Mini-série coproduite par Arte comptant le cinéaste espagnol Rodrigo Sorogoyen parmi ses créateurs, Los Años Nuevos débarque sur la chaîne de télévision française. Un homme. Une femme. 10 réveillons du Nouvel An. Pour un résultat devant son caractère attachant à ses deux interprètes principaux.

Montrée à la Mostra de Venise en 2024, Los Años Nuevos est une mini-série coproduite par Arte créée par le cinéaste espagnol Rodrigo Sorogoyen avec Sara Cano et Paula Fabra, Sorogoyen réalisant certains épisodes. Autre lien avec le 7ème Art : dans Septembre sans attendre de Jonàs Trueba, le personnage campé par Itsaso Arana visitait le plateau de tournage de la série.
Ana (Iria Del Río) est née un 1er janvier 1986, Oscar (Francesco Carril) un 31 décembre 1985. Ils se rencontrent un 31 décembre 2015. Chacun des 10 épisodes suivant leur destinée se déroule à la transition entre deux années.
La série fonctionne d’abord au charme et à l’alchimie face caméra de ses deux interprètes principaux : Iría Del Rio vue dans la série policière Antidisturbios -crée par Sorogoyen et Isabel Peña-, Francesco Carril collaborateur régulier de Jonàs Trueba. La mise en scène participe aussi du côté attachant de la série : pas forcément extraordinaire, elle sait cependant créer un sentiment de proximité émotionnelle avec les personnages. Il est en revanche possible d’être dubitatif face à la répétition du parti pris des personnages commentant un autre couple filmé en silence/regard caméra.
Si le choix des anniversaires du duo a un côté décoratif – ils ont le même âge le jour de l’an -, on voit en revanche l’efficacité narrative du principe de situer chaque épisode un 31 : concentrer les enjeux du récit et les évolutions des rapports du duo autour d’une seule journée, un seul évènement, au moment emblématique de la fin d’année.
Sur les trois premiers épisodes, il est possible de s’agacer de voir le scénario créer de l’événement d’une manière systématiquement négative. Composé d’une longue discussion de table sur le couple remarquablement orchestrée par le montage, l’épisode 4 balaie les réserves.
L’épisode 5, celui du réveillon à Berlin, fait partie des épisodes marquants. Vélo, moustache, et une amie du couple installée en Allemagne rappellent que la série se situe dans un milieu qualifiable d’hipster. Si l’épisode a été tourné dans le discothèque berlinoise le Trésor, la soirée de réveillon renvoie à un autre club berlinois mondialement connu : Berghain, temple techno célèbre pour ses queues interminables, son physionomiste redouté et son interdiction de prises de photo. En dépit d’une discussion lynchienne avec un employé pas totalement réussie, l’épisode touche dans son récit de couple en crise.
L’épisode 6 est un autre grand épisode. Situé lors du confinement, il raconte comment porter secours est l’occasion d’une rencontre amicale d’un soir permettant à Oscar de digérer ses blessures intimes. L’épisode 7 lyonnais n’est lui pas déplaisant mais on pourrait le surnommer « Il n’y a pas qu’Hollywood pour (un peu) caricaturer » : une grande bourgeoise engueulant une Ana devenue livreuse, un automobiliste lyonnais copie conforme du cliché du « Français râleur ». Avant un retour en Espagne achevant la série de façon ouverte, forcément ouverte.
La BO de Los Años Nuevos brasse le flamenco/rhumba très populaire en Espagne (Los Chunguitos), la pire variété française (Dalida), le Rock indépendant ibère (McEnroe), et le versant le plus commercial de The Rapture (How deep is your love ?). Mais la série pourrait être qualifiée de bon album de variétés fonctionnant malgré quelques facilités.
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Ordell Robbie
