Vive collectionne les odeurs et les mots. Pourtant, dans le paradis de son enfance, elle est hantée par l’image d’un palmier malade qu’il a fallu abattre et elle perd bientôt le sommeil. Quel traumatisme enfoui est à l’origine de ses angoisses ? Un roman en forme d’album de souvenirs où progressivement la vérité se fait jour.

Le Palmier ou « Portrait d’une petite fille en puzzle ». Cette petite fille, c’est Vive. Son paradis, c’est le merveilleux jardin méditerranéen de ses parents, sous ces grands arbres que son père, parfumeur et collecteur d’essences rares, a rapportés des quatre coins du monde tandis que la petite fille, elle, collecte des mots nouveaux qu’elle consigne soigneusement dans un carnet. Il s’agit pour Vive d’apprivoiser le monde par le langage, et aussi de tenter de comprendre la signification de l’image qui l’obsède, celle de ce majestueux palmier dévoré par le charançon qu’on a dû abattre. Il faudra pour ce faire, dévider l’écheveau des souvenirs…
Chronique familiale et roman d’initiation, Le Palmier est un voyage poétique au pays de l’enfance, où se mêlent enchantement et effroi, une incursion en terres grassoises en même temps qu’une plongée dans les arcanes de l’écriture… Vive, un prénom solaire qui fleurant bon Giono et Béart, pour cette petite fille qui, sa chienne Jujube dans les bras, vit en communion avec la nature, entourée de parents aimants, de l’oncle Will, du voisin Oscar, de Fouad le jardinier, dans un univers peuplé des senteurs auxquelles son père l’initie. Elle souffre pourtant de crises de terreur qui, la nuit venue, la précipitent dans le lit d’Aimé ou de Dan, ses frères, ou dans celui de sa mère.
Quel drame enfoui se cache derrière de telles angoisses ? Quel secret dissimule ce palmier malade ? Madame Salomon, la « psychologue-policière » chez qui l’emmène son père, l’aidera-t-elle à remonter le fil de ses tourments et à l’en libérer ? Le roman se feuillette comme un album de souvenirs, déroulant les images d’une enfance lumineuse bientôt gagnée par l’obscurité et l’angoisse. Telle une enquête dont le sens se construit peu à peu, à la manière d’un puzzle, le roman, tout au long de ses quarante-et-un chapitres, égrène, au rythme des saisons, les découvertes qui rapprochent progressivement Vive de la vérité.
De son livre, Valentine Goby dit qu’il est « une plongée archéologique dans son histoire intime », au sein d’un monde où la beauté de la nature côtoie la violence des hommes. Avec une infinie sensibilité, elle nous fait pénétrer aux côtés de Vive dans les territoires secrets de l’enfance, nous fait partager son désir d’inventorier le monde par le langage, de se l’approprier, d’en décrypter les mystères. Ce fut, nous dit l’auteur, le chemin qui l’a elle-même conduite à l’écriture, et qu’elle emprunte ici pour, à partir de l’image persistante d’un stipe sectionné, reconsidérer son propre passé, « défroisser chaque pli de l’archive ».
Anne Randon