[Live Review] The 5.6.7.8’s et The Fran-Tones à Petit Bain (Paris) : le retour des filles du Blue Leaves

Elles n’ont pas vieilli, ou si peu : le girl band tokyoïte de Kill Bill a fait danser Paris au son d’un rock garage intemporel, drôle, un peu foutraque – et diablement attachant.

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The 5.6.7.8’s à Petit Bain – Photo : Eric Debarnot

The 5.6.7.8’s, c’est un groupe que vous pensez ne pas connaître, mais que, en fait, vous connaissez très bien : vous seriez même probablement capable de chanter une de leurs chansons. Elle s’appelle Woo-Hoo, et elle s’est logée définitivement dans votre cortex quand vous avez vu Kill Bill Vol. 1 de Tarantino. Oui, The 5.6.7.8’s, c’est le « girls band » tokyoïte qui joue dans The House of Blue Leaves juste avant le massacre des Crazy 88 !

Et, vingt-deux ans plus tard, le trio féminin de rock’n’roll teinté de garage rock, désormais constitué de Yoshiko « Ronnie » Fujiyama, Sachiko Fujii et Akiko Omo, joue à Petit Bain devant une foule passablement excitée. Nous y sommes, ayant manqué leur précédent passage dans la capitale, remontant – sauf erreur – à 2017, il y a 8 ans.

025 11 01 The Fran-Tones Petit Bain (5)20h00 : mais The 5.6.7.8’s ne sont pas la seule friandise de la soirée, puisque, en première partie, nous avons droit au surf rock virtuose et énervé de The Fran-Tones. Là encore, un nom qui ne vous dira rien, mais vous les connaissez peut-être déjà sous le nom de leur précédente incarnation, dans une formation un peu différente : The Wave Chargers. Sur scène, on retrouve en effet Francis au chant et à la guitare et notre Lou nationale – qui a œuvré avec The Darts, rappelons-le – ainsi que l’épatante danseuse de twist qui venait rajouter de la joie de vivre sur certains morceaux des Wave Chargers. Pas de dépaysement non plus avec la musique : quarante minutes de surf rock millésimé, du rock’n’roll classique ou virant au twist effréné, le tout joué à deux guitares (mais sans basse désormais) avec une virtuosité technique ébouriffante. Quarante minutes d’allégresse générale, qui nous rappellent que le bonheur, c’est tout simple, quand on en revient au « rock des origines », surtout interprété avec énergie et classe, comme c’est le cas avec The Fran-Tones.

Il est simplement dommage – mais peut-être inévitable quand l’excitation monte – que quelques trublions (féminins, cette fois, ce qui est inhabituel) soient venus perturber la bonne humeur des premiers rangs, l’une allant jusqu’à frapper un spectateur pour lui prendre sa place. Intervention rapide du service d’ordre, et après vérification de la nature de l’incident sur l’enregistrement vidéo de la salle, la fautive sera expulsée. Tant pis pour elle, et bravo au sérieux de l’équipe de Petit Bain, qui aurait pu décider, sans vérifier les faits, que le coupable était le garçon.

2025 11 01 The 5678s Petit Bain (1)21h05 : nos trois visiteuses japonaises sont là, et même si les années ont passé et ont changé un peu leur look – sans même parler du fait qu’Akiko, la bassiste, n’était pas dans Kill Bill –, on voit immédiatement que The 5.6.7.8’s reste un groupe très garage punk dans son esprit. C’est-à-dire avec une préférence claire pour les rythmes qui font danser, les paroles simples et imagées, et la volonté de faire se trémousser la totalité du public de Petit Bain. Sans risque de voir The Bride gâcher la fête avec son sabre tranchant.

Bon, soyons sincères, les deux ou trois premiers morceaux se révèlent inquiétants, la technique à la guitare de Yoshiko laissant un peu à désirer, surtout comparée au festival auquel nous avons eu droit précédemment. Mais Yoshiko va trouver ses marques, et faire rugir sa Teisco à un niveau sonore inhabituel, pour notre plus grand bonheur… À moins que ce ne soit tout simplement nous qui ayons succombé au charme foutraque de ces chansons faciles à reprendre en chœur et de ces reprises de morceaux classiques que nous connaissons tous…

2025 11 01 The 5678s Petit Bain (7)C’est sur des riffs garage, sur des reprises de standards ou sur des chansons originales mais ouvertement inspirées de Chuck Berry, Bo Diddley ou Link Wray (mais mâtinées de musique espagnole comme Granada Fuzz), que nous allons danser pendant une bonne heure et demie, jusqu’à enfreindre le couvre-feu. Nous allons chanter (enfin, on se comprend…) des paroles qui célèbrent Mothra (le lépidoptère géant mais bienveillant de la saga Godzilla) ou Dororo, un personnage aimé du génial mangaka Tezuka, et nous allons surtout pousser des cris perçants avec les filles, faire plein de bruits rigolos avec elles (…un peu comme avec les B-52’s à leurs débuts !). Bref, nous allons passer un très bon moment.

Et c’est là que débarque… Miss Ludella Black, légende du garage rock britannique avec The Delmonas, puis les « célèbres » (pour les connaisseurs du genre) Thee Headcoatees : elle a travaillé avec The 5.6.7.8’s sur Beat Girl, leur dernier EP, et vient, comme invitée surprise, interpréter les quatre titres de cet EP, plus une reprise bien sentie des Delmonas. Sur Kid, des Pretenders, sa participation tourne malheureusement au fiasco, tant elle a du mal à rester juste vocalement. Elle réapparaîtra à la fin du set pour l’incontournable Peter Gunn Locomotion, même si l’ajout d’un guitariste invité (on n’a pas compris s’il s’agissait là justement du guitariste des Delmonas !) gâchera notre plaisir, tant le pauvre n’arrive pas à rester dans le tempo !

Malgré ces cafouillages, le concert se terminera après avoir largement dépassé l’horaire prévu, Yoshiko descendant faire une démonstration de guitare au milieu de ses fans ravis – ce qui nous permet de constater qu’elle ne doit pas dépasser les un mètre cinquante sans ses talons hauts. Elle semble en tout cas avoir le plus grand mal à quitter la scène !

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Une fois encore, alors que nombreux sont les jeunes groupes qui persistent à faire la tronche (comme on nous a raconté que ça avait été le cas avec Bar Italia il y a quelques jours), cette jolie soirée a été la démonstration que l’on peut jouer une musique sauvage en s’amusant et en faisant de l’humour !

Du coup, puisqu’on a échappé au bain de sang tarantinesque, on se promet qu’on sera là au prochain passage de The 5.6.7.8’s à Paris, même si c’est dans 8 ans.

The Fran-Tones :
The 5.6.7.8’s :

Eric Debarnot

The 5.6.7.8’s à Petit Bain
Production : Rockin’ Dogs
Date : le samedi 1er novembre 2025

1 thoughts on “[Live Review] The 5.6.7.8’s et The Fran-Tones à Petit Bain (Paris) : le retour des filles du Blue Leaves

  1. Petite correction : le dernier passage de The 5.6.7.8’S à Paris fut dans cette même salle en juin 2017. Je n’y étais pas mais un ami oui. Bien à vous.

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