[Live Review] Wet Leg et Faux Real à l’Olympia : examen réussi !

L’Olympia sold out accueille les Anglaises de Wet Leg pour confirmer leur succès grandissant dans l’Hexagone. A la fin du set, il n’y a plus de doute : Wet Leg n’est pas un feu de paille, et il faudra s’habituer à la bouille de sa chanteuse Rhian Teasdale.

Wet Leg Olympia Jean Ox 02
Wet Leg à l’Olympia – Photo : Jean Ox 02

Il se passe indéniablement quelque chose avec Wet Leg. Le groupe s’est fait connaitre en 2021 principalement par un single très malin, Chaise Longue, qui s’est avéré être un joli succès indé, et avec un album qui pour le coup était un peu inégal, mais gorgé néanmoins de tubes pop imparables. Largement de quoi anticiper un effet de mode et une hype qui pouvait s’éteindre rapidement. Le deuxième album était attendu au tournant, et il a surpris. Porté lui aussi par un tube évident, mangetout, il est nettement plus solide, et a permis au groupe d’amplifier significativement son audience, la preuve en étant la difficulté pour les étourdis de trouver des places pour ces deux soirées complètes à l’Olympia. Cette montée en puissance s’est accompagnée de celle de Rhian Teasdale qui a pris tourte la lumière sur elle. Le groupe est toujours mené par le duo Rhian Teasdale/Hester Chambers, mais cette dernière a décidé de rester dans l’ombre et de laisser sa comparse occuper le devant de la scène, comme sur la pochette de moisturizer. Les échos de la première date parisienne sont excellents, allons donc voir le phénomène de plus près pour vérifier si ces titres malins passent ou non sans encombre le test de la scène.

Mais pour cela, il faut déjà passer l’épreuve de la première partie, et ce n’est pas facile puis qu’il s’agit de Faux Real, un duo franco-américain composé de Elliott et Virgile Arndt, deux frères qui font dans une sorte d’electro pop funk avec moultes synthés, kitch revendiqué, et shows déjantés du fait de leurs chorégraphies complètement déconnantes et étranges. A priori pas grand-chose à voir avec la tête d’affiche donc. C’est musicalement tellement à l’opposé de mes goûts que j’ai l’impression que c’est une provocation pour tester mon empathie. Mais, s’il faut leur reconnaître un point commun avec Wet Leg, c’est finalement leur coté fun. Habillés tout en blanc, bien entendu sans aucun musicien pour les accompagner, une bande instrumentale suffisant, ils se retrouvent dans la fosse au bout de trois minutes (et y retourneront à la fin), et ils mettent une sacrée ambiance avec leur loufoquerie. Cela serait compliqué de supporter Faux Real trop longtemps, mais la demi-heure est passée vite. Inutile néanmoins de me proposer d’aller les voir en tête d’affiche.

Wet Leg Olympia Jean Ox 01Après les 20 minutes habituelles d’entracte , c’est à un peu plus de 21h que Wet Leg investit la scène. Comme prévu, Hester Chambers se tient au fond, et Rhian Teasdale investit le centre, alors que résonnent les premières notes de catch these fists qui ouvre le concert. Le son est énorme et le groupe joue sous une épaisse fumée, ce qui nous empêche de voir le batteur, mais doit satisfaire Hester qui est, pour le coup, bien planquée. Nous distinguons donc surtout des silhouettes devant lesquelles se détache Rhian. D’emblée c’est l’assurance du groupe qui saute aux yeux : Rhian a une présence folle, et il n’y a que Shirley Manson à dégager actuellement un tel charisme, qu’elle déploie plus en chantant qu’en s’adressant au public. Le musculeux bassiste Ellis Durand se fait bien entendre, et sera pendant toute la soirée l’un des principaux artisans du son.

Vont suivre trois titres du premier album, le tube Wet Dream, Oh No et Supermarket, moins convaincants à mon goût et qui tendraient à confirmer la moindre qualité de ce premier effort : c’est donc un léger ventre mou du concert qui arrive plus tôt que d’habitude, mais qui va être oublié dès liquidize qui est une composition remarquable, très indie rock 90’s à la Breeders/Pixies. Rhian va confirmer sa métamorphose en bête de scène sur le non moins parfait jennifer’s body, et Durand illuminera le très court mais méga efficace Being in Love, ainsi que Pond Song. Pendant l’enchainement don’t speak/davina mc call, nous comprenons que c’est probablement la dernière fois que nous voyons le groupe dans une salle comme l’Olympia : le passage au Zenith se rapproche. Un mot sur le public, un joli mix de cinquantenaires fans d’indie rock et beaucoup de jeunes qui chantent, ce qui fait toujours plaisir quand il s’agit de rock à guitares.

Wet Leg Olympia Jean Ox 03Le son va singulièrement se durcir pour la fin de concert, et un titre comme pillow talk voir le groupe dépasser l’indie rock pour aller vers quelque chose à la limite du stoner. A l’heure où les Queens of the Stone Age font des tournées acoustiques, Wet Leg reprendrait-il le flambeau ? C’est assurément exagéré, mais ce titre live montre bien les possibilités qui s’ouvrent au groupe pour le futur. Nous aurons la même impression avec un Angelica bien agressif, suivant u and me at home, qui confirme sur scène tout le bien que nous en pensons, le refrain est nickel en tout cas pour chanter tous ensemble. Le groupe a gardé naturellement pour la fin Chaise Longue et mangetout, encadrant CPR. Rien à dire, mangetout est un tube irrésistible, et la parfaite conclusion d’un concert qui aura répondu aux attentes.

1h10, 20 titres, Wet Leg aura quasiment interprété l’intégralité de sa discographie, sans rappel, avec une attitude et une énergie qui auront séduit le public. Rien de révolutionnaire bien sûr, ce n’est pas ce que nous attendions, mais oui il faudra compter avec Wet Leg dans les prochaines années. Le groupe va avoir la pression pour profiter de l’élan acquis, et ne pas attendre trois ans pour composer le petit troisième.

NB : Pour ceux qui voudraient prolonger le moment, le groupe était également ce jeudi l’invité de Michka Assayas pour un Very Bad Trip qui lui était consacré.

Faux Real :
Wet Leg :

Laurent Fegly
Photos : Jean Ox (merci à lui !)

Wet Leg et Faux Real à l’Olympia
Production : Alias
Date : le jeudi 30 octobre 2025

2 thoughts on “[Live Review] Wet Leg et Faux Real à l’Olympia : examen réussi !

  1. Alors, jétais curieux de lire un report d’une autre personne tellement la déception était forte:
    J’en aurais écrit un complément à l’opposé !

    Après avoir découvert Wet Leg en concert au Point Éphémère en mai 2022 ! (Déjà !) je m’étais dis que ce groupe irait loin, que j’avais vécu un moment historique. Je voulais les retrouver ce lundi 27 octobre à l’Olympia, 3 ans après. Je paye ma place full tarif.
    Je suis d’accord avec plusieurs point : Rhian Teasdale occupe un place centrale et dégage un charisme, -une sexualité, de dingue. J’ai l’impression aussi de voir Kim Deal des Breeders ou Peaches sur scène.
    En 2022, elle était encore réservée, timide, mais témoignait déjà d’une grande confiance et d’une aura exceptionnelle. Aujourd’hui c’est trop. Elle étouffe le reste de la scène, littéralement plongée dans la fumée ( autre point d’accord).
    Il y a elle, et rien d’autre, un nuage de fumée pour masquer les gênants.
    Quand à son virage woke/tatouée, en femme bodybuildée aux bras pas rasées, pourquoi pas. Mais ça sent juste l’opportunisme et le virage hype comme Christine and The Queens l’a fait avec Red Car, ou la crise d’ado à retard. Dans tous les cas j’ai trouvé cela gênant tout comme leur campagne visuelle pour leur nouvel album Moisturizer. Cette nouvelle image reflète un ego trip ou la métamorphose d’une femme en une sorte de trend bankable.
    De ce petit groupe attachant issu du Royaume Unis qui sentait bon l’esprit rock alternatif British, tweed et audace, limite maliceux avec cette jeune femme intrépide, il reste un espèce de produit marketing aux cheveux roses et au dress code provocateur, a 2 doigts du kitch. Public jeune, woke, LGBT vous êtes les cibles.
    La musique ?
    Quand un jeune groupe commence à avoir son public qui clape des mains et chantonne ses chansons, vient autant pour le costume que la musique, je me dis que c’est terminé, ce n’est plus pour moi.. je me casse donc après 30 minutes:
    De toute façon je ne vais avoir aucune surprise, ni émotion à rester plus longtemps.
    -Et on ne va pas parler de Faux Réal, même à l’Eurovision on est moins gêné. Encore une fois un groupe LBGT funny friendly, mais inutile. Bon. On aurait espéré une pépite en découverte.

    1. Sur l’aspect musical : On a souvent du mal à accepter la transformation du groupe indé qu’on aime en machine grand public qui joue dans des salles plus grandes devant un public qui se transforme. Ca a pu être le cas avec Artic Monkeys ou plus récemment Fontaines DC. On sent en effet que c’est ce qui est en train de se passer avec Wet Leg. Pour ma part, je suis plutôt content quand un groupe de rock à guitares arrive à trouver son public, surtout après un album aussi bon. On verra si cela transforme Wet Leg dans les prochaines années mais pour l’instant, tout va bien il me semble. Et si le public veut chanter certains titres et se lever pour les tubes, je ne vois pas bien le problème.
      Pour le reste, notre ligne éditoriale est de parler de musique, je préfère ne pas revenir sur vos obsessions anti woke et LGBT et sur votre approbation manifeste du physique de Rhian Thiesdale, commentaires que je trouve particulièrement inappropriés.

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