Un redoutable chasseur sanguinaire et sa troupe de joyeux lurons sillonnent le monde pour déjouer des complots et dans cet opus, il est question d’un certain Adolf Hitler en roue libre, rien que ça. « Noir comme l’enfer » est déjà la onzième aventure du Bourdon Kid et c’est toujours aussi efficace malgré quelques répétitions inévitables au fil des romans.

Tout débute lorsque trois jeunes femmes sont kidnappées dans la petite ville de Désespoir, et à la grande surprise des services de police, l’ADN retrouvé non loin de l’endroit où elles ont été kidnappées, correspond à celui de Jack l’éventreur. L’homme est retrouvé, mais il disparaît mystérieusement à la vue de tous. Commence alors une enquête difficile pour les services de police qui vont avoir besoin d’un coup de main. Et évidemment le Bourdon Kid et sa bande sont les personnes idéales pour faire avancer les choses et donner ce coup de main salvateur.
J’ai découvert plus jeune le Bourbon Kid avec Le livre son nom, un pur roman noir complètement déjanté avec un personnage qui a des accès de violence lorsqu’il boit du bourbon. Le Livre sans nom (le tout premier tome) faisait penser au film de Tarantino avec des passages très visuels, un humour noir sans limite et de la castagne à répétition. Avec Noir comme l’enfer je retrouve le Bourbon Kid des années plus tard et surtout onze aventures plus tard. Il ne faut pas s’attendre à des envolées lyriques dans les romans d’Anonyme (un auteur qui n’a jamais révélé sa vraie identité et qui joue beaucoup là-dessus), mais plutôt à des passages complètement déjantés et à un rythme effréné dans le récit. Les dialogues fusent tout comme les vannes. Parfois c’est lourd, parfois c’est bien vu, mais dans tous les cas on sait que l’on y va tout droit et qu’il faut enclencher le huitième degré lorsque l’on débute une aventure du Bourdon Kid.
L’écriture est donc très visuelle avec des scènes où ça canarde dans tous les sens, avec l’hémoglobine associée et des cascades plus ou moins réalistes. Du pur divertissement qui ne se renouvelle pas forcément beaucoup d’un opus à l’autre, mais qui fait passer un bon moment au lecteur avec quelques clins d’œil à des situations de la vie réelle (et quelques clins d’œil aux livres précédents du Bourdon Kid pour celles et ceux qui connaissent la saga). Comme lorsqu’il est question dans Noir comme l’enfer d’Adolf Hitler qui est un des personnages de l’histoire. Ajoutez à cela une femme-robot inspirée d’un des personnages des Dead hunters (la bande des chausseurs) et qui fait des braquages, et vous pouvez embarquer dans l’univers d’Anonyme.
Globalement c’est un plaisir de retrouver le personnage du Bourbon Kid et sa bande, les fameux Dead hunters. Des chasseurs redoutables qui peuvent s’en prendre à toutes les créatures fantastiques qu’ils sont amenés à rencontrer et qui sont prêts à tout pour se protéger les uns et les autres. On lit assez vite le bouquin, c’est absurde et déjanté, ça ne se prend pas au sérieux sans forcément que cela devienne forcément une lecture marquante une fois le livre refermé. À bien y regarder, ce n’est pas si souvent que l’on retrouve des romans noirs dans un style Tarantino avec autant de dérision et avec cette touche de fantastique. À noter que lorsque vous connaissez les aventures précédentes des personnages, cela donne aussi une tout autre saveur au roman (notamment lorsque l’on connaît l’historique des personnages, que ce soit Flake, Sanchez et son bar le Tapioca ou encore Elvis).
Sébastien PALEY
