qui lui permettra, au-delà de ces sauts en gambades temporelles, de rester dans les mémoires.

Sergent Pepper

Escape from the 21st Century (2024)
Film chinois de Yang Li
Avec : Ruoyun Zhang, Yang Song, Manzi Zhuyan…
Genre : Science-fiction, action, drame, comédie
Durée : 1h38
Sortie en salles : 27 août 2025

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