Toujours efficace, mais moins inspirée, la série de Deborah Cahn abandonne régulièrement la tension du thriller pour se concentrer sur les tourments conjugaux de Kate et Hal. Un virage risqué pour The Diplomat…

Ce n’est jamais agréable à écrire. Surtout quand il s’agit d’une série qui nous avait bluffés avec sa première saison, dans une veine idéalement “sorkinienne”. Mais The Diplomat se révèle de moins en moins exceptionnelle à chaque nouvelle saison. Ce qui ne veut pas dire que la série de Deborah Cahn ne soit pas une « bonne série », ni surtout qu’elle ne nous réserve plus de moments aussi stupéfiants dans cette dernière volée de huit épisodes. Au contraire même, car les retournements de situation, à la fin du premier épisode (Emperor Dead) comme à la toute conclusion du huitième (Schrödinger’s Wife) – mais il y en a encore une paire d’autres qui nous « saisissent » entre-temps – dénotent une efficacité d’écriture peu commune. Et puis, rassurons tout le monde, le « walk and talk » à la Sorkin reste superbement exécuté dans la majorité des cas…
… Quel est le problème, alors ? Certes, la situation de Kate Wyler (Keri Russell, qui semble être née pour ce rôle d’ambassadrice US brillante) et de son mari Hal (Rufus Sewell, toujours aussi diaboliquement charmant et manipulateur) a radicalement changé à la suite du cliffhanger de la seconde saison. Pourtant, on continue de vivre les conséquences politiques de l’événement « fondateur » de l’histoire, l’attaque du navire anglais par des éléments hostiles inconnus… alors qu’on aimerait désormais que les personnages que l’on connaît et aime (ou déteste, pour certains) aient à affronter de nouveaux défis. Sans doute est-ce là notre propre nostalgie de l’effervescence scénaristique de l’indépassable The West Wing, mais on a régulièrement envie de crier : « bon dieu, quand est-ce qu’on peut passer à autre chose ? ».
Et ce d’autant que l’aspect « thriller » de l’intrigue est désormais abandonné en faveur de mécanismes classiques du soap opera. Le plus gros sujet de ces huit épisodes est celui de la résistance du couple Kate-Hal à toutes les pressions, internes comme externes, qui s’exercent sur lui : crises politiques, ambitions personnelles conflictuelles, amants pour Kate, etc. Ce n’est pas complètement inintéressant, mais c’est un peu court, non ? C’est donc toujours avec soulagement que l’on accueille un nouveau retournement de situation chaque fois qu’il se produit, remettant une pièce dans le jukebox des enjeux politiques impossibles à affronter.
Bref, une troisième saison en demi-teinte, qui reste heureusement assez divertissante – et excitante parfois – pour qu’on ait envie de continuer, au moins pour une quatrième. Signalons toutefois que le meilleur de ces huit épisodes tourne autour du personnage à la fois drôle et émouvant de Todd Penn : Bradley White est vraiment excellent, en particulier dans le sixième épisode (Amagansett), qui est certainement le sommet de la saison. Et si le fait qu’il était jadis l’un des acteurs clés de The West Wing n’était pas une coïncidence ?
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Eric Debarnot
