« Mortel Noël », de Denis Michelis : on ne choisit pas toujours sa famille

Une famille recomposée se retrouve pour fêter Noël dans un chalet isolé, mais l’adolescent de la famille se met à découvrir des choses suspectes. Denis Michelis s’amuse avec « Mortel Noël ». Il met en place un court roman plein d’humour noir et malin à plus d’un titre, dans les références qu’il convoque.

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© Jean Héliès

Oliver s’apprête à passer Noël en famille avec sa mère et Klaus le nouveau conjoint de sa mère. Un Noël dans un chalet perdu au milieu de nulle part, un des nombreux chalets dont dispose Klaus son beau-père. Pas franchement réjouissant à première vue pour un adolescent rebelle et blasé. D’autant plus que ce séjour, Oliver n’est pas près de l’oublier. Il va le raconter dans son journal intime tout au long de ce roman. Un choix narratif qu’a fait l’auteur pour retranscrire une tension et un suspense qui s’installent insidieusement.

couv mortel noelLe lecteur découvre à travers ce journal intime de troublantes révélations derrière ce Noël en famille d’apparence banale. Il y a Klaus tout d’abord, le riche beau-père qui veut absolument s’occuper de son beau-fils à sa façon et qui voit les relations se compliquer au fil des scènes. Il y a Amer, l’homme à tout faire du chalet qui a toujours une bricole à faire, et qui est en arrière-plan de ce beau Noël. La mère d’Oliver de son côté elle, est éperdument amoureuse de Klaus et fatigue un peu du comportement de son fils. Et enfin il y a la grand-mère, Hildegarde, la mère de Klaus, qui a l’air aussi tordu que son fils et qui s’immisce sans retenue dans sa nouvelle vie puisqu’elle est aussi présente lors de cette fête de Noël au chalet. Ajouter à cette belle galerie de personnages une disparition inquiétante, et le tableau est complet. À ce stade ce serait dommage d’en dire plus pour ne pas gâcher les mécanismes que Denis Michelis met en place dans ce court roman.

L’auteur comme à son habitude s’empare d’un genre pour le détourner avec malice. On est dans un roman à énigme, avec un adolescent réfractaire et à la répartie cinglante. Le personnage principal d’Oliver permet à Denis Michelis d’adopter un regard acerbe sur ces congénères et en même temps lui permet de retranscrire ce qui se trame dans ce chalet (avec ce singulier journal intime).

Oliver tente de donner du sens à son séjour en famille, mais n’est pas au bout de ses surprises. L’auteur se régale à faire écrire le journal de cet adolescent et ça se sent. Il fume un peu, est blasé par les comportements des adultes jusqu’à ce qu’il se rende compte que les comportements en question sont vraiment suspects. Denis Michelis en profite pour glisser cet humour grinçant que l’on retrouvait déjà dans ses précédents livres. Et encore une fois cela fonctionne avec quelques passages d’anthologie dans lesquels Oliver se lâche dans des joutes oratoires avec sa mère ou son beau-père. C’est cruel pourtant, car le pauvre Oliver ne sera pas toujours dans la provoque et son caractère bien trempé ne la protégera pas de tout.

De petites références finissent de brouiller les pistes au fil de l’intrigue, comme lorsque le jeune homme décide de s’acheter un recueil de contes dans un kiosque du coin et que les contes en question, font étrangement écho à ce qu’il vit avec sa famille dans ce fameux chalet. Mortel Noël est un petit roman qui se dévore et dans lequel on ne s’ennuie pas un seul instant. Malin.

Sébastien PALEY

Mortel Noël
Un roman de Denis Michelis
Les Éditions Noir sur Blanc

143 pages – 15 euros
Date de parution : 2 octobre 2025

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